Hier, jeudi, 16 juillet 2020, l’hôtel Salam de Bamako a abrité la rencontre de Médiation de la crise sociopolitique entre le M5-RFP et la mission de la CEDEAO avec à sa tête l’ancien président du Nigéria, Jonathan Goodluck. Le Coordinateur de la CMAS, Issa Kaou Djim, qui a quitté la table de médiation « pour une autre mission qui l’attendait », a donné son point de vue à la presse. Selon Kaou Djim, avant d’entrer dans toute négociation, il faut que la lumière soit faite sur la mort de « 23 civils » lors des événements survenus les 10 et 11 juillet 2020 à Bamako.
«La question fondamentale qui est posée n’est pas répondue. Est-ce qu’aujourd’hui, avec plus de vingt-trois morts du président Ibrahim Boubacar Kéita et de son Premier ministre Boubou Cissé, on doit parler de négociations institutionnelles? », a indiqué Issa Kaou Djim. Il ajoutera qu’il est déçu que la question n’est pas été répondue lors de la rencontre. « Qui doit être responsable de ces innocents tués, blessés, meurtris au nom de la liberté et de la démocratie ? Cette question n’a pas été éclairée. Je pense que le Mali mérite mieux que, je m’excuse de l’expression, mais l’essentiel a été occulté. La question elle est posée. Le peuple connait le problème, IBK connait le problème. Le peuple ne veut plus de ce régime, ce régime ne peut plus, il a du sang sur les mains. Mais qu’on nous dise si Boubou Cissé doit partir ou ne doit pas partir, c’est insulté le peuple.» Pour le Coordinateur de la CMAS, la CEDEAO ne proposera rien. Elle se contentera seulement, ajoute-t-il, de sauver des Chefs d’État. « Je sais ce que la CEDEAO va dire, telle personne rentre dans le gouvernement telle personne ne rentre pas alors que le Mali a besoin d’un changement », a déclaré Issa Kaou Djim. Pour lui, avant tout, il faut que les coupables des tueries soient identifiés. « Si c’est les militaires, si c’est les gendarmes, si c’est les policiers, si c’est des miliciens, qu’ils soient immédiatement arrêtés et déférés. Si cela n’est pas fait, moi personnellement, je ne rentre dans aucune négociation. Avec ces morts, vous pensez que c’est digne de parler de négociation et de qui rentre ou pas dans le gouvernement ? C’est que le peuple veut c’est qu’IBK et Boubou nous disent qui a tué ces Maliens afin qu’on les arrête et les poursuivre devant la cour pénale. C’est ça la question. Mais venir nous parler seulement de négocier, avant de négocier, il y a le sang qui a coulé. Il faut établir cette vérité. »
Quid de l’annulation du grand rassemblement de ce vendredi ? Nous n’avons pas annulé notre manifestation du vendredi, mais nous avons estimé que, conformément à notre culture et à notre tradition, pour prier sur le repos des morts des manifestations du 10, 11, et 12 juillet 2020, que l’endroit idéal est les lieux des cultes, selon le coordinateur de la CMAS. « Il ne faut pas montrer qu’on ait en train de politiser la mort de ces victimes, des patriotes, des héros, des martyrs. Qu’il fallait les rendre hommages dans des conditions meilleures conformément à notre tradition et culture. C’est pourquoi on a demandé que soit organisé sur l’ensemble du territoire de prier dans les lieux de cultes pour le repos de leurs âmes, prier aussi pour les blessés. Aujourd’hui, les blessés graves continuent de mourir. Mais ceux qui pensent que nous avons arrêtés notre combat, se trompent. Nous allons sortir, nous allons exiger ce que le peuple veut. J’ai toujours dit, ce n’est pas le M5-RFP. C’est le peuple malien qui n’en veut plus, qui ne va plus accepter.