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Edito : Qui a tué ou qui a donné l’ordre de tuer ?
Publié le lundi 20 juillet 2020  |  Infosept
Les
© aBamako.com par AS
Les manifestants qui réclament la démission du président IBK bloquent les ponts de Bamako
Bamako, le 11 Juillet 2020, les manifestants qui réclament la démission du président IBK ont bloqué les ponts de Bamako.
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29 ans après la révolution sanglante et populaire de 1991 ayant abouti à la chute de l’un
plus furieux Reis du 20 e siècle, à savoir le Général Moussa Traoré, le Mali renoue encore avec
la barbarie. Pour avoir dit non à la mal gouvernance, à la corruption, à l’insécurité
généralisée, au chômage, à la faim, des Maliens se font tuer par dizaine par des forces de
l’ordre censées les défendre. Ce massacre d’une autre époque n’a laissé aucun démocrate
indifférent, d’où la condamnation avec la dernière énergie de l’opinion nationale et
internationale. Quant au M5 RFP, mouvement contestataire, après s’être indigné, après
avoir prié pour le repos de l’âme des disparus, demande que justice soit faite pour situer
toutes les responsabilités. Devant les émissaires de la CEDEAO, les leaders du Mouvement

du 5 juin Rassemblement des Forces Patriotiques, M5 RFP, ont exigé que les auteurs de cette
boucherie soient recherchés arrêtés et condamnés conformément à la loi et cela avant de
discuter des autres points de leur mémorandum. Pour le M5 RFP, le seul point de
revendication qui pourrait être discuté reste les conditions du départ du Président de la
République. Ils disent ne plus reconnaitre IBK comme Président de la République depuis le
10 juillet 2020, début de la désobéissance civile. Cette conviction s’est renforcée après le
massacre de plus de 20 personnes et d’une centaine de blessés. La CEDEAO a été butée à
cette dure équation à résoudre, qui du reste dépasse sa compétence, car elle relève de la
souveraineté de l’Etat malien.
Quant au gouvernement, c’est le sauve-qui-peut, car le Premier ministre et le ministre de la
Sécurité et de la protection civile se rejettent la responsabilité. Deux lettres confidentielles
circulant sur les réseaux sociaux en disent long sur la responsabilité de ces deux
personnalités. La première lettre confidentielle du Premier Ministre Boubou Cissé, datant du
14 juillet 2020, était adressée au Ministre de la Sécurité et de la Protection civile et elle était
relative à l’ordre qui a été donné aux FORSAT, la Force spéciale antiterroriste, hyper équipée
et armée, pour appuyer les Unités des forces de sécurité déployées dans le cadre de la
sécurisation des manifestations de désobéissance civile organisée par le M5 RFP. La
deuxième lettre confidentielle du PM, date du 9 juillet et avait pour objet la demande
d’avance de fonds adressée à Madame la Ministre déléguée auprès du ministre de
l’économie et des finances, chargée du Budget. Dans cette lettre, il est demandé à Mme la
Ministre déléguée de prendre toutes les dispositions pour mettre 200 millions au compte
du Ministre de la Sécurité et de la Protection civile pour la prise en charge des opérations
spéciales, des patrouilles, de grande envergure et de la couverture sécuritaire des
manifestations sociales Toutes les deux ont été signées par le Premier ministre Boubou
Cissé et toutes deux incriminent le Ministre de la Sécurité le général Salif Traoré.
Aujourd’hui, la question qui est sur toutes les lèvres est celle de savoir qui a tué ou qui a
donné l’ordre de tuer ? La tâche du juge qui serait chargé d’enquêter sur cette affaire serait
tellement facile, que les deux lettres sont des pièces à conviction et surtout des preuves
irréfutables de la culpabilité du général Salif Traoré et compagnie. Tous ceux qui veulent
nous faire croire que le gouvernement a démissionné et que les affaires courantes sont
exécutées par les secrétaires généraux, se trompent lamentablement. Certains ministres
proches du clan présidentiel comme le Général Salif Traoré, ont gardé toutes leurs
prérogatives en toute violation de la loi. Donc, que les enquêtes soient menées au sein de la
hiérarchie militaire, pour savoir qui a tué ou qui a donné l’ordre de tuer.

Youssouf Sissoko
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