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Humanitaire : les bailleurs tournent-ils le dos au Sahel ?
Publié le samedi 27 juin 2020  |  Azalaï-Express
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© Autre presse par DR
Les déplacés du centre qui sont réfugiés dans un campement à Senou
Les déplacés qui ont fui les violences du centre pour se réfugier dans un campement à Senou.
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La conférence des bailleurs sur le Sahel initialement prévue le 18 dernier a été reportée alors que des millions de personnes attendent de l’aide. Il aura pour conséquence d’aggraver la vulnérabilité de celles-ci. Donc, ce report représente un risque énorme pour les actions humanitaires dans la zone, alertent des Organisations internationales.

Face à la situation, 5 organisations internationales dans un communiqué conjoint s’indignent et alertent sur les conséquences de cette décision. Il s’agit de Action contre la Faim (ACF), CARE International, Norwegian Refugee Council (NRC), OXFAM et Save the Children.

Dans le communiqué, elles alertent sur les conséquences de cette situation alors que le contexte dans le Sahel n’a jamais été aussi inquiétant. La covid-19, le début de la période de soudure, une « pandémie de la faim » sont notamment des situations qui ont fragilisé cette région confrontée à d’énormes défis.

La zone est également fortement éprouvée par de multiples crises. Selon les chiffres, 24 millions de personnes (y compris des enfants), un nombre sans précédent, ont déjà besoin d’une aide humanitaire urgente, indiquent les organisations.

Elles déplorent que les bailleurs pour le sahel reportent leur conférence alors que la faim n’attend pas. « La communauté internationale ne peut pas abandonner le Sahel au moment où les populations ont le plus besoin d’aide, nous sommes à un point de rupture », interpellent les organisations. En effet, le report de cette conférence va retarder le financement des initiatives humanitaires alors que les besoins explosent. Surtout qu’à la moitié de l’année 2020, les plans de réponse humanitaire au Sahel restent financés seulement à hauteur de 26 % ou moins, s’indignent-elles. Déjà, en 2019, seule la moitié des financements nécessaires avaient pu être mobilisés, affirme le communiqué conjoint.

Sans financement, il sera impossible de mettre en œuvre les différentes actions d’assistance des personnes en situation vulnérabilité, notamment. De nombreux parents des pays du Sahel sont désœuvrés à cause de la pandémie. Conséquence, ils peinent à trouver le moyen à assurer la prise en charge alimentaire de leurs enfants. À Kaya, au Burkina Faso, des personnes déplacées internes ont manifesté en avril dernier devant la mairie pour appeler à l’aide. La situation est d’autant plus dramatique pour les femmes, qui se privent de manger pour sauver leurs enfants, dont l’état nutritionnel pourrait rapidement se dégrader.

Pour les organisations signataires dudit communiqué conjoint, les bailleurs ne doivent pas être indifférents à ces cris de détresse, d’impuissance de la part de la population. C’est pourquoi la communauté internationale doit soutenir les efforts déjà engagés par les pays du Sahel en réponse aux multiples défis auxquels ils font face. En 2020, selon OCHA, 2,8 milliards de dollars sont nécessaires au Sahel pour apporter une aide vitale à 24 millions de personnes. À cela s’ajoutent les 638 millions demandés pour la réponse à la pandémie de covid-19.

Donc, pour les ONG, le contexte ne sied pas pour les bailleurs de tourner le dos au Sahel.

Hamadoun MAHAMANE
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