Vendredi 17 juillet 2020, le chérif de Nioro s’est, lors de sa traditionnelle adresse à ses partisans, penché sur les évènements en cours dans le pays. Bouillé Haidara regrette la tuerie des manifestants, jugeant insignifiantes les mesures récemment adoptées par le président de la République.
Depuis Nioro du sahel, le puissant chérif s’est adressé à ses partisans, ainsi qu’à ceux de son père Cheicknè Hamahoullah (hamallistes). Entre autres, le prêcheur évoquait son rapport avec Ibrahim Boubacar Keita ; Karim Keita (fils d’IBK) ; Mahmoud Dicko. Le chérif de Nioro parlait des politiciens du Mali, et les évènements en cours dans le pays (manifestation du M5-RFP). De prime abord, l’influent prêcheur rappelle avoir soutenu Ibrahim Boubacar Keita et son fils Karim Keita jusqu’à ce qu’ils accèdent à la place qu’ils occupent aujourd’hui.
« J’ai soutenu IBK avec mon argent, mes hommes et tout autre moyen dont je ne saurais expliquer pour qu’il devienne président de la République. Je jure que j’ai dépensé plus qu’IBK pour son élection en 2013 », explique-t-il, ajoutant qu’il s’est aussi tenu debout pour que Karim Keita soit élu député à l’hémicycle. « Lorsqu’ Ibrahim voulait chasser Karim de sa maison pour raison que Karim voulait se présenter à la législative, il a fallu mon intervention. J’ai tout fait pour qu’il soit candidat et élu député. Je connais IBK, tout comme Karim. Je les ai aidés plus que beaucoup qui sont avec eux aujourd’hui », a-t-il ajouté, déplorant que le président et son fils lui aient été « ingrats ». Puis de prier pour le repos éternel de tous les manifestants du M5-RFP : « Nous prions pour le repos éternel de tous ceux ou celles qui sont morts lors des manifestations, qu’Allah bénisse leurs familles, proches et parents et tous les autres ». Et de poursuivre en ces termes : « IBK a confié la gestion de l’État à sa famille. Celle-ci souhaite donc diriger le Mali après le départ d’IBK. J’ai su cela à travers Karim Keita. De ce fait, ajoute le chérif, tuer des gens qui souhaitent empêcher cela est la moindre chose pour le camp IBK ».
Qu’ils (les manifestants) sachent que ce qui vient de se passer (tuerie) est la moindre chose pour le camp IBK qui veut prendre le contrôle de l’État après la fin du mandat présidentiel, a-t-il argué. Regrettant d’avoir choisi IBK et son clan qui ne peuvent, selon lui, pas gérer le pays, le chérif de Nioro se dit mécontent des morts d’hommes listés : « Je ne suis pas content de ce qui s’est passé, mais je dois vous avouer que je ne suis pas surpris de la tuerie qui vient d’avoir lieu, puisque je sais le mode de gouvernance qu’adopte Ibrahim ». Bien avant la dégénérescence de la situation, Bouillé dit avoir pourtant envoyé une lettre à IBK et une autre au camp M5. Et de repentir qu’excepté le M5, IBK n’a pas répondu à sa lettre jusqu’à présent. Puis d’être clair à ses partisans : « Je ne suis pas un politicien, je suis musulman et je me bats pour la religion. Mais j’ai dit et je le répète que je suis contre le pouvoir d’IBK, mais je ne veux pas de violence ».
À ses partisans, le chérif confie que Mahmoud Dicko est « un ami, un collaborateur » en qui il a fait confiance depuis le moment où les musulmans se sont levés contre le code de la famille. Pour lui, les décisions récemment prises par le président de la République auraient dû être prises bien avant des tueries. Cela, clarifie-t-il, pour apaiser les tensions sociopolitiques.
Maintenant que les gens sont morts, dissoudre l’Assemblée nationale, la cour constitutionnelle ne « servent plus à rien ». Puisque c’est le médecin après la mort. D’où ce message à tous : « Maintenant que ce que je craignais (tuerie) est arrivé, je m’en fou qu’on dissolve l’Assemblée nationale ou la cour constitutionnelle. Que Karim Keita quitte son poste de président de la commission défense de l’hémicycle ou qu’on limoge la méchante présidente de la cour constitutionnelle. Tous ceux-ci ne m’intéressent plus. Ce dont j’avais peur est arrivé, il fallait plutôt prendre ces décisions avant l’enregistrement des morts d’hommes ». En substance, le chérif déconseille les violences et se dit contre le régime IBK et son régime.