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Bilan macabre courant 2020 : 580 personnes tuées au Centre du Mali
Publié le lundi 29 juin 2020  |  Le Pays
Attaque
© Autre presse par DR
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Les violations des droits de l’homme au centre du Mali, dans la région de Mopti, inquiètent les défenseurs des droits de l’homme. Ils demandent aux autorités maliennes l’ouverture rapide des enquêtes afin de vaincre l’impunité.

Depuis le début de l’année 2020, au total 580 personnes sont mortes dans les violences au centre du Mali, a indiqué la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’Homme, Michelle Bachelet, le vendredi 26 juin 2020. Elle appelle les autorités maliennes à ouvrir rapidement « des enquêtes approfondies, impartiales et indépendantes » sur ces violences.

Selon la haute-commissaire, ces incidents contre les civils interviennent dans un climat de « détérioration de la situation en matière de sécurité et l’impunité généralisée qui sapent les efforts de protection des civils ».

Michelle Bachelet va plus loin. À l’en croire, les milices formées pour la protection de leur communauté respective sont impliquées dans des violations de droits humains. Les milices appartenant à la communauté peule « ont été responsables d’au moins 71 de ces incidents violents, entraînant la mort de 210 personnes, tandis que celles issues de la communauté Dogon ont perpétré 12 attaques, faisant au moins 82 morts ».

Entre le 1er janvier etle 21 juin 2020, la Mission multidimensionnelle intégrée de stabilisation au Mali (MINUSMA) a pu documenter 83 violences inter-communautaires dans cette région de Mopti, explique-t-elle. Ces incidents restent liés à la recrudescence des conflits entre les peuls (éleveurs), les dogons (agriculteurs) et des chasseurs, durant ces derniers mois.

Toutefois, Mme Bachelet ne fait aucun doute que ces violences entre différentes communautés aient été « alimentées et instrumentalisées par Al-Qaïda au Maghreb islamique, l’État islamique dans le Grand Sahara, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans et par d’autres groupes armés similaires ou affiliés ». À l’en croire, 105 atteintes aux droits humains, dont 67 morts, sont attribuables à ces groupes dans cette région du centre du Mali depuis le début de l’année 2020.

Selon la Haute-commissaire des droits de l’homme de l’ONU, pour échapper aux exactions, certaines populations ont été obligées de rejoindre les milices ou tout simplement s’enfuir pour se réfugier dans d’autres localités. « Les assaillants visent clairement à infliger des dommages importants et durables aux communautés, en incendiant des maisons, en pillant des biens et des greniers et en tuant ou en volant du bétail », explique-t-elle. Dans cette violation des droits de l’homme, des membres des forces de défense et de sécurité maliennes (FDSM), censées assurer la sécurité et la défense des populations de la zone, ont été impliquées, auraient une part de responsabilité, selon la cheffe des droits de l’homme de l’ONU.

Aux dires de Mme Bachelet, la MINUSMA a recensé « 230 exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires attribuées à des membres des FDSM dans les régions centrales de Mopti et Ségou. 47 de ces morts, survenues en mars 2020, sont attribuées aux forces de défense et de sécurité maliennes “agissant probablement sous le commandement de la Force conjointe du Groupe de cinq pays du Sahel (G5 Sahel)”.

Pour sortir de ce cercle vicieux et infernal dans cette région du centre du Mali, où des cas de disparitions forcées, de tortures et d’autres traitements cruels, inhumains ou dégradants, d’arrestations arbitraires et de destruction de plusieurs biens ont également été documentés, la Haute-commissaire des droits de l’homme de l’ONU demande que soit mis fin à l’impunité. Car “Cette absence de reddition de comptes continue de saper la confiance de la population dans les institutions de l’État, les gens comptant sur les milices et les groupes armés pour leur assurer la sécurité”, indique-t-elle. Elle demande alors aux autorités maliennes d’ouvrir des enquêtes approfondies, impartiales et indépendantes sur toutes les violations présumées des droits humains.

À l’en croire, il s’agit“de garantir la mise en place des processus de reddition de comptes appropriés. C’est le seul moyen d’inverser cette tendance de violence continue”. Ce n’est pas tout, la cheffe des droits de l’homme de l’ONU demande de “rétablir l’autorité de l’État dans tout le pays et assurer la paix, la sécurité et la protection du peuple”. Pour ce faire, il est important de vaincre l’impunité “et que tous les auteurs, y compris des membres des forces de défense et de sécurité, sont tenus responsables de leurs actes. Les gens ont besoin de justice, de recours et de réparations”, fait-elle savoir.

F. Togola
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