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Les propos peu diplomatiques de son Excellence Dennis B Hankins, ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique au Mali : Indignons-nous !
Publié le lundi 29 juin 2020  |  L’Inter de Bamako
Cérémonie
© aBamako.com par Androuicha
Cérémonie d`ouverture de l`Atelier de renforcement des femmes candidates aux législatives 2020
Bamako, le 03 mars 2020 à l`hôtel Radisson. Le Ministre des Reformes institutionnelles et des relations avec la Société Civile a ouvert un atelier conjointement organisé par le REFAMP et le REFEJPO avec l`appui technique du NDI, de l`USAID et de la Coopération suisse au Mali sur le renforcement des femmes candidates aux élections législatives de mars et avril 2020.
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A l’issue de son audience avec le président de l’Assemblée nationale, l’Ambassadeur des États-Unis au Mali, contre les règles élémentaires du devoir de réserve qu’un diplomate doit observer en toutes circonstances dans son pays d’accréditation, s’est arrogé le droit de répondre aux revendications d’un groupe de citoyens maliens qui exige la démission du président de la République.

Avec un ton condescendant, il assène ‘‘qu’on ne peut pas forcer le changement d’un système de gouvernement, qu’on ne peut pas forcer un président de la République à démissionner et qu’il faut accepter la démocratie’’.


Contrairement à l’immense majorité des Maliens, l’Ambassadeur des États-Unis, présent dans notre pays, semble s’être bandé les yeux pour ne pas voir la multiplication des actes administratifs illégaux consistant à favoriser lors des opérations électorales les candidats du pouvoir et leurs alliés, l’instrumentalisation de la Cour constitutionnelle pour invalider les résultats de nombreux députés opposants ou indépendants élus sur le terrain au profit de candidats de la mouvance présidentielle nettement battus dans les urnes, afin d’assurer une majorité confortable au Chef de l’État à l’Assemblée nationale.

C’est hallucinant de constater qu’il va jusqu’à ignorer l’avis de la CEDEAO (organisation interétatique africaine dont notre pays est membre) qui, dans son communiqué publié à l’issue de sa mission de médiation au Mali, a reconnu explicitement les tripatouillages de la Cour Constitutionnelle du Mali et recommandé la reprise des élections législatives dans les circonscriptions où elle a inversé les résultats issus des urnes !

On se demande avec quel courage et par quel tour de force ce représentant d’une des plus grandes démocraties au monde a pu rencontrer et discuter allègrement avec Issaka Timbiné, président de la 6ème législature qui a été battu sur le terrain puis repêché/nommé par la Cour constitutionnelle du Mali, enfin, propulsé au perchoir de la façon la plus anti-démocratique possible par le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK).

Que dit l’Ambassadeur des États-Unis lorsque dans un système démocratique, les opérations électorales deviennent purement et simplement des procédures de nominations, lorsqu’un régime met en place une stratégique de transmission familiale du pouvoir, lorsqu’à l’occasion de l’élection du candidat du parti présidentiel pour la présidence de l’Assemblée nationale, le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, annule le vote majoritaire acté par les élus et impose le copain de son fils Karim Keïta, l’inénarrable Moussa Timbiné.

Timbiné, battu sur le terrain puis repêché (en clair, nommé) par la Cour constitutionnelle dans la perspective très évidente que cet obligé, conformément à la Constitution, pourra offrir son trône à son rejeton en organisant une élection présidentielle anticipée suite à sa démission avant la fin de son mandat ? C’est cela qu’il appelle la démocratie ?

Que dit l’Ambassadeur des États-Unis, lorsqu’un régime transforme l’État républicain et démocratique (déjà corrompu et incapable d’accomplir ses tâches régaliennes) en un État clanique qui viole constamment la Constitution du Mali, un pouvoir patrimonial de la famille du chef de l’État, devenant de ce fait un véritable monarque absolu ? C’est cela qu’il appelle la démocratie ?

Que peut-il reprocher aux citoyens maliens regroupés au sein Mouvement du 5 Juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) et des millions d’autres Maliens à l’intérieur et à l’extérieur du pays qui ont pris conscience du péril que le président IBK, concentrant en fait dans ses mains tous les pouvoirs, fait planer sur les conquêtes démocratiques de notre pays et se sont mobilisés et impliqués dans une action citoyenne d’«impeachment» (destitution) légitime afin de ramener notre pays dans le système républicain et démocratique et l’État de droit détruit par la gouvernance antirépublicaine, clanique, familiale mafieuse et calamiteuse conçue et mise en œuvre sous la direction du président IBK, clé de voûte et garant des huit institutions du Mali ?

Par ailleurs, quel mépris et quelle arrogance à l’égard des Maliens et des Africains !

Un Ambassadeur malien ou africain aux États-Unis peut-il se donner le droit d’aller dire aux acteurs politiques et citoyens américains qui contestent la légitimité du président de ce pays ami, Donald Trump et exigent sa démission qu’ils n’ont pas ce droit ? Un Ambassadeur a-t-il le droit de s’autoriser de tels propos contre des citoyens d’un pays ami ?

En réalité, cette sortie de l’Ambassadeur des États-Unis s’inscrit dans le cadre d’une attaque concentrique préparée et mise en œuvre par certains acteurs internationaux, soi-disant «Amis du Mali et du peuple malien» qui soutiennent vaille que vaille, à des fins inavouables, le président Ibrahim Boubacar Kéita pourtant désavoué et honni aujourd’hui par la majorité des Maliens, et qui n’arrive plus à se maintenir au pouvoir que par le truquage électoral, le «blanchiment par les urnes» pour lui-même et son clan.

Avant lui, c’était d’abord la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le cheval de Troie des ingérences extérieures extra-africaines, bien connu par les Maliens pour ses manipulations anticonstitutionnelles pendant la transition de 2012-2013, puis le Représentant de l’Union Européenne (UE), la France, l’Union Africaine (UA).

‘‘On ne peut pas forcer le changement d’un système de Gouvernement, on ne peut pas forcer un Président de la République à démissionner, il faut accepter la démocratie’’.

Il n’échappe à personne que ces propos de parti pris flagrant et de donneur d’ordres, qui se situent aux antipodes des usages diplomatiques, tombent comme un brevet de certification d’une bonne démocratie, une manne venant du Ciel !

Le pouvoir ne manquera pas d’exploiter cette sortie hasardeuse et discourtoise du diplomate américain qui lui offre sur un plateau d’argent une opportunité inespérée, providentielle de monter et dérouler une opération de manipulation et de matraquage sans précédent visant à reconquérir auprès de notre peuple qu’il n’a cessé de tromper et trahir, sa légitimité politique et institutionnelle. Peine perdue.

Notre peuple ne cèdera pas aux sirènes d’un tel discours, même s’il est tenu par l’Ambassadeur des États-Unis d’Amérique, car il n’est pas du tout représentatif de l’opinion du peuple américain.

Pleins de maturité, les Maliens ont la capacité de briser par leur vécu, leur esprit critique et leurs propres investigations et analyses scientifiques le miroir déformant de nos réalités et celles du monde global que certains voudraient leur imposer de l’extérieur.

Nous demandons à l’Ambassadeur des États-Unis d’Amérique de la réserve, du respect pour les Maliens qui sont les seuls en mesure de surmonter leurs contradictions internes.

Nouhoum KEITA, Coordinateur du CORRAP (Collectif pour la Réflexion, le Rassemblement et l’Action Patriotique)

Source : L inter de Bamako
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