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Conséquences de l’insécurité sur les populations civiles : vives inquiétudes dans le nord et le centre du pays
Publié le mercredi 15 juillet 2020  |  Mali Tribune
Attaque
© aBamako.com par DR
Attaque djihadiste contre un détachement du Groupement des Forces anti-terroristes (GFAT) de l’armée burkinabè dans le village de Nassoumbou
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Le Mali traverse une crise profonde de protection à cause de l’insécurité due aux conflits et aux tensions inter et intra-communautaires dans le nord et le centre du pays. Depuis le début de l’année, les actes de violence en direction de la population civile n’ont cessé d’augmenter surtout dans les régions de Mopti, Ségou et Gao. Au total, 128 attaques de villages -dont les civils en sont les principales victimes- et 89 mouvements de population ont été recensés.
“Les civils continuent de payer le plus lourd tribut aux conflits dans le pays. Les conséquences humanitaires des attaques de villages, des tueries, des enlèvements, de la destruction des champs et des greniers et du vol de bétail notamment dans la région de Mopti sont sans précédent. Dans un tel climat d’insécurité, il est très difficile voire parfois impossible de secourir les populations affectées et d’apporter une assistance immédiate aux plus vulnérables au regard de l’accès et de l’espace humanitaires de plus en plus compromis”, a souligné M. Johannes Van der Klaauw, Coordonnateur Humanitaire adjoint pour le Mali.

Les violences inter et intra-communautaires et les attaques armées contre les populations, les villages et les infrastructures publiques continuent de porter atteinte à la protection des civils et de causer de nombreuses pertes en vies humaines. Au total, 443 civils ont été tués entre janvier et mai 2020, selon les rapports du Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies sur la situation au Mali. De ce fait, en moyenne, trois civils meurent chaque jour en raison de l’insécurité. Pour rappel, 558 civils ont été tués en 2019 durant la même période. On compte de nombreux enfants parmi les victimes de ces attaques. Entre janvier et mars 2020, 47 cas de meurtres et mutilations ont été documentés, dont 31 enfants tués et 16 enfants mutilés. Cela marque une forte augmentation par rapport au trimestre précédent (19 enfants tués et mutilés).

Le 1er juillet, l’attaque de plusieurs villages dans le cercle de Bankass, dans la région de Mopti, au centre du Mali, s’est soldée par plus de 30 civils tués. A cela s’ajoutent des attaques perpétrées dans dix autres villages dans le cercle de Koro, dans la même région, entre le 3 et le 7 juillet. Face à cette situation, les survivants de ces attaques ont fui en grand nombre vers des endroits estimés plus sûrs.

La recrudescence des attaques de village continue de provoquer des déplacements forcés, réactifs ou préventifs. Le nombre de personnes déplacées internes (PDI) a quadruplé en deux ans à cause de l’insécurité persistante dans le nord et le centre pour arriver à plus de 250 000 en avril 2020, contre 60 000 en avril 2018. Parmi ces personnes près de 50 pour cent vivent dans les régions de Mopti et de Ségou et plus de la moitié (58 pour cent) sont des enfants de moins de 18 ans.

En outre, les cas de violations des droits humains documentés ont atteint un niveau sans précédent durant le premier semestre de l’année avec 1 775 cas rapportés comparativement à 1 882 cas pour toute l’année 2019. Durant cette même période, les violations des droits les plus fréquentes sont les atteintes au droit à la propriété, au droit à l’intégrité physique et psychique et au droit à la vie. Les cas de violations graves des droits de l’enfant par les parties au conflit connaissent aussi une forte augmentation avec 322 incidents de violations graves rapportées au premier trimestre de 2020 contre 174 au cours du trimestre précédent. Les violations les plus fréquemment rapportées sont les meurtres et mutilations d’enfants ainsi que le recrutement et l’utilisation des enfants par les forces et groupes armés, qui sont un phénomène croissant.

La prolifération des groupes armés et des armes légères et de petits calibres et la nouvelle tendance de destruction des moyens de subsistance rendent la situation encore plus complexe pour conduire des activités de médiation, réconcilier les différentes communautés, renforcer la cohésion sociale et favoriser le retour du personnel des services sociaux de base

Les infrastructures publiques comme les écoles, les ponts, les bacs font de plus en plus fréquemment l’objet d’actes de sabotage, notamment par l’utilisation de substances explosives. Le 1er juillet, le bac de Lellehoye situé dans la Commune de Bourra, cercle d’Ansongo, dans la région de Gao, a été incendié par des hommes armés. Le 7 juillet, le pont 43 situé dans le cercle de Bandiagara, dans la région de Mopti, a été détruit par un engin explosif improvisé. La destruction de quatre ponts sur la route nationale (RN 15) porte gravement atteinte à la protection des populations, car elle empêche d’une part le bon déroulement des secours d’urgence et l’acheminement de l’aide humanitaire et d’autre part l’accès de la population aux services publics, aux marchés et à leurs moyens de subsistance habituels.

“Il est plus qu’urgent que toutes les parties au conflit mettent fin à la violence et assurent la protection des civils notamment des réfugiés, des personnes déplacées internes et des civils de façon générale dans leurs zones d’opérations conformément au droit des réfugiés, au droit international des droits de l’homme et au droit international humanitaire. Même en situation de conflit armé, les civils comme leurs biens essentiels et les infrastructures publiques doivent être protégés et ne doivent en aucun cas être pris pour cibles”, a affirmé M. Buti Kale, Représentant du HCR au Mali.

La crise de protection au Mali se déroule dans un contexte marqué par des urgences humanitaires qui nécessitent la mobilisation de tous les acteurs et décideurs pour assurer la sécurité et la dignité des civils. Le Mali reste également affecté par une insécurité alimentaire sévère qui a atteint son niveau le plus élevé depuis 2014 avec 1,3 million de personnes touchées pendant cette période de soudure. L’accès à l’eau et à des conditions d’hygiène et d’assainissement adéquates, à l’éducation, aux services judiciaires reste très limité dans le nord et le centre en raison de l’insécurité. A cette situation s’ajoutent la pandémie de Covid-19 avec le plus grand nombre de cas enregistrés dans le district de Bamako suivi des régions de Tombouctou et de Mopti et son impact sur les plans social et économique, risquant d’exacerber les vulnérabilités et les problèmes existants de protection. De plus, avec le début de la saison des pluies, les inondations restent une menace supplémentaire pour les ménages vulnérables vivant dans les zones à risque.

(source Pnud)

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