Plusieurs centaines de personnalités politiques et militants maliens de tous bords se sont réunis jeudi à Bamako pour réclamer la libération du chef de l'opposition parlementaire, Soumaïla Cissé, enlevé cent jours plus tôt, ont constaté des correspondants de l'AFP.
Le parti de Soumaïla Cissé, l'Union pour la république et la démocratie (URD), avait appelé à cette manifestation indépendamment de la coalition hétéroclite qui a fait descendre des dizaines de Maliens dans la rue à deux reprises en juin pour réclamer la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta.
Le rassemblement de jeudi a réuni aussi bien des membres de l'opposition que de la majorité présidentielle.
Cependant, la manifestation est venue rappeler l'acuité de la situation sécuritaire et l'impuissance du pouvoir à obtenir la libération de M. Cissé, un des mots d'ordre des protestations de juin.
Soumaïla Cissé, deuxième à trois reprises des élections présidentielles, a été kidnappé le 25 mars alors qu'il était en campagne pour les législatives dans la région de Tombouctou, dans le nord-ouest du pays.
A défaut de preuve formelle et de revendication, les soupçons pèsent sur le groupe jihadiste d'Amadou Koufa, affilié à Al-Qaïda.
L'enlèvement d'une personnalité nationale d'une telle envergure est sans précédent, même dans un pays où de nombreux rapts ont été perpétrés pour différentes raisons.
Son épouse, Astan Traoré, a raconté que ce 25 son mari, qu'elle accompagnait en campagne, l'avait quittée le matin en lui donnant rendez-vous à dîner pour le soir. "Malheureusement c'est la première fois que je vais en campagne avec lui et je reviens toute seule, a-t-elle dit.
Cet enlèvement "prouve que nul n'est à l'abri", a dit Koné Ramatou Adiawiakoye, présidente du mouvement des femmes de l'URD. "Monsieur le président de la République, ramenez-nous le camarade Soumaïla Cissé. Pas bientôt, mais tout de suite", a-t-elle dit.
Le chef de l’État avait déclaré le 16 juin que les autorités détenaient des preuves que M. Cissé était en vie, et ajouté qu'il reviendrait "bientôt".
Les participants au rassemblement ont observé une minute de silence à la mémoire du garde du corps du chef de l'opposition, tué dans l'enlèvement.
Présent, l'un des leaders de la mobilisation contre le chef de l'Etat, Choguel Maïga, a estimé que le sort de M. Cissé, resté "égal à lui-même" au cours de sa longue carrière politique, transcendait les appartenances.