Dans une note publiée le 17 juillet 2020, le Haut-commissariat aux droits de l’homme des Nations Unies à Genève s’est prononcé sur la situation qui prévaut au Mali.
«Dans un contexte des tensions persistantes au Mali, où il y a eu une série de manifestations antigouvernementales ces dernières semaines, nous exhortons les autorités à veiller à ce que les forces de sécurité s’abstiennent de recourir de façon injustifiée ou excessive à la force dans le maintien de l’ordre lors des manifestations ou (pour toute autre raison) dans leur interaction avec les manifestants.
Nous sommes particulièrement préoccupés par les événements survenus dans la capitale Bamako le vendredi dernier et pendant le week-end où des forces spéciales (Force spéciale antiterroriste – FORSAT) auraient tiré des munitions létales lors d’affrontements avec des manifestants. La Division des droits de l’homme et de la protection de la Mission des Nations Unies au Mali (MINUSMA) a confirmé qu’au moins 14 manifestants – dont une femme et deux garçons – ont été tués et 154 autres blessés », peut-on lire dans la note. Selon le Haut Commissariat aux droits de l’homme, « il est essentiel que toutes les allégations des violations des droits de l’homme et d’actes de violence commis au cours des manifestations fassent l’objet d’enquêtes rapides, approfondies, transparentes et indépendantes et que les responsables aient à répondre de leurs actes. Conformément à son mandat, la Division des droits de l’homme et de la protection de la MINUSMA a lancé une mission d’enquête pour examiner les allégations de violations graves des droits de l’homme perpétrées dans le cadre des manifestations».L’organisation spécialisée des Nations Unies appelle toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue et à utiliser des moyens pacifiques pour traiter leurs griefs. « Nous sommes également préoccupés par le fait que, depuis les manifestations du 10 juillet, il y a eu une prolifération de fausses nouvelles et de messages en ligne incitant à la violence, qui risquent d’aggraver davantage les tensions ».
Soutenir et non entraver le travailde la CNDH
Suite au refus des autorités de permettre à la Commission nationale des droits de l’homme du Mali d’accéder aux manifestants en détention, le Haut-commissariat rappelle «aux autorités leur obligation de soutenir, et non d’entraver le travail de l’institution nationale des droits de l’homme et des organisations de la société civile qui jouent un rôle important en matière de promotion et de protection des droits de l’homme de tous au Mali ».
« Nous appelons les institutions publiques du pays ainsi que les acteurs politiques à respecter les principes démocratiques et à protéger les droits de l’homme et l’état de droit », conclut la note.