Pour la sortie de crise, le mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) a rendu public un mémorandum avec un certain nombre de conditions. Il s’agit, entre autres, de la dissolution immédiate de l’Assemblée nationale, la mise en place d’un organe législatif de transition, le renouvèlement intégral des membres de la Cour constitutionnelle, la mise en place d’un gouvernement de transition avec les caractéristiques ci-après : le Premier ministre est désigné par le M5-RFP, il ne peut être demis par le président de la République que dans les conditions prévues par la Charte de la transition. Il forme son gouvernement en entier, nomme aux hautes fonctions nationales (administration, justice, forces armées et de sécurité…), etc.
Dès la publication de ce document, plusieurs regroupements politiques soutenant le président de la République et les institutions se sont fait entendre. C’est le cas de l’ARP (Action Républicaine pour le Progrès) qui, dans un communiqué déclare que dans ce contexte où le président de la République a formulé des propositions et engagé des actions positives et à un moment où la communauté internationale assiste les Maliens en invitant les acteurs politiques au dialogue, le M5-RFP a cru devoir durcir le ton au moyen d’une série de propositions contraires aux valeurs de la République. A travers cette position radicale, l’ARP dit constater la posture de fermeture du M5-RFP avec regret. Face à cette situation, ce regroupement politique dénonce toute action qui s’apparenterait à un pronunciamiento et une mise à bas de la République. Vu l’urgence de la reprise d’une action gouvernementale vigoureuse en faveur de la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation, contre le terrorisme et les conflits intercommunautaires artificiellement créés dans notre pays et en raison d’une situation économique et financière dégradée et aggravée par la pandémie du Covid-19, l’ARP appelle à la lucidité et à la sagesse.
La réaction de la Convergence des Forces Républicaines (CFR) ne s‘est pas aussi fait attendre. Dans un communiqué de presse, la CFR dit avoir appris avec étonnement et grande déception, le contenu de la proposition du M5-RFP lors d’un point de presse. La CFR dénonce énergiquement cette proposition antidémocratique, anti-républicaine et anticonstitutionnelle qui n’est, ni plus ni moins, qu’une tentative déguisée de coup d’Etat et un appel à la violence, au moment où des négociations sont en perspective, grâce aux efforts de la communauté internationale et aux nombreuses médiations nationales. Cette organisation rappelle le caractère illégitime et illogique de la proposition du M5-RFP qui n’est fondée ni sur une représentativité issue d’élections, ni sur les lois de la République. Aussi, elle dénote le manque de bonne foi qui permettrait pourtant de faciliter le dialogue pour soulager le pays. Enfin, la CFR dénonce l’amalgame que tente cyniquement de créer le M5-RFP en associant la libération de l’honorable Soumaila Cissé aux tentatives de déstabilisation alors que les autorités sont fortement et sincèrement mobilisées pour qu’il retrouve les siens dans les meilleurs délais.
De leur côté, les partis et regroupements politiques de la majorité présidentielle disent avoir appris par voie de presse, la diffusion d’un mémorandum par le M5-RFP qui résume les dernières propositions de ce regroupement pour sortir de la crise sociopolitique que vit notre pays. Les partis de la majorité ont donc pris acte dudit mémorandum et regrettent que leur proposition de création d’un cadre de dialogue lors de la rencontre du 23 juin n’ait eu aucune suite. Ils sont aussi au regret de constater que le mémorandum contient des propos désobligeants à l’égard du président de la République qu’ils jugent inacceptables. Les partis de la majorité relèvent malheureusement que la plupart des propositions contenues dans le mémorandum s’apparentent davantage à un schéma de conquête du pouvoir par des voies non constitutionnelles que de propositions avec des chances réelles d’aboutir à l’apaisement du climat social et à une sortie de crise. Enfin ils ont réaffirmé solennellement leur soutien au président Ibrahim Boubacar Keïta et aux institutions de la République et sont dits disponibles au dialogue pour sortir le pays de la crise.