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Edito : compromis
Publié le jeudi 2 juillet 2020  |  le pelican
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Les manifestations gigantesques aux allures insurrectionnelles des 05 et 09 juin, place de l’indépendance à Bamako et celles autant énormes organisées dans plusieurs grandes villes du Mali et à Paris, ont incontestablement fourni au Mouvement du 05 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) toute sa légitimité populaire face au pouvoir de Bamako légaliste mais en déliquescence. Une réalité qui a occasionné la reconfiguration politique dans notre pays. Ainsi, de nombreux partis politiques, associations de la société civile et syndicats ne cessent d’adhérer au mouvement de la contestation. Dont en l’occurrence de nombreux partis-l ’APM-Maliko de Modibo Kadioké, le MC-ATT de Jeamille Bittar et le PACP de Yeah NienkoroSamaké-qui faisaient partie de l’Ensemble Pour le Mali (EPM).

Désormais conscient de son impopularité grandissante et de la faiblesse notoire de ses partisans à faire le poids face au nouveau vent de contestation de son régime, le Chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Keïta n’ayant pas d’autre choix, appellent les ténors du M5-RFP à la table des négociations. Dans cette dynamique, IBK a déjà rencontré, au moins à deux reprises, le principal leader de la contestation contre son régime, l’Imam Mahmoud Dicko. Le président aurait ainsi proposé à ses opposants plusieurs pistes de sortie de crise : abandon de la démission du Chef de l’Etat contre l’acceptation de la formation d’un Gouvernement d’Union Nationale Consensuel, dissolution de l’Assemblée Nationale et la destitution des Sages non démissionnaires de la Cour Constitutionnelle.

Face à ces propositions de sortie de crise du président, les lignes bougent. Le M5-RFP ne se camperait plus sur ses exigences de démission d’IBK et la fin de son régime. Des exigences qu’il considérait au départ comme non négociables. Compte tenu de la forte implication de la Communauté Internationale dans notre pays, notamment de la France dans les affaires intérieures du Mali : entre autres, l’accord issu du processus d’Alger et le déploiement de la force Barkhane, le mouvement de contestation ne pouvait pas perdurer dans son obstination d’exiger le départ d’IBK. Encore que la France et l’ONU, par extension, l’UA et la CEDEAO, ne veulent pas d’une remise en cause des institutions. Notamment celle de la présidence de la république. D’autant que l’ex pays colonisateur possède de nombreux intérêts économiques et stratégiques dans notre pays qu’il faut préserver à tout prix. Ainsi la France et ces organisations régionales et sous régionales, tout en apportant leur soutien aux institutions républicaines, en appellent néanmoins les deux les parties à la négociation pour une sortie pacifique de crise.

En dépit du soutien avéré de la population au M5-RFP, donc de sa légitimité populaire, celui-ci doit faire des concessions au pouvoir ; même affaibli. Ce qui lui éviterait de mener l’épreuve de force, qui ne pourrait qu’engendrer des pertes en vies humaines dans les rangs de ses militants et sympathisants. Pour amener le changement de gouvernance tant souhaité, le M5-RFP doit nécessairement, sans compromission, concéder à un compromis avec le pouvoir en place. Comme accepter au moins le maintien d’IBK à son poste, mais avec un pouvoir considérablement réduit, contre la dissolution de l’Assemblée nationale-mal élue dans sa grande composante- et la destitution des membres restants de la Cour Constitutionnelle.

Cet ultime compromis serait chapoté par la formation d’un Gouvernement d’Union Nationale Consensuel. Dont les portefeuilles de souveraineté seraient tenus par des hommes choisis par les soins du M5-RFP. Lequel mouvement d’opposition pouvant toujours exiger, lors des négociations, que la nouvelle assemblée, qui sera élue plus tard, mais cette fois-ci de façon transparente et démocratique, soit une constituante dont la tâche essentielle serait de doter le pays d’une nouvelle Constitution, elle aussi, consensuelle.

Gaoussou Madani DirPub
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