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Désobéissance civile à Bamako : Paralysie totale !
Publié le lundi 13 juillet 2020  |  Le Pays
Rassemblement
© aBamako.com par S.A
Rassemblement du M5 RFP contre le régime du président Ibrahima Boubacar Keita
Bamako, le 10 juillet 2020 des milliers de personnes se sont rassemblés à la place de l`indépendance à l`appel du mouvement M5 RFP contre le président de la république
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Courant vendredi 10 juillet, les partisans du M5-RFP (mouvement du 5 juin-rassemblement des forces patriotiques) s’étaient encore réunis au monument de l’indépendance de Bamako, ville des trois caïmans. Si les manifestations du 5 et 19 juin ont été pacifiques, cette dernière s’est soldée par un bilan déplorable.
Connus et appréciés par moult gens pour leur pacifisme, les manifestants du M5-RFP ont procédé, lors de leur troisième sortie ce 10 juillet 2020, à une démonstration de force. En vue d’obtenir la démission du président de la République, les partisans de Mahmoud et alliés ont appuyé sur l’accélérateur. Venus de Bamako et environ et de certaines villes du pays, les manifestants s’étaient réunis pour une seule chose : « Obtenir la démission d’IBK ». Pour ce faire, certains messages étaient lisibles sur les pancartes : « C’est fini pour IBK et son régime, vive le Mali » ; « IBK, violeur de notre constitution, stop et dégage » ; « Manassa Danioko, tripatouilleuse de constitution et des résultats d’élections » ; « IBK et son régime, dégagez, la commune V réclame sa victoire, on ne ment pas à son peuple, on lui doit vérité et transparence ».

Hommes comme femmes, tout le monde n’avait qu’un seul slogan : « Aba IBK et son régime ». Pendant que ces milliers de personnes étaient tenues en haleine par des cris, des chants de motivation, des danses, et des gestes d’encouragement (applaudissements, sifflements),un homme possédant trois armes à feu a été arrêté et mis à la disposition des forces de l’ordre par le public aux environs de 14H25. « L’homme avait trois armes sur lui. Il a d’abord chargé la première avant de la mettre dans sa poche. C’est quand il a fini de charger la deuxième que les gens lui ont arrêté. Son sac contenait des minutions et une autre arme à feu », nous expliquent les manifestants.



Marquée par la présence de Choguel Kokalla Maiga, Mohamed Aly Bathily, Modibo Sidibé, Clément Dembélé, Moussa Sinko Coulibaly, Cheick Oumar Sissoko, la marche a enregistré les interventions de Mohamed Salia Touré, Adama Ben Diarra, Mme Sy Kadiatou Sow, et Issa Kaou N’djim. Tous ces leaders politiques ont convenu d’appliquer, sous toutes ses formes, la désobéissance civile prévue dans l’article 121 de la constitution. D’où la naissance des violences dues à l’application abusive des 10 commandements annoncés au public.

Que prévoient-ils réellement ?

Sans ambages, c’est l’application des 10 commandements qui s’est soldée par tout ce que nous traversons actuellement. Primo, il était prévu de bloquer toutes les entrées des services de l’État, sauf ceux de santé. De s’installer dans les cours, invitant les travailleurs à se joindre au mouvement, sans entrer dans les bureaux, ou détruire quoi que ce soit. Secundo, il avait été instruit aux manifestants de bloquer toutes les entrées et sorties des principales villes, les villes secondaires et les grands axes routiers. Ils devaient systématiquement s’arrêter sur les ponts, poussant lentement les engins, provoquant l’encombrement. Il était aussi prévu d’occuper de façon permanente (nuit et jour) les ronds-points, les boulevards, rues et ruelles, faisant « opération escargot ». Le non-paiement des amendes ou contraventions jusqu’à la démission d’IBK fait partie des 10 commandements du M5. « Ouvrons des passages aux ambulances et véhicules de secours, fraternisons avec les forces de sécurité, ne bloquons pas les résidences privées, protégeons les Ambassades, consulats, les biens privés (station-service, banques, services de téléphonie), les représentants diplomatiques et les étrangers », lit-on dans le document. C’est suite à l’annonce de ces 10 commandements du M5-RFP que la foule s’est, aux environs de 15H25, acheminée vers l’ORTM, l’Assemblée nationale, la Primature, le pont Fahd et celui de Badalabougou (pont des martyrs). Déjà à 16H20, les deux ponts étaient bloqués par les manifestants. Des pneus et plein de choses étaient brûlés, en plus des blocus de ces ponts par les anti régimes.

L’Office de radio télévision du Mali occupée, d’importants dégâts matériels enregistrés



