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Crise socio- politique : le peuple malien n’a pas besoin d’un changement de façade !
Publié le lundi 6 juillet 2020  |  L’Inter de Bamako
Meeting
© aBamako.com par Sissoko Alou
Meeting du M5-RFP
Bamako, le 19 juin 2020. Le Mouvement du 5 juin Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) conduit par l`imam Mahmoud Dicko a tenu son 2è meeting de contestation du pouvoir pour réclamer la démission du président IBK.
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«Les hommes ont toujours été et seront toujours en politique les dupes naïfs des autres et d’eux-mêmes, tant qu’ils n’auront pas appris, derrière les phrases, les déclarations et les promesses morales, religieuses, politiques et sociales, à discerner les intérêts de telles ou telles classes» (Vladimir Ilich Oulianov Lénine).

Une question se pose encore aujourd’hui à propos du Mali : qui est qui, qui dit quoi et qui fait quoi au nom du Mali ?

L’on rappelle que le peuple Malien a souffert dans sa chair et dans sa conscience les affres du régime militaro-udpmiste de Moussa Traoré et cela pendant vingt- trois longues années de divagation politico- religieuse. Comme le dirait l’autre, à beau retirer la parole au peuple, il finit toujours par la prendre. Ainsi, le 26 mars 1991, notre peuple uni dans un mouvement dit démocratique est venu à bout du régime sanguinaire et autocratique du général bazin. Bien de citoyens maliens croyaient que désormais rien ne serait comme avant. Mais c’était sans compter avec les germes de la gangrène nauséabonde semés par le régime rétrograde de Moussa Traoré. On peut dire avec juste raison que le crime le plus abominable dont Moussa s’est rendu coupable, c’est la souillure des ressources humaines. Il  a provoqué la désagrégation du tissu socio- culturel malien. Aujourd’hui, la souillure de ces ressources ne fait plus l’ombre d’aucun doute. Est-il donc besoin de dire que le Mali est confronté  à une crise profonde de ressources humaines ! Visiblement, il n’y a pas de secteur de la vie nationale où il est judicieux de dire que ça va.

Aujourd’hui, plus qu’hier, par la gestion calamiteuse de nos affaires par les pseudo- démocrates, le Mali patauge dans l’affairisme, le laisser- aller et laisser-faire, le désordre et surtout dans l’oisiveté la plus criarde. Pour s’en convaincre, il suffit de faire un tour dans les services. Partout, chacun fait ce qui lui semble bon et cela sans s’inquiéter un seul instant. En tout cas, tout le monde se complaît dans la bamboula comme les chèvres sorties de leur enclos le matin. Aujourd’hui, c’est l’éducation de la rue qui prime, tant pis pour les bonnes mœurs, la conscience professionnelle. Nous avons l’impression que Charles Seconda de Montesquieu s’adresse aujourd’hui et aux hommes maliens dans leur désagrégation du tissu socio-moral. Montesquieu disait déjà au 17ème siècle: «De nos jours, nous recevons trois éducations différentes : celle de la famille, celle de l’école et celle de la rue. Malheureusement la dernière tendance renverse les idées de deux premières.»

Le constat est cuisant aujourd’hui au Mali ! Toutes les bonnes mœurs sont foulées aux pieds partout à toutes les instances de la vie nationale. Pendant ce temps, des hommes de toutes les couleurs s’associent dans une atrophie incommensurable pour chanter le Mali. Là où les démocrates brillent le plus (et cela depuis Alpha Oumar Konaré) c’est par leur œuvre gigantesque de souillure de la personne humaine.

Aujourd’hui, sont vus comme peste les Maliens qui cherchent à bien faire, à servir honorablement leur pays. Et pourtant, partout, sur les toits des maisons, dans les rues, les bureaux, les chantiers de construction, les centres de santé, dans nos écoles et dans nos universités tout le monde crie haro sur le bodet. Mais sans avoir la moindre honnêteté de pointer sur soi- même le petit doigt accusateur. Jetant ainsi l’opprobre sur les gouvernants. Certainement, ils sont mauvais et hypocrites. Mais il en est de même pour ceux qui prennent aujourd’hui tambours et trompettes pour chanter le Mali: Lénine nous a recommandé d’apprendre à voir derrière les phraséologies politico- religieuses qui brille de quel bois et qui dit quoi pour camoufler la triste réalité qui crève les yeux de ceux qui veulent voir clair autour d’eux-mêmes: «Les hommes ont toujours été et seront toujours en politique les dupes naïfs des autres et d’eux-mêmes, tant qu’ils n’auront pas appris, derrière les phrases, les déclarations et les promesses morales, religieuses, politiques et sociales, à discerner les intérêts de telles ou telles classes» (Vladimir Ilich Oulianov  Lénine).

