Le Mouvement du 5 juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) a été enclenché pour obtenir la démission du président Ibrahim Boubacar Keita et son régime, jugés responsables des maux qui menacent aujourd’hui le Mali dans son existence. Ce Mouvement a fait une proposition de sortie de crise. Estimant que cette proposition est anticonstitutionnelle et antidémocratique, la Convergence des forces républicaines (CFR), soutien du régime, a rejeté avec véhémence ce mémorandum.
Ces derniers temps, le Mali est au bord de la paralysie à cause d’une crise politique provoquée par, dit-on l’incapacité du Président Ibrahim Boubacar Keïta à gérer le pays. Après avoir secoué le cocotier, le Mouvement contestataire, (le Rassemblement des Forces Patriotiques M5-RFP) a décidé de changer sa méthode de mise à l’écart du Président de la République dans la gestion des affaires publiques. Initialement prévu pour faire partir le Chef de l’Etat à travers un mouvement populaire, les responsables semblent revoir leur copie afin de ne pas subir les sanctions de la communauté internationale. Aussi, l’un de ses principaux soutiens, en l’occurrence, le Chérif de Nioro s’est montré réticent à un départ forcé du Président IBK.
Ainsi, le Mouvement de contestation a changé de stratégie en maintenant le même objectif. A savoir, obtenir la démission du Président Ibrahim Boubacar Keïta, mais cette fois-ci avec un peu de ruse. Car, juge-t-il, les pratiques actuelles érigées en système de gestion ont conduit le Mali dans l’abîme. Il s’agit de la corruption comme mode de gouvernement, de l’impunité, de l’instauration d’une oligarchie par l’immixtion flagrante d’intérêts privés dans la gestion des affaires publiques, des violations réitérées de la Constitution et des libertés, de l’abandon de secteurs entiers de la vie socio-économique (école, santé, secteur agricole, infrastructures…), du non-respect de nombreux engagements pour la décrispation de la situation sociopolitique nationale, de la détérioration de la situation au nord et au centre du pays, de l’abandon des populations à leur sort, de l’absence de l’Etat et la perte de souveraineté sur des pans entiers du territoire national, de l’échec de toutes les tentatives de dialogue, des détournements des fonds alloués à nos Forces de défense et de sécurité, de l’affaiblissement du Mali sur la scène internationale, des fraudes électorales ne permettant plus aux élections de jouer leur rôle régulateur, de l’affaiblissement et de la delégitimation des institutions de la République.
Pour rebâtir la nation malienne, à l’issu de leur rencontre tenue le 30 juin, les responsables du Rassemblement des Forces Patriotiques M5-RFP ont proposé entre autres : la dissolution immédiate de l’Assemblée nationale ; la mise en place d’un organe législatif de transition ; le renouvellement intégral des membres de la Cour constitutionnelle ; la mise en place d’un gouvernement de transition, avec les caractéristiques ci-après : le Premier ministre est désigné par le M5-RFP ; il ne peut être demis par le président de la République que dans les conditions prévues par la Charte de transition ; il forme son Gouvernement en entier ; il nomme aux hautes fonctions nationales (Administration, Justice, Forces armées et de sécurité, …). s’y ajoutent l’adoption d’une Feuille de route de refondation de l’Etat et de sauvegarde de la démocratie, de l’unité nationale, de la paix et de la cohésion sociale, assortie d’un chronogramme précis, à l’issue de concertations nationales ouvertes à toutes les forces vives de la Nation ; de respect des textes relatifs au droit et à la liberté syndicale, à la justice sociale et aux engagements entre les parties ; l’adoption d’un pacte pour la stabilité sociale, la sécurité, la croissance et le développement ; l’adoption d’un mécanisme de suivi-évaluation annuel ; le détachement des services exécutifs de l’Etat de la présidence de la République.
Un accord politique sur l’ensemble de ces points sera dûment signé avec de solides garanties de sa mise en œuvre jusqu’à la fin du mandat en cours. Aussi, précise le document, une Charte de transition précisera et formalisera les termes convenus dans l’accord politique pour concilier les dispositions constitutionnelles actuelles avec les organes pertinents de la Transition.
A l’analyse du contenu du présent mémo des contestataires du régime, la Convergence des forces patriotiques rejette lesdites propositions en l’Etat.
Dans son communiqué du 1er juillet, la Convergence des forces patriotiques indique avoir appris avec étonnement et grande déception le contenu de la proposition du M5-RFP.
« La CFR dénonce énergiquement cette proposition antidémocratique, antirépublicaine et anticonstitutionnelle qui n’est ni plus ni moins qu’une tentative déguisée de coup d’État et un appel à la violence au moment où des négociations sont en perspective grâce aux efforts de la Communauté Internationale et aux nombreuses médiations nationales », indique le document. Sur ce, elle qualifie illégitime et illogique les propositions du M5-RFP qui, dit-elle, ne sont fondées ni sur une représentativité issue d’élections, ni sur les lois de République. Elle dénote le manque de bonne foi qui permettrait pourtant de faciliter le dialogue pour soulager le pays, argumentent les responsables de la Convergence des forces patriotiques.
« La CFR dénonce également l’amalgame que tente cyniquement de créer le M5-RFP en associant la libération de l’Honorable Soumaïla Cissé aux tentatives de déstabilisation alors que les autorités sont fortement et sincèrement mobilisées pour qu’il retrouve les siens dans les meilleurs délais. La CFR réitère son soutien indéfectible aux institutions de la République du Mali cibles d’une campagne de dénigrement du M5-RFP et rappelle son attachement constant à la Constitution du Mali et au dialogue. La CFR appelle l’ensemble des militants et sympathisants à se tenir mobilisé pour barrer la route aux fossoyeurs de notre Constitution », conclu le document.