Juste après le coût d’envoi, le vendredi 10 juillet, donné par les responsables réunis au monument de l’Indépendance, l’ORTM a été nettement occupé par la foule aux environs de 16H. Les forces de l’ordre qui étaient en garde n’ont pas pu empêcher les manifestants venus en nombre suffisant pour prendre la chaine nationale du Mali en otage. Même si les agents tentaient de résister à un moment donné, l’insistance et la pression du public les ont fait changer d’avis. En l’occurrence, il a fallu l’intervention du renfort ( des manifesfants clament que ce sont des éléments de la forsat) aux environs de 17H pour déloger le public. Néanmoins, les dégâts causés restent nombreux. Des véhicules du service et du personnel de l’ORTM endommagés( 7 calcinés et les vitres d’autres brisées), des motos emportées, des serveurs emportés en plus de l’incendie de l’ORTM2. Au lendemain, samedi 11 juillet, le Premier ministre Boubou Cissé s’est rendu à l’ORTM pour le constat des dégâts. Selon le PM, des dégâts matériels importants estimés à plusieurs centaines de millions de nos francs sont effectivement causés. Le PM et sa délégation déplorent la destruction des équipements, l’incendie des véhicules de reportage et de plusieurs autres appartenant au personnel de l’ORTM. Selon les informations, l’ORTM2 a été incendiée par les manifestants. La récupération de l’ORTM par les éléments des forces de l’ordre a suscité des affrontements. Pendant que les forces de l’ordre projetaient des gaz lacrymogènes, voire des balles blanches accompagnées de grands bruits, les manifestants ripostaient par le jet de cailloux et autres objets. Entre temps, d’autres manifestants ruaient sur l’Assemblée nationale.

En un mot, plus d’Assemblée nationale

L’Assemblée nationale vient d’être mise à sac par les partisans du M5. Plus rien n’existe de bon encore. Courant samedi, nous avons pu nous rendre au sein de l’hémicycle, pour le constat des dégâts. Du haut en bas de l’immeuble, tout a été presque endommagé. Le bureau N°114 appartenant au groupe parlementaire APM, voire le B116 du groupe parlementaire VRD, celui du groupe parlementaire Adema (B117), tout comme le bureau du groupe parlementaire MPM-UDD, celui du Benson d’Aliou Diallo, et du MPM ont été tous saccagés. La plupart des documents arrangés dans les archives de l’hémicycle étaient jetés devant la porte. Ce n’est pas tout, le bureau du président de l’Assemblée (B100), celui du 4e vice-président (B105) ; du 5e vice-président (B104), du 6e vice-président (B103) n’ont pas échappé. Quant aux bureaux du 1er et 2e questeur (B112, B110), contigus à celui du 7e vice-président (B111), tout a été saccagé. Parmi les endroits détruits figurent : les bureaux du conseil juridique ; le protocole ; le chargé de mission, le secrétariat du cabinet, le 8e secrétaire parlementaire. Excepté les chaises, les vitres se trouvant dans la salle Mamadou Konaté (grande salle où les députés font des interpellations) ont été aussi endommagées. En l’occurrence, la commission de la santé, du développement social, et de la solidarité, tout comme la commission des lois constitutionnelles, de la législation, de la justice, et des institutions de la République ont été vidées de leurs contenus. Toutes les vitres de la devanture sont complément abîmées. Dans la cour, 5 véhicules dont 2 incendiés et 1 pour les agents, sont endommagés.

Paralysie de la ville de Bamako

Du vendredi 10 au samedi 11 juillet, des manifestations se poursuivaient partout dans la ville de Bamako. À Daoudabougou (près de l’Ambassade d’Algérie), passant par Faladié (tour de l’Afrique), un peu partout à Badalabougou, Salabalibougou, Kalaban (sur l’axe de l’aéroport de Sénou), Magnambougou, Torokorobougou, au monument de l’Indépendance, devant la Primature, le domicile de Manassa Danioko et les ponts étaient pris en otage par les manifestants. Après avoir appris l’interpellation de certains leaders du M5, ces jeunes engagés continuent de siéger devant la mosquée de l’imam Mahmoud Dicko, jurant que ce dernier ne va nulle part. Au siège de la CMAS, les éléments des forces de l’ordre ont pénétré le samedi 11 juillet à 7H du matin (1er tour), puis entre 9H30 et 10H (2e tour). Ils ont pu casser les vivres, emportant des ordinateurs, nous confie le gardien du local.

Au centre-ville, des bâtiments appartenant à Karim Keita, sa femme, son beau-père seraient aussi saccagés par les manifestants. Idem pour l’ancien bâtiment où était logé la primature juste à côté du monument de l’indépendance. Des boutiques, banques et stations n’ont pas été aussi épargnés.



En ville, des manifestants, majoritairement mineurs, ont bloqué presque tous les grands carrefours et les ponts. Pneus brûlés… ils en ont fait un fond de commerce. Pour passer, il faut négocier et payer 500F ou 1000F.

Des blessés et des morts

Lors de sa visite tenue courant samedi 11 juillet à l’hôpital Gabriel Touré, le PM Boubou Cissé parlait de trois (3) morts et de 74 blessés répartis entre l’hôpital Gabriel Touré, et les six (6) centres de santé de référence des communes du district de Bamako. Nos informations de dernière minute confirment la mort de six (6) autres personnes tuées par balles vers la mosquée de l’imam de Badalabougou, ce lorsque les forces de l’ordre tentaient d’occuper l’endroit pour arrêter Mahmoud Dicko, nous confirme un proche de l’Imam.

A l’heure où nous mettons cet article sous presse, le bilan exact de l’évènement reste inconnu.

Après la prière mortelle et l’accompagnement des morts à leur dernière demeure, l’imam Mahmoud Dicko a appelé les manifestants au calme et à la retenue. Peu après, la tension a repris en commune V où le siège du RPM fut complètement détruit. Des routes, notamment l’entrée du pont Fahd coupés. C’est repartie pour une soirée mouvementée.

Mamadou Diarra
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