La pourriture a atteint un seuil au Mali tel qu’il urge de ne plus s’en tenir à ce les politiciens, les mages, les religieux disent en parole. Il est grand temps de juger les Maliens par ce qu’ils sont dans la réalité de tous les jours. Cela est aujourd’hui un impératif catégorique quand on sait qu’au Mali nous nous connaissons tous et on connaît bien le passé (pas du tout élogieux) les uns  des autres. Pourquoi ne pas faire à présent l’audit de la nation ? Pourquoi ne pas se demander aujourd’hui qui est responsable de quoi dans les comportements frileux au Mali, dans les  familles, les stades, à l’école, dans nos universités, dans nos mosquées, dans nos formations politiques, dans les regroupements de femmes et de jeunes ?

Ces comportements peu recommandables de bien de Maliens expliquent, si besoin en est, les choix politiques lors des élections peu crédibles dans notre pays : achats des consciences, le tripatouillage des résultats, les unions hétéroclites pour des gages inavouables. Ces comportements qui ont servi d’arguments pour engager le combat contre Moussa Traoré, sont pires aujourd’hui.

De nos jours, quels sont les hommes de santé qui respectent le serment d’Hippocrate ?  Quels sont les enseignants qui prennent leur métier pour un sacerdoce ?

Visiblement, la course à l’argent, aux intérêts sordides privés a eu raison de la conscience professionnelle et de la probité morale. Pour mieux saisir cette extraversion des valeurs humaines rappelons Karl Marx. Il a écrit: «Ce que l’argent peut acheter, je le suis moi-même, moi le possesseur de l’argent. Les qualités de l’argent sont mes qualités et mes forces essentielles en tant que possesseur d’argent. Ce que je suis et ce que je puis, ce n’est nullement mon individualité qui en décide… Personnellement je suis paralytique, je suis méchant, malhonnête, dépourvu de scrupule, sans esprit, mais l’argent est vénéré, aussi le suis-je de même, moi, son possesseur. C’est la divinité visible, la métamorphose de toutes les qualités humaines et naturelles en leurs contraires, la confusion et la perversion universelles des choses. Si l’argent est le lien qui me relie à la vie humaine, à la société, à la nature et aux hommes, l’argent n’est-il pas le lien de tous les liens. Ne peut-il pas nouer et dénouer tous les liens ?»

Il est donc aisé d’expliquer les comportements irresponsables, les ambitions politiques inavouables, les débauchages de toutes sortes, la course pour les postes par la course au profit, à l’argent. Alpha Oumar Konaré a bien parlé mais déçu  le peuple travailleur du Mali. ATT, à qui des foules d’enfants chantaient en chœur ‘’An bè sa inofè’’, a allègrement approfondi la descente du Mali dans le creux de la vague.

IBK, en signant les accords d’Alger et de défense (avec la France) a achevé ce qui était en cours depuis longtemps sous les yeux complices et acteurs de la faillite du Mali.

Le M5 demande aujourd’hui le départ du président. Mais pour bien servir le Mali, il faut situer toutes les responsabilités dans cette faillite du Mali. En tout état de cause, bien de politiciens se sont salis dans la gestion de nos affaires par ceux qui se font appeler (hélas !) démocratiques. Et quels chefs religieux n’ont jamais été dans les grâces de ces démocrates ?

Aujourd’hui, le changement avec la race de politiciens à l’œuvre depuis la chute de Moussa Traoré  est un bluff sans la moindre décence socio- politique. Tout compte fait, notre peuple n’a pas besoin de changement de façade ! Aujourd’hui, il a besoin du changement révolutionnaire qui lui garantit de la nourriture décente, des soins de santé décents, le logement et une culture à la hauteur de la grandeur de ce peuple travailleur las des mensonges politiques.

Fodé KEITA

Source : l'Inter de Bamako
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