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IBK, de héros providentiel à chef d’Etat ultra contesté: qui l’aurait cru en 2013 ?
Publié le vendredi 17 juillet 2020  |  Infosept
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© aBamako.com
Lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita
Bamako, le 11 juin 2015, le CICB a abrité la cérémonie de lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita, c`était sous la Haute présidence de SEM, Ibrahim Boubacar KEITA
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L’exercice du pouvoir politique et ses mystères ! Un art hautement ardu à comprendre pour
le commun des mortels. L’homme providentiel d’aujourd’hui peut être ultra impopulaire
demain, et le contraire est vrai. Ibrahim Boubacar Keita, celui à qui le pouvoir allait si bien,
presque du sur-mesure, est aujourd’hui aux yeux de beaucoup de Maliens, un président qui
aura déçu les attentes les plus essentielles. Alors qu’en 2013, après la gueule de bois du
coup d’Etat du 22 mars 2012, il était l’homme qu’il fallait à Koulouba.
Après les douloureux évènements consécutifs au putsch du 22 mars 2012, les Maliens
étaient unanimes sur le fait que le pays avait surtout besoin d’une bonne dose d’autorité. Et
ce, pour faire face au défi sécuritaire en restaurant la chaine de commandement inexistante
à l’époque, et aussi et surtout, pour remettre la vertu au cœur de la gouvernance. Pour cela,
Ibrahim Boubacar Keita, avec le charisme qui était le sien, et ses envolées lyriques à faire
frémir tout Malien, semblait l’homme de la situation. Il fut élu sans conteste, plébiscité
même. Au point que son challenger du second tour, Soumaila Cissé, n’eut d’autre choix que
de s’incliner et reconnaitre sa défaite. Ce dernier se rendit au domicile d’IBK accompagné de
sa famille pour féliciter le futur président. Fait inédit en Afrique.
En 2013, les Maliens votèrent pour IBK, par conviction et non à la suite d’offrandes factices
de billets roses ou de cartouches de thé. Jeunes et vieux, intellectuels et gens de la
campagne, tous n’avaient qu’un même slogan à la bouche : IBK président ! Certains arguent
que n’eut été le soutien de la junte militaire et de la classe religieuse, qu’il ne serait pas
président, en tous cas, pas aussi facilement. Sur ce point, rendons à César ce qui revient à
César. Le triomphe d’IBK ne souffrait d’aucune machination ou calcul politique. A l’époque,
les Maliens voulaient réellement porter ce dernier au pouvoir car il semblait, et de loin, le

candidat le plus intègre parmi tous les autres. L’espoir était au zénith, et ceux qui flirtaient
avec les pratiques peu orthodoxes commençaient déjà à trembler de peur.
Hélas, un mandat plus tard, les attentes furent lourdement déçues. Malgré cela, il fut réélu
en 2018, sans doute grâce à la machine électoraliste qu’il avait à sa disposition mais aussi
parce que son challenger d’en face n’avait pas le charisme nécessaire pour le battre.
Soumaila Cissé souffrait aussi d’une image affreusement ternie par ses adversaires
politiques.
Cependant, en 2013, très peu de Maliens auraient pu prédire qu’un mandat et deux ans plus
tard, IBK se retrouverait contesté au point de faire face à une contestation populaire jamais
observé dans ce pays. Et pour la première fois de l’histoire du Mali, l’on demande la
démission d’un président démocratiquement élu. Il aurait déçu à tel point que même des
alliés de la première heure se dressent contre lui. Aujourd’hui, le président IBK est très loin
de l’image qu’il dégageait jadis, un homme à poigne qui n’a que faire des petits
arrangements douteux. Aujourd’hui, son aura flétri à vue.
Et si le scénario inverse se réalisait ?

Certes, nous ne disposons pas d’une boule de cristal prédisant l’avenir. Mais pourquoi ne pas
envisager le déroulement d’un scénario inverse dans un futur plus ou moins proche. Les
Maliens élièrent un homme politique qui semblait avoir tout pour réussir et qui, au final,
aura déçu beaucoup. Et ils ont rejeté celui-là qu’on traitait de tous les noms d’oiseaux car
simplement n’ayant pas le charisme nécessaire. Sauf que ce dernier qui est en otage depuis
plus de 100 jours, pourrait sortir de cette terrible épreuve avec une aura fortement
ragaillardie. Surtout que le chef d’Etat en place en a perdu en cours de route. Donc,
Soumaila Cissé, que beaucoup donnaient pour fini politiquement, pourrait prendre sa
revanche, et bénéficier d’un plébiscite semblable à celui d’IBK en 2013. Et comme au Mali,
l’histoire n’est qu’un éternel recommencement, un tel scénario a son sens.
A moins qu’un parfait inconnu, fasse irruption sur l’arène politique, ou du moins un gros
outsider, et occuper le fauteuil présidentiel.
Ahmed M. Thiam
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