Le 15 juin dernier, le gouvernement tchèque a validé le nouveau protocole à un accord franco-malien pour garantir le même statut que les soldats français aux soldats tchèques qui devraient bientôt être déployés au sein de la nouvelle task force Takouba au Mali, si le parlement tchèque donne son aval. Avec l’Estonie et la Suède, la Tchéquie est l’un des rares pays européens à avoir tout de suite répondu favorablement à la demande de Paris de participer à ce nouvel effort de guerre contre les djihadistes au Sahel. Jean-Dominique Merchet est le correspondant défense et diplomatie du journal français L’opinion :
Dans quelle mesure la participation tchèque est importante pour la France selon vous ?
« La participation de la République tchèque à l’opération Takouba au Mali est importante pour la France parce que la France a besoin d’avoir des alliés européens avec elle. Lorsque l’idée de cette opération a été lancée par la ministre française des armées, Florence Parly, on parlait d’une dizaine de pays qui devaient se joindre à la France pour contribuer à la formation et au soutien des armées locales. Un an plus tard, on est loin de cette dizaine puisque seuls trois autres pays européens – la Suède, l’Estonie et la Tchéquie – ont répondu à l’appel. Donc c’est extrêmement important pour la France. Paris compte sur les Européens pour partager le fardeau, d’une certaine manière. La France pense qu’elle est trop engagée seule au Mali – elle a donc besoin à la fois de ces alliés européens et de ces armées locales du G5 Sahel, donc malienne, nigérienne, tchadienne, etc… »
« Donc effectivement, même si c’est une contribution modeste (une cinquantaine ou soixantaine de soldats tchèques) au regard de l’ampleur de l’opération française (plus de 5000 hommes), le soutien politique que cette opération militaire traduit est vraiment déterminant pour la France. »
Est-ce que le fait que l’armée tchèque vienne de prendre le commandement de l’EUTM Mali pour la formation des soldats maliens est significatif ou seulement symbolique ?
Le général František Ridzák reprendre le drapeau de la mission de l’EUTM Mali, photo: Commandant Jakub Šimíček/Site officiel de l’Armée tchèque Le général František Ridzák reprendre le drapeau de la mission de l’EUTM Mali, photo: Commandant Jakub Šimíček/Site officiel de l’Armée tchèque
« L’ampleur de l’intervention de l’armée tchèque n’est pas ce qui va changer la situation militaire au Mali, mais le fait qu’elle vienne avec les Français dans une opération comme ça est important politiquement. Militairement, les Tchèques sont engagés dans la formation de l’armée malienne, c’est important aussi. La France pourrait assumer seule cette opération, mais ce n’est pas ce qu’elle souhaite politiquement au Mali, où elle souhaite l’engagement de partenaires européens. C’est ça qui compte. »
Quel impact peut avoir cette collaboration militaire sur les relations commerciales ? Prague a récemment annoncé la commande de canons automoteurs français pour environ 220 millions d’euros...
« Quand il y a coopération militaire entre deux pays, effectivement cela peut favoriser ce genre d’échanges. Mais il y a jusqu’à présent assez peu de collaboration militaire entre les deux pays – la République tchèque n’est pas un grand client de l’industrie française d’armement, l’armée tchèque n’a pas participé à beaucoup d’opérations militaires aux côtés des Français, les deux armées se connaissent assez peu au fond. Là, cela peut engager une nouvelle collaboration entre les deux armées et avoir des retombées aux niveaux politique ou commercial – c’est probable mais on reste dans des proportions assez modestes. »