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Entre religion et politique, l’imam Mahmoud Dicko au centre de l’échiquier malien
Publié le mardi 14 juillet 2020  |  AFP
L`imam
© Autre presse par DR
L`imam malien Mahmoud Dicko lors du lancement de son mouvement politique la Coordination des mouvements, associations et sympathisants (CMAS), le 7 septembre 2019 à Bamako.
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L'imam Mahmoud Dicko, principale figure de la contestation qui secoue le pouvoir malien, a fait dans la crise en cours la démonstration spectaculaire de sa stature d'incontournable à la croisée de la religion et de la politique.

Voilà un homme auquel le Premier ministre Boubou Cissé, dans la tourmente des derniers jours, vient rendre visite pour parlementer à 1H00 du matin dans son fief de Badalabougou, quartier de Bamako au bord du fleuve Niger.

Voilà un homme aussi dont les fidèles avaient, la nuit précédente, transformé la mosquée et ses alentours en camp retranché, inquiets qu'il ne soit arrêté à son tour et prêts à en découdre.

L'imam Dicko était déjà un des hommes les plus influents, sinon puissants du Mali. La crise a renforcé l'ascendant de ce leader musulman radical et patriote.

Dimanche, il a lancé un appel au calme. "Nous pouvons vraiment trouver et obtenir tout ce que nous cherchons (par) la patience (et par) les bonnes manières", a-t-il assuré à l'AFP. Le calme est effectivement revenu à Badalabougou, foyer de violences.

"C'est ici que tout se joue, plus à Koulouba", le palais présidentiel, veut croire, un large sourire aux lèvres, Moussa Doumbia devant la mosquée où l'imam prêche depuis les années 80.

Moussa Doumbia, un jeune partisan d'une trentaine d'années, est convaincu que l'imam Dicko est en train de venir à bout du président Ibrahim Boubacar Keïta, alias IBK, cet homme dont le mouvement de contestation réclame la démission, cet homme aussi que l'imam a beaucoup soutenu par le passé et avec lequel il a, à sa manière, participé à l'exercice du pouvoir.

- Imam "malin" -

L'imam Dicko, 66 ans, figure ronde en boubou à petite barbichette, "c'est un malin, peut-être le plus malin", sourit Moussa Doumbia.

Il n'avait jamais cessé de tirer des ficelles, au nom des valeurs traditionnelles et de la Nation qu'il dit défendre contre la corruption, la trahison ou l'indécence. Il est devenu une sorte d'autorité politico-spirituelle du plus large mouvement de contestation anti-pouvoir que le Mali ait connu depuis le coup d'Etat de 2012.

Ce chantre d'une "refondation" sur les bases sociétales et religieuses qui sont celles du Mali n'a pas forcément grand-chose en commun avec les leaders du Mouvement dit du 5-Juin qui s'est agrégé autour de son nom et son aura quand la parole politique est largement discréditée, conviennent les analystes.

Que cherche-t-il, le Tombouctien de naissance qui s'est éduqué à l'islam tendance wahhabite notamment en Arabie saoudite ? Veut-il la démission du président, comme le M5 dont il ne fait pas partie officiellement ?

Il a œuvré pour que le mouvement renonce à une telle revendication, selon son entourage. Lui-même, bien qu'ardent contempteur du pouvoir, ne demande pas publiquement le départ du président.

"L'imam cherche ce qu'il a toujours cherché: influer sur la politique et la gouvernance", répond Ibrahim Maïga, chercheur à l'Institut d'études de sécurité à Bamako.

Quitte à assumer des responsabilités politiques ? "Faire de la politique politicienne ne m'intéresse pas", disait-il en 2019 à l'AFP.

- Imam "constant" -

"Il a toujours flirté avec les questions politiques sans mettre officiellement le pied dedans", explique le chercheur. Il se fait représenter au sein du M5 par un proche, Issa Kaou Djim.

Il a par le passé pesé de tout son poids de président du Haut conseil islamique (HCIM, de 2008 à 2019), principale organisation islamique dans un pays à 90% musulman, pour mener des batailles idéologiques: en 2009 en faisant réviser un nouveau Code de la famille qui accordait davantage de droits aux femmes, en 2018 en obtenant l'abandon d'un projet de manuel scolaire d'éducation sexuelle.

En 2015, après l'attentat à l'hôtel Radisson Blu de Bamako (20 morts), il évoquait une "punition divine".

En avril 2019, il participait au rassemblement de dizaines de milliers de Maliens contre les violences dans le centre du pays. Le Premier ministre avait alors été poussé à la démission.
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