Quelques centaines de soldats des forces spéciales européennes devraient, sous commandement français, aider les Forces armées maliennes à enrayer le terrorisme
«Takuba» est un mot en Tamashek, la langue des Touaregs qui nomme l’épée utilisée dans la tradition pour protéger l’honneur. L’idée de la mise en place d’une Task force portant ce nom, a émergé à l’occasion du Sommet de Pau, en France, où les chefs d’État du G5 Sahel s’étaient retrouvés autour de leur homologue français pour repenser les stratégies anti-terrorisme dans le Sahel. Les présidents malien et nigérien avaient appelé l’Europe à mettre sur pied cette Force pour «assister les forces armées maliennes dans la lutte contre les groupes terroristes et appuyer les efforts actuellement déployés par l’opération Barkhane et la Force conjointe du G5 Sahel».
Une dizaine de pays européens ont officialisé leur soutien à l’initiative. Le 27 mars dernier, les ministres de la Défense et représentants de l’Allemagne, de la Belgique, du Danemark, de l’Estonie, de la France, du Mali, du Niger, de la Norvège, des Pays-Bas, du Portugal, de la République Tchèque, du Royaume-Uni et de la Suède ont participé à la réunion ministérielle de lancement de la Task Force.
Parmi ces pays, cinq (Belgique, Danemark, Estonie, Pays-Bas et Portugal) sont, avec la France, prêts à envoyer des hommes. Des éléments qui pourraient entrer en action, aujourd’hui, dans la région dite des «trois frontières», sous commandement français. Mais à ce stade, ni le chiffre de chaque contribution, ni leur nature ne sont évoqués.
De par sa structuration, la Task Force Takuba pourra agir rapidement et s’adapter à l’évolution de la menace. Elle opèrera dans la région du Liptako et sera principalement composée de forces spéciales soutenues par des moyens essentiels fournissant un haut niveau d’autonomie.
Aussi, jouera-t-elle un rôle clé dans l’autonomisation rapide des forces armées locales. Toutes choses qui enchantent déjà les pays du G5 Sahel, tant l’urgence situationnelle nécessite un engagement fort afin de défaire l’État islamique au Grand Sahara et autres groupes terroristes qui sèment la désolation. C’est peu de dire que les bilans des attaques sont désastreux et inédits.
Cette impulsion nouvelle soulagera également la France dans la guerre qu’elle mène au Sahel et qui lui a déjà coûtée plusieurs soldats. Des observateurs estiment que la participation de Nations européennes à cette lutte est gage de pérennité pour le dispositif français.
Les engagements militaires au Sahel s’inscrivent dans une approche plus globale de promotion de la sécurité et de la stabilité dans la région.
Takuba s’inscrira donc au sein du premier pilier «combat contre le terrorisme» de la «Coalition pour le Sahel», nouveau cadre annoncé lors du sommet de Pau ayant pour objectif de rassembler de manière cohérente les différentes actions menées sur place.
Selon le premier calendrier, la Task Force Takuba devrait atteindre sa capacité opérationnelle initiale (IOC) durant l’année et sa pleine capacité opérationnelle (FOC) début 2021.