Le 3ème meeting du Mouvement du 05 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) de ce vendredi 10 juillet 2020 a tourné au vinaigre suite à l’appel à la désobéissance civile jusqu’à la démission du président IBK et de son régime. Les manifestants ont mis à sac l’Assemblée nationale et vandaliser l’Ortm. Suite à ces manifestations et aux ripostes des forces de sécurité, une vingtaine de personnes sont mortes. Le président de la République et l’autorité morale du M5-RFP, l’imam Mahmoud Dicko, ont appelé au calme, à la retenue et au dialogue. Morceaux choisis de leurs interventions !
IBK : « …Nous avons suivi, tous, et déploré ce qui s’est passé hier dans notre pays, en particulier dans la capitale, Bamako. Des actes de vandalisme à nul autre pareil ! Le saccage de l’Assemblée nationale ! L’occupation de l’Office de Radiodiffusion-Télévision Nationale du Mali ! Le pillage des biens d’honnêtes citoyens ! Les voitures incendiées d’agents du service public !
Et plus grave, dans des circonstances qui seront élucidées, inchallah, par une enquête : des pertes en vies humaines, des blessés ! Je vais m’incliner devant les victimes, adresser mes condoléances les plus émues aux familles des défunts et prier pour le prompt rétablissement des blessés. En père de famille, je sais ce que ressentent les parents concernés. Je comprends leur douleur et je m’y associe. L’Etat de droit s’assumera, les libertés fondamentales seront préservées tant que je continuerai d’avoir le lourd privilège de vous servir. Pour autant, l’Etat de droit nous assigne à tous, des devoirs et des obligations. De ces droits comme de ces devoirs, je suis le garant. Ce sont là des lignes rouges, la seule condition pour préserver et notre démocratie et notre culture qui rejette l’excès, pour lui préférer la tolérance, l’amour, l’écoute, le partage. Donc accepter de se parler et se donner la chance de se comprendre !
Suite aux nombreuses analyses et consultations, sollicitations sur la crise post-électorale, et pour la sauvegarde et la préservation de la vie, même des membres restants de la cour constitutionnelle, j’ai décidé, non sans en mesurer la gravité -mais que ne ferait-on pour le salut national – nous sommes dans l’obligation de nous surpasser, de n’envisager que le Mali. J’ai donc décidé d’abroger le décret de nomination des membres restants de la Cour constitutionnelle et d’aller vers la mise en œuvre des recommandations issues de la mission de Cedeao. La dissolution de la cour va nous conduire dès la semaine prochaine à demander aux autorités compétentes la désignation de membres pour que rapidement, une cour reconstituée nous aide à trouver les solutions au contentieux issu des élections législatives. Autant que possible, des mesures d’apaisement judiciaires seront examinées, mais tout le monde conviendra que cette fois-ci, toutes les limites du tolérable auront été atteintes et dépassées, des faits d’une extrême gravité ont été posés, qui méritent examen et assurément sanctions judiciaires appropriées.
Enfin, pour être en plus grande capacité de faire face à la situation actuelle tout en donnant des chances au gouvernement de consensus, à la mise en place de duquel nous nous attelons et nous ne perdons pas patience ni courage, je continuerai de privilégier le dialogue, avec toutes les forces vives de la nation, pour la mise en place d’ une équipe gouvernementale consensuelle, composée de cadres républicains… J’ai toujours eu souci de la quiétude, de la paix et de la compréhension entre les enfants du Mali. Je ne changerai pas d’attitude, tel sera toujours ma raison de vivre, le Mali, quoi qu’on en ait dit, toujours le Mali est au-dessus de tout ».
Mahmoud Dicko : « J’appelle les manifestants au calme et à la retenue. Ne tombons pas dans le piège de la violence. Le combat que nous menons, c’est pour restaurer la nation malienne. C’est encore donner à cette nation sa dignité et son honneur. C’est pour faire en sorte que cette gouvernance catastrophique qui nous a conduits dans cette situation où le Mali est en train de s’abîmer sous nos yeux… ne soit pas une réalité…Nous sommes maliens et se problème sera réglé entre maliens. Nous n’avons aucun problème avec la personne d’IBK, c’est son mode de gouvernance que nous dénonçons. Ceux qui sont morts, sont morts pour le Mali. Nous ne voulons plus de morts. Que les pilleurs arrêtent ce qu’ils font. Ce n’est pas notre lutte. Que ceux qui attaquent les forces de l’ordre arrêtent. Ce sont nos frères. L’heure est au dialogue. Plus de morts, ça suffit comme ça…Tous ceux qui barricadent et rançonnent les paisibles citoyens ne sont pas des nôtres. Le Mali est tout ce qu’on a. Attention à ne pas le mettre à feu pour des intérêts personnels…Maintenant que nos prisonniers sont livrés, on peut dialoguer ».
En tout cas, en vue de décrisper la situation, tous les leaders du M5-RFP qui ont été arrêtés ont été relâchés. Pour certains observateurs maliens, il faudra des deux côtés mettre la force de la raison devant celle du cœur. Rien n’est encore perdu, il faut donc pour l’intérêt du Mali instaurer un dialogue franc et sincère.