En marge de l’Assemblée générale organisée par la jeunesse du M5-RFP, au siège d’EMK (Espoir Mali Koura), le 30 juin 2020, nous avons rencontré M. Baba Nadio, député élu en Commune 5 du District de Bamako, mais qui a été recalé par la Cour Constitutionnelle au profit de Moussa Timbiné, actuel Président de l’Assemblée nationale du Mali
Notre élu malheureux se dit victime de l’arrêt de la Cour Constitutionnelle, demande aux juges de s’expliquer et la dissolution de l’Assemblée nationale du Mali et la fermeture de la Cour Constitutionnelle. Lisez plutôt cette interview à-bâton-rompu de Pépin Narcisse LOTI.
Veuillez-vous présenter Monsieur.
Je suis Baba Nadio, candidat à la législative de mars-avril 2020 dernier, en commune 5 du District de Bamako.
J’étais-même élu, député de la Commune 5 du District de Bamako, mais malheureusement, l’arrêt de la Cour Constitutionnelle a décidé autrement.
Alors, que s’est-il passé réellement ?
Ce qui s’est passé ?
C’est la question que moi-même et mes électeurs, nous, nous posons. Néanmoins, les Juges de la Cour Constitutionnelle doivent s’expliquer. Les Juges qui viennent de démissionner doivent s’expliquer. Ils doivent se mettre face au peuple, face à l’histoire, pour dire réellement ce qui s’est passé dans les secrets de la délibération. Puisse que, je n’étais pas là-bas, malheureusement.
Je ne suis qu’une simple victime. Nous sommes, sept à huit localités à n’en pâtir de cet arrêt de la Cour Constitutionnelle.
A savoir : Les Commune, 1, 5, 6 du District de Bamako, Kati, Bougouni, Sikasso, Koro, Nara et bien d’autres.
Mais la réalité est que le jour-même du vote, le 19 avril 2020 à 20 heures, nous avons centralisé tous nos résultats. Nous étions vainqueurs. Le lendemain à 9 heures du matin, le Gouvernorat du District de Bamako a centralisé les résultats, nous étions encore vainqueurs. Quelques jours après, le Ministre de l’Administration Territoriale a proclamé les résultats provisoires, nous étions toujours vainqueurs.
Donc, trois résultats concordants.
Mais quand vient le tour de la Cour Constitutionnelle, elle dit le contraire.
Ce résultat a provoqué un tôlé de réaction chez les jeunes de la Commune 5. Heureusement, je me suis débrouillé pour les calmer. Je leur ai tout simplement dit qu’aujourd’hui, le Mali n’a pas besoin de tout ça. Nous n’avons pas besoin de bruler les pneus. Nous sommes des maliens et ce pays ne sera que, ce que nous allons en faire. Finalement, ils ont compris et se sont calmés.
Qu’allez-vous faire donc ?
Non, je n’y peux rien.
Mais, je sais que tout-être humain a une conscience. Que les Juges de la Cour Constitutionnelle interrogent leurs consciences qui, certainement va les gronder. Parce que, quel qu’en soit alpha, après un acte posé, chaque fois que tu seul, dans ton lit, dans ton bureau. Chaque fois que tu es partout. Tu réfléchis à tous les actes que tu as posés. Et seule ta conscience est le juste juge de ces actes.
Donc, les Juges de la Cour Constitutionnelle n’ont pas le choix que de vider leur sac. Ils peuvent aller à la Maison de la Presse par exemple, expliquer au peuple. Parce qu’ils ne doivent pas oublier qu’ils ont été mis là-bas pour le peuple. Ils ont été payés par le peuple. Même-ci, c’est IBK qui les a choisis, même-là encore, c’est comme-ci, c’est le peuple qui les a choisis. Parce qu’IBK lui-même a été choisi par le peuple. Donc, c’est un acte de conscience, c’est un acte de bon sens qu’ils doivent posés. Chacun aura de compte à rendre. Et en tant que bon musulman, je sais que même s’ils ne rendent pas compte aujourd’hui, ils vont rendre compte demain. Je sais que la mort existe, et il y a une vie après la mort. Chacun va répondre de ses actes un jour.
Aujourd’hui, il y a des voix qui se lèvent pour demander soit la démission de l’Assemblée nationale, soit la reprise de vote dans les circonscriptions à problèmes.
Vous, que dites-vous ?
Moi aujourd’hui, je suis entièrement d’accord pour l’une ou l’autre décision. Parce que pour moi aujourd’hui, ce n’est pas seulement dans deux ou trois localités, où il y a problèmes. Il y a eu des problèmes dans la plupart des localités.
A Mopti par exemple, nous connaissons des coins, où à cause d’insécurité, il n’y a pas eu d’élections. Mais les urnes ont été bourrées. A Teninkou, à Koro, … donc, vous voyez qu’il y a des problèmes.
Mais pour moi quelles solutions ?
La première, c’est la dissolution ou la démission de l’Assemblée Nationale dans sa totalité, suivie par la fermeture pure et simple de la Cour Constitutionnelle. En attendant que le peuple malien réfléchisse pour voir, si l’on doit créer encore une Cour, dans quelles conditions et comment.
Mais si non, nous avons un système. Et ce système aujourd’hui, c’est l’impunité totale. Il va falloir arrêter.
Je sais qu’il y a eu des pressions. Et Manassa doit sortir pour nous dire, qui a fait pression sur qui ? Et pourquoi ?
Pour que ces derniers soient poursuivis devant la justice. Ça ne suffit pas à la Cour de démissionner. Il faut non seulement démissionner, mais les poursuivre devant la justice.
Voilà ma solution.
Cela veut dire que vous êtes de cœur avec le M5-RFP ?
Je suis membre de M5- RFP. Je suis dans un parti qui n’est pas membre de M5-RFP. Mais en dehors du parti, j’ai des mouvements et des associations qui m’ont accompagné lors des élections et qui m’ont aidé à être élu. Donc, avec ces mouvements et associations, nous sommes dans le M5-RFP.
Aujourd’hui, ce que M5-RFP défend, c’est mon problème qu’il défend comme ça.
C’est la crise post-électorale qui a créé tout ça.