Déterminés dans leur entêtement à vouloir la démission d’un président démocratiquement élu, les membres du mouvement de contestation réunis au sein du M5-RFP sont toujours en quête de leur dessein destructeur depuis leur dernière marche. Une marche qui avait comme seul mot d’ordre, la démission du président de la République, qui a elle aussi été un échec, car le président IBK est toujours au pouvoir. Après tant de critiques et d’incohérences sur leur conduite, ces protagonistes politiques et religieux du M5-RFP ont enfin mis à nu leur volonté cachée. Cela, dans un projet de propositions, pompeusement dénommé un mémorandum. A la place de propositions concrètes, ils ont élaboré une littérature avec des tirets, dont celui exigeant la nomination d’un Premier ministre ‘’plein pouvoir’’ issu de leur rang. Ce document, pour de nombreux observateurs est une coquille vide, taillé à la mesure du ‘’boubou’’ des leaders du M5-RFP et non du Mali.
La grande confiance placée par le peuple aux leaders du M5-RFP (Rassemblement des Forces Patriotiques) est en train de se fondre comme de la glace sur le désert. D’ailleurs en un mois d’existence seulement, ce regroupement socio-politique, sous le magistère de l’imam Dicko est soumis à de rudes épreuves, pas par le pouvoir mais de la part de ses organisations composantes, elles-mêmes. Les uns et les autres ont découvert les vraies intentions de tout un chacun. Du coup, au regard de son aspect hétéroclite tout le monde s’accorde sur le fait que ce regroupement n’a d’autres visées que l’accaparement du pouvoir et le partage de gâteaux au grand détriment des intérêts du peuple souverain, dont ils se réclament. La lecture intelligente du mémorandum adressé au président de la République, corrobore cette évidence.
Une volonté affichée de semer le trouble !
Ce qui est déplorable dans les agissements de ce mouvement, relève du fait qu’il est depuis sa création campé sur un dynamique maximaliste. Ces leaders donnent l’impression de jouer au pyromane contre leur propre pays. Avec la création en son sein d’un comité stratégique et politique, l’opinion nationale avait estimé que le M5-RFP constituera une véritable force de propositions pour redresser des pans de certaines institutions de la République et impulser une nouvelle dynamique de gestion à proposer au président IBK pour ses trois ans à la tête du Mali. Hélas, ce comité stratégique n’est aujourd’hui que l’ombre de lui-même.
Au moment où on pensait que la revendication sur la démission du président de la République a été revue de son côté, à la surprise générale, dans son mémorandum il met en exergue cette demande attentatoire pour la démocratie et la survie même du pays, mais de façon voilée. Surtout le M5-RFP affirme vouloir : « poursuivre la lutte pour amener pacifiquement, mais avec détermination, le Président Ibrahim B. Kéita, à démissionner avec son régime, par le moyen d’actions populaires de désobéissance civile ».
Après ce ‘’putsch’’ le Mouvement se propose à faire une union sacrée des forces vives de la Nation, dans un élan de « sursaut national »pour définir, librement et sans contrainte , la vision et les contours d’un nouveau Mali, avec toutes les forces sociales et politiques (organisations de la société civile de l’intérieur et de la diaspora, partis et regroupement politiques, les forces syndicales, autorités religieuses et coutumières, forces de défense et de sécurité, groupes signataires et non-signataires de l’Accord issu du processus d’Alger etc). Cela pour tracer la durée et les objectifs d’une période de transition : « tenir des concertations nationales pour faire l’état de la Nation, opérer les réformes politiques, institutionnelles, administratives et électorales nécessaires pour renforcer l’Etat, jetant ainsi les bases d’un Mali nouveau.
A noter que ces propositions dont la copie a fait le tour des réseaux sociaux avant la tenue de leur point de presse ont suscité des critiques acerbes des internautes.
Lesquels ne comprenaient pas pourquoi ces ‘’vieux’’ politicards, désormais maîtres de la rue sont décidés à faire partir le Président IBK même au prix du sang des pauvres maliens qui les suivent.
Une lutte pour le fauteuil de Premier ministre !
En plus de ces décisions le mouvement du 5 juin, toujours dans son projet de propositions de sortie de crise exige entre autres : « la dissolution immédiate de l’Assemblée Nationale, la mise en place d’un organe législatif de transition ». Par ailleurs ils proposent la nomination de 9 nouveaux membres à la Cour Constitutionnelle. Et surtout, la mise en place d’un gouvernement de Transition, avec les caractéristiques ci-après : « le Premier ministre est désigné par le M5-RFP, il ne peut être démis par le Président de la République, il forme son gouvernement en entier, il nomme aux hautes fonctions nationales (Administration, justice, forces armées et de sécurité).
Même après avoir dévoilé la véritable cause de sa lutte, qui est la quête des intérêts personnels de ses leaders politiques, dont certains rêvent de la Primature, le M5-RFP a fait d’autres propositions pour meubler son mémorandum.
Il s’agit de l’adoption d’une feuille de route de refondation de l’Etat et de sauvegarde de la démocratie, assortie d’un chronogramme sur : « l’instauration d’une justice syndicale (égale distance de l’Etat entre les syndicats). La dernière ligne des exigences du M5 RFP est faite d’une demande, à la limite, aberrante, relative, au retrait de la Présidence de la République des services exécutifs de l’Etat.
La seule revendication préoccupante dans ce mémorandum concerne la libération du chef de file de l’opposition, l’Honorable Soumaïla Cissé. En clair, dans ce qu’ils appellent ‘’Mémorandum’’ les leaders politiques du M5-RFP n’ont fait que lever du voile sur leurs intentions réelles, la satisfaction personnelle des intérêts perdus des anciens ministres et la volonté ferme de mettre le pays à feu et à sang à travers l’appel à des manœuvres de désobéissance civile.
L’Imam Mahmoud Dicko, absent lors leur point de presse va-t-il permettre une dérive pareille ?
A noter que le M5-RFP envisage un autre rassemblement pour le vendredi 10 juillet prochain. En attendant, il accuse des fissures béantes, exprimées par la jeunesse du mouvement, le retrait de certains présidents de partis et de regroupement et la guerre intestine sur le choix de celui qui occupera le fauteuil de Premier ministre ‘’plein pouvoir ‘’. Une lutte ou un combat n’a jamais été gagné dans la discorde, la mésentente entre les combattants. Il est temps pour le président IBK de passer aux choses sérieuses.
Par Maïmouna Sidibé
Source : l’Aube