Arrivée, le mercredi 15 juillet 2020 dans la capitale malienne (Bamako) pour trouver une solution à la crise sociopolitique que traverse le Mali, la Mission de bons-office de la CEDEAO, conduite par l’ancien président de la République fédérale du Nigeria Goodluck Jonathan continue avec ses rencontres. La première rencontre entre la Mission de la CEDEAO et le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces patriotiques (M5-RFP) s’est soldée par un échec. Il n’y pas eu d’accord entre les parties. Le M5-RFP continue d’exiger la démission du Président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). Or, la Mission de la CEDEAO pense qu’il est « difficile de faire démissionner un président démocratiquement élu », a souligné l’ancien ministre, Cheick Oumar Sissoko à sa sortie d’audience avec les missionnaires de la CEDEAO. Les tractations continuent pour aplanir les divergences.
Tôt dans la matinée d’hier, la Mission politique et technique de très haut niveau de la CEDEAO sur la situation sociopolitique au Mali a rencontré le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (Boubacar Alpha Bah) ayant organisé les législatives de 2020. Puis, la Mission a successivement rencontré la Cour suprême du Mali, le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces patriotiques (M5-RFP), la Majorité présidentielle, les Observateurs nationaux ayant observé les élections législatives de mars et avril 2020 (POCIM. POCEM. WANEP), le Collectif des députes « spoliés par l’Administration et la Cour Constitutionnelle » à l’hôtel Salam de Bamako où sont logés les médiateurs de la CEDEAO. A noter que la Mission de la CEDEAO a rencontré aussi le Premier ministre, Dr Boubou Cissé. En plein milieu de la rencontre entre le M5-RFP et la mission de la Cedeao, Issa Kaou Djim du M5-RFP sort de la salle pour d’autres « impératifs », mais il n’a pas claqué la porte. « Je me félicite au nom du M5-RFP qu’il y ait des tentatives de médiation qui à mon avis, le Mali n’avait pas besoin de ça » a souligné Issa K Djim dans une interview accordée à la presse. Selon lui, le problème du Mali est dû au Président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). Il a fait savoir que le peuple malien veut la démocratie, la liberté et la justice. « Est ce qu’aujourd’hui nous devons accepter plus de 23 morts du président Ibrahim Boubacar Keïta et son premier ministre et parler de négociation institutionnelle. Je suis désolé de voir que le vrai problème n’a pas été posé : qui doit être responsable de ces innocents tués, blessés, meurtris au nom de la liberté et de la démocratie. L’essentiel est à coté », a-t-il dit. Pour lui, le peuple ne veut plus de ce régime. « Ce régime a du sang sur la main. Venez nous dire Boubou (Premier ministre Dr Boubou Cissé) doit partir, il ne doit pas partir, rentrer dans le gouvernement, pour moi, c’est insulté le peuple », a-t-il dit. Pour lui, la Cedeao ne propose rien, elle se contente de sauver des chefs d’Etat. A ses dires, le Mali a besoin d’un changement. A l’en croire, tout ce qui va rentrer dans d’autres dynamiques, c’est de trahir le peuple. « Nous allons sortir, nous allons exiger ce que le peuple veut », a indiqué Issa Kaou Djim. Pour lui, avant tout, il faut que les coupables des tueries soient identifiés. « Si c’est les militaires, si c’est les gendarmes, si c’est les policiers, si c’est des miliciens, qu’ils soient immédiatement arrêtés et déférés. Si cela n’est pas fait, moi personnellement, je ne rentre dans aucune négociation », a-t-il dit. Par ailleurs, il a mis l’accent sur la mauvaise gouvernance au Mali. Mme Sy Kadiatou Sow du M5-RFP met l’accent aussi sur les tueries qui ont eu lieu le 10 juillet 2020 à Bamako. Avant d’ajouter qu’il n’ ya pas eu d’accord entre le M5-RFP et la mission de la CEDEAO lors du premier round. «Ils ont souhaité échangé avec nous sur notre vision, sur comment nous voyons la situation aujourd’hui et quelle solution on pourrait trouver pour sortir de la crise actuelle, nous avons longuement échangé. Il était prévu que nous restions avec eux une heure, nous avons du faire presque deux heures et nous devons nous retrouver pour continuer les discussions. Pour le moment, il n’y a pas d’accord sur quoi que ce soit. Pour le moment, nous restons sur la position première du M5-RFP », a-t-elle dit. Aux dires de l’ancien ministre Cheick Oumar Sissoko, le M5-RFP continue d’exiger la démission du président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) et difficilement, ils vont renoncer. « Les argumentaires de la CEDEAO reposent sur le besoin de stabilité, le respect de la légalité, un président démocratiquement élu, et puis, les risques à courir après le départ du Président. La mission de la Cedeao pense qu’il est difficile de faire démissionner un président démocratiquement élu », a souligné Cheick O Sissoko à sa sortie d’audience avec les missionnaires de la Cedeao. Selon Me Mohamed Aly Bathily du M5-RFP, la CEDEAO a souhaité que les uns et les autres restent dans le cadre de la loi. La mission de la Cedeao reconnait que l’arrêt de la cour constitutionnelle sur l’élection législative de 2020 a provoqué des contestations. Elle reconnait aussi, dit-il, que les tirs à balles réelles ne sont pas une bonne chose. Selon la CEDEAO, le droit de manifestation est un droit constitutionnel. Quant à Bocary Tréta de la Majorité présidentielle, il s’est réjoui de l’arrivée de la mission de la CEDEAO conduite par l’ancien président de la République fédérale du Nigeria Goodluck Jonathan. Avant d’inviter les uns et les autres à mettre le Mali au dessus de tout pour la fin de la crise que traverse le Mali. A noter que la mission de la CEDEAO poursuit ses rencontres ce vendredi 17 juillet 2020. Après une évaluation de la situation suite aux rencontres et réflexion sur les options de sortie de crise avec les représentants de la CEDEAO, de l’Union Africaine et des Nations Unies, la délégation va rencontrer, ensemble, le M5-RFP et la Majorité présidentielle. Après l’analyse des points d’accord et la rédaction du document de synthèse, la Mission de la CEDEAO va, au terme de son séjour, rencontrer le président de la République.