Le 10 juillet 2020, l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a publié son nouveau rapport mondial sur la criminalité liée aux espèces sauvages 2020. Dans ce document, il est question des impacts du trafic des espèces sauvages, comme les pangolins, les oiseaux, les tortues, les tigres, les ours, etc., sur la nature et la biodiversité. L’ONUDC met en exergue dans ce document d’une centaine de pages, l’impact du trafic de certaines espèces sauvages.
400 et 230 millions de dollars américains, c’est les revenus générés par le trafic d’ivoire et de corne de rhinocéros entre 2016 et 2018. En tout cas, c’est ce qui ressort du rapport de l’ONUDC sur la criminalité mondiale contre les espèces sauvages 2020. Un document qui décrit « les principales tendances mondiales de la criminalité liée aux espèces sauvages et analyse les marchés du bois de rose illicite, de l’ivoire, de la corne de rhinocéros, des écailles de pangolin, des reptiles vivants, des grands félins et de l’anguille européenne ». Selon ce rapport, le marché d’ivoire africain et de corne de rhinocéros est en déclin et la taille des marchés illicites plus petite.
Trafic d’espèces sauvages et pandémies
« Lorsque des animaux sauvages sont braconnés de leur habitat naturel, abattus et vendus illégalement, le potentiel de transmission de maladies zoonotiques — celles causées par des agents pathogènes qui se propagent des animaux aux humains — est accru », précise-t-on dans le communiqué.
Selon l’ONUDC, les zoonoses représentent jusqu’à « 75 % de toutes les maladies infectieuses émergentes et incluent le SRAS-CoV-2 qui a provoqué la pandémie de COVID-19 ». Car les produits provenant des espèces victimes de trafic « pour la consommation humaine échappent par définition à toute hygiène ou contrôle sanitaire ». À ce titre, ONUDC formule le risque pressant de propagation de maladies infectieuses.
Les pangolins à la source du coronavirus ?
À travers ce rapport, l’ONUDC fait comprendre que les pangolins sont des mammifères sauvages les plus trafiqués au monde. Pourtant, ils ont été identifiés comme une source potentielle de coronavirus, explique-t-on dans le communiqué.
La base de données des saisies de World WISE de l’ONUDC fait voir que près de 180 000 saisies ont été effectuées dans 149 pays et territoires du monde durant ces deux dernières années. « Près de 6 000 espèces ont été saisies entre 1999 et 2019 », indique la même source. Ces données concernent non seulement des mammifères, mais aussi des reptiles, des coraux, des oiseaux et des poissons.
Dans ce rapport, il est souligné que ces dernières années les saisies des produits provenant du tigre ont augmenté. Les trafiquants se sont assez intéressés à d’autres gros félins en guise de substituts. Cette augmentation de saisie reste le même pour le trafic de bois.
Dans le communiqué de l’ONUDC à l’occasion de la publication de ce rapport, il est indiqué que le numérique contribue grandement à ce trafic. Un phénomène dont il est difficile de résoudre pour plusieurs raisons, notamment « le manque de transparence, des cadres réglementaires incohérents et des capacités limitées d’application de la loi ».
Phénomène mondial
Sur la base de ces données, ONUDC explique que « la criminalité liée aux espèces sauvages affecte tous les pays par ses effets sur la biodiversité, la santé humaine, la sécurité et le développement socio-économique ». C’est un phénomène mondial, explique-t-on. Il profite aux « réseaux transnationaux de criminalité organisée », selon la directrice exécutive de l’ONUDC, Ghada Waly qui précise que ceux-ci « récoltent les bénéfices de la criminalité liée aux espèces sauvages ». Les perdants dans cette criminalité sont les pauvres, a-t-elle souligné.
Lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages
« Pour protéger les personnes et la planète conformément aux objectifs de développement durable et pour mieux reconstruire après la crise du covid-19, nous ne pouvons pas nous permettre d’ignorer la criminalité liée aux espèces sauvages », indique la directrice exécutive de l’ONUDC, Ghada Waly.
Toutefois, ONUDC explique que « l’arrêt du trafic d’espèces sauvages est une étape cruciale non seulement pour protéger la biodiversité et l’état de droit, mais aussi pour aider à prévenir de futures urgences de santé publique ». Ivonne Higuero, Secrétaire générale de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES), estime que « des données précises sont le fondement de l’élaboration des politiques. » Outre cela, ce rapport de l’ONUDC invite à une « coopération internationale », à des « enquêtes transfrontières et suggère que les États déploient davantage d’efforts pour définir la criminalité liée aux espèces sauvages comme un crime grave en vertu de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée (UNTOC) ». En un mot, le rapport souligne la nécessité d’avoir des systèmes de justice solide pour vaincre le fléau de la criminalité liée aux espèces sauvages.