Le Mali traverse une période très critique de son histoire démocratique. Les manifestations, comme nous avons l’habitude de les constater dans la capitale, ont pris une dimension inédite : la désobéissance civile. Ces dernières années, c’est la première fois qu’on y arrive à une telle extrémité. Elle est un droit constitutionnel et les citoyens mécontents peuvent en user tout en restant dans le cadre légal. Mais ce qui est à craindre, en cas de désobéissance est-il possible de gérer la foule d’autant bien qu’on sait lorsque que le désordre s’installe, le non-respect des institutions, le pouvoir en un mot, des citoyens mal intentionnés peuvent profiter de l’occasion pour mettre à sac les biens de l’État. En ce moment, tout devient difficile. Ni l’État à travers les forces de l’ordre ni les initiateurs de la désobéissance ne pourront maitriser la situation. Et c’est ce qui arriva malheureusement avec la sortie du M5 RFP le 10 juillet. Un rassemblement dit pacifique qui s’est soldé par des actes regrettables pour tout Malien animé de bon sens ; des faits qui font du Mali la risée du monde entier et prouvent à suffisance que nous n’avons pas pitié de nous-mêmes, car c’est au moment où le monde entier est à notre chevet qu’on s’adonne à des pratiques peu orthodoxes. Ces pays partenaires prennent tout le risque pour le Mali et nous, nous sommes dans d’autres shamas obscurs. Sinon, s’il est réellement question du Mali, nous devons utiliser d’autres mécanismes appropriés, qui ne menacent point la stabilité d’un pays déjà fragile, pour mettre de l’ordre. D’aucuns me diront qu’IBK n’écoute pas, qu’il ne respecte pas sa parole donnée. Mais je trouve que la belle lancée du M5, après les deux premières sorties, avait fait bouger les lignes. Alors, il fallait continuer autrement pour qu’on n’arrive pas à cette désolation.
Voyons bien les choses et soyons très vigilants. Cette bataille que je qualifierai de politique doit se passer tout en épargnant d’autres secteurs qui ont en charge la stabilité du Mali, car les politiques s’en vont, mais ces milieux demeurent au service de la nation.
La scène déplorable à laquelle nous assistons en ce moment, c’est l’accusation portée contre la FORSAT d’avoir tiré sur les manifestants et d’être responsables des morts, des blessés… enregistrés. Je m’incline devant la mémoire de ces braves fils du pays qui sont tombés pour des convictions personnelles que nous devons tous respecter. L’utilisation des balles réelles lors des manifestations est condamnable. Mais la bienséance voudrait qu’on exige l’ouverture d’une enquête afin de situer les responsabilités avant d’accuser de manière fortuite X ou Y.
Et la lettre du Premier ministre adressée au département de la Sécurité, hier, est une illustration parfaite.
Aujourd’hui, la FORSAT est sur toutes les lèvres. Malmenée par les contestataires du régime, elle vient d’être aussi lâchée par des politiques qui sont à l’épicentre du régime. Ces hommes semblent être dans la logique de se sauver politiquement en s’agrippant aux informations sensationnelles qu’à la vérité. Ils connaissent bien la procédure en de telles circonstances et devraient normalement appeler tout le monde à s’inscrire dans cette dynamique : C’est-à-dire, l’ouverture d’une enquête et attendre les conclusions.
Dès l’annonce de la nouvelle contre la FORSAT, j’ai bien évidemment mené des investigations qui prouvent autres thèses que celle relayée contre cette unité antiterroriste. Et les personnalités approchées sont en train de rassembler tous les éléments afin de mettre à la disposition du public toute la vérité sur ces évènements tragiques.
Pour rappel, ce n’est pas la première fois que la FORSAT est accusée à tort. Après les évènements qui se sont déroulés à Sikasso, j’avais appliqué la même procédure et après les échanges avec plusieurs personnalités de la ville, il s’est avéré que l’unité n’avait rien à voir avec ce qui s’est passé à Sikasso. C’est vrai qu’elle y était, mais elle est arrivée le soir. Cela a trouvé que le calme était revenu.
La FORSAT a uniquement pour mission, la lutte contre les terroristes. Elle est issue des entrailles de la police, la gendarmerie et la garde nationale. Et ce sont des éléments des unités d’élite de ces trois branches qui la composent.
À Bamako, ses interventions remarquables lors des attaques terroristes contre certains milieux sont appréciées sous d’autres cieux. L’unité est un bouclier contre le mal du siècle, le terrorisme, qui est présent presque partout à travers le monde.
Aujourd’hui, le nom de la FORSAT seulement fait peur. Que les citoyens comprennent qu’elle a uniquement pour cible les forces du mal qui terrorisent les populations et sont une menace contre la stabilité du pays.
Vouloir la détruire pour des combats politiques est un danger pour l’avenir du Mali. Alors, qu’on l’éloigne de ce champ, car elle est là pour le Mali et non un individu ou un groupe de personnes. Après IBK, elle continuera à exister pour le salut du Mali.
En dernier ressort, ne jetons pas en pâture nos forces de l’ordre. Elles se battent nuit et jour pour notre sécurité. Et il y a des exemples patents qui doivent être renforcés : lors des manifestations de la plateforme AN TE A BANNA, celles aussi guidées par Mahmoud Dicko, des images témoignent l’entre aide entre les manifestants et les agents des forces de l’ordre. Les deux doivent être des complices et non des adversaires. En cette période difficile que traverse notre pays, posons des actes pour requinquer leur moral. Elles ne sont pour aucun politique, mais le Grand Mali et son digne peuple.