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Fausses croyances sur le surpoids et l’obésité : Le prétendu signe de richesse est un véritable problème de santé
Publié le samedi 18 juillet 2020  |  Aujourd`hui
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Le ventre bedonnant, on affiche fièrement son surpoids comme signe d’aisance. Erreur très grave puisque le surpoids et l’obésité, avec leurs conséquences médicales, représentent un véritable problème de santé publique. L’obésité, c’est l’augmentation des graisses dans le corps qui se signale par une prise excessive de poids. Pour en savoir davantage, nous avons recueilli les éclairages de spécialistes en la matière.
Scientifiquement, lorsque l’Indice de masse corporel (IMC) est de 25 à 30, on parle de surpoids et au-delà de 30, on parle d’obésité. Et pour avoir l’IMC, il faut diviser le poids d’une personne en kilogramme (kg) par sa taille au carré.

Au Mali, le surpoids et l’obésité qui concernent surtout les femmes sont souvent bien perçues comme un signe d’aisance. En d’autres termes, ce serait un signe extérieur d’aisance : on n’a pas trop de souci pour bien manger et dormir.

En effet, certains font tout pour prendre du poids, à l’image de cette dame qui nous confie qu’elle a même recours à des médicaments pour obtenir des rondeurs de taille XXL. “Je prends des sirops pour grossir. J’aime manger aussi tout ce qui est sucré et gras parce que je suis mariée et si je ne grossis pas, les gens vont dire que mon mari n’arrive pas à bien me nourrir“, nous confie Salimata Dao, ménagère.

Selon Assitan Coulibaly (nom d’emprunt) âgée de 30 ans, pesant 110 kilos pour 1m70, l’obésité est plus héréditaire.

“Dans ma famille paternelle, elles sont toutes des personnes rondes. J’ai hérité de cela et je n’ai pas de problème avec cela, du moment que ça ne m’empêche en rien de vaquer à mes occupations”, se glorifie-t-elle, avant de reconnaître qu’au moindre effort, elle se sent fatiguée.

Assitan reconnaît qu’elle ne passe pas inaperçue. Mieux, elle affirme faire partie des femmes très bien appréciées par les hommes. “Les hommes nous apprécient et nous courtisent beaucoup. Il y en a même qui nous appellent leur matelas et autres”, se réjouit-elle.

Cet avis est confirmé par un homme âgé de 29 ans qui avoue sa préférence pour les femmes rondes à souhait. “J’aime les femmes rondes et fortes. Par rapport à mon choix de mariage, c’est une grosse femme que j’épouserai”.

Un point de vue qui ne fait pas l’unanimité car cette jeune femme en surpoids pense le contraire, elle qui ne sent pas à l’aise dans ses super rondeurs : “Moi, je suis en surpoids parce que je pèse 90 kilos pour 1m 60, mais je n’aime pas ça. Je fais tout pour maigrir, notamment en pratiquant le sport et en me soumettant à un régime alimentaire. Je veux être souple et dynamique”.

Du point de vue social, le surpoids et l’obésité étaient très importants, aux dires de Siaka Kanté, un homme de culture âgé d’une soixantaine d’années. “On accordait de l’importance à la famille dans laquelle venait la personne obèse parce qu’on estimait que ses parents avaient bien nourri leur enfant. L’obésité était aussi symbole d’aisance et de bien-être familial.

Mais maintenant, les gens commencent à comprendre que c’est plutôt un problème de santé”, explique-t-il.

Selon Dr Boubacar Gory, Diabétologue, il y a plusieurs types d’obésité. “La classe 1, c’est quand l’IMC est compris entre 30 et 35, on parle d’obésité modéré ; la classe 2 quand l’IMC est de 35 à 40, on parle d’obésité sévère et la classe 3 lorsque l’IMC est au-delà de 40, on parle de morbidité”, indique-t-il.

Aux dires du spécialiste de la santé, l’obésité peut entrainer plusieurs maladies telles que des complications cardiaques, des arthroses (problèmes au niveau des articulations), des maladies métaboliques (diabète), des maladies endocriniennes.

Dr Boubacar Gory classe les causes de l’obésité en trois catégories : “La première cause est nutritionnelle, c’est le fait de manger excessivement.

Quand vous prenez quelque chose et que vous n’en donnez pas, ça devient beaucoup chez vous. Vous faites dépenser de l’énergie à l’organisme. C’est comme la sédentarité qui consiste à rester sans faire d’exercice physique, sans bouger et manger beaucoup sans dépenser de l’énergie, donc la prise de poids est assurée. La deuxième cause est héréditaire et la troisième, elle, est médicamenteuse”, a-t-il signalé, avant d’ajouter qu’il y a des pathologies aussi qui peuvent entraîner l’obésité.

Pour traiter l’obésité, aux dires du spécialiste, il faut d’abord réduire l’apport alimentaire ; dépenser beaucoup d’énergie ; bouger et faire de l’exercice physique.

“Comme avant on accumulait beaucoup et on en dépensait moins, maintenant il faut manger moins et dépenser plus d’énergie. Quand on atteint un certain niveau, parce que les facteurs de risques sont là avec d’autres maladies qui s’associent à l’obésité, il faut traiter tous ces problèmes à part, en plus du régime et l’exercice physique.

Si c’est une morbidité, on préfère aller à la chirurgie pour réduire l’estomac parce que ces personnes ne peuvent plus réduire leurs apports alimentaires. Même si on leur dit de ne pas manger, elles vont le faire parce que c’est psychologique et l’estomac est déjà habitué”, a laissé entendre Dr Boubacar Gory, Diabétologue.

Pour terminer, le spécialiste demande à la population de savoir comment manger et quoi manger parce que, estime -t-il, le Malien aime manger en quantité et non en qualité. “Manger bien ne signifie pas manger du poulet tous les jours ni manger gras tous les jours, mais il faut plutôt réduire les apports énergétiques”, conseille-t-il.

Il faut reconnaître que le surpoids et l’obésité, en tant que problèmes de santé publique, ne sont évoqués que de façon marginale par rapport à d’autres maladies, alors que ce sont des questions qui méritent plus d’attention dans la politique nationale de santé publique, au point de nécessiter de véritables campagnes de sensibilisation de la population, comme on le fait pour le cancer, la tuberculose et d’autres maladies.

Marie DEMBELE
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