En pardonnant à ses agresseurs et en disant que l’enjeu c’est le Mali et pas sa personne, Dioncounda Traoré restitue à notre pays désormais en roue libre, au moins une de ses valeurs menacées : la magnanimité. Cette qualité suppose d’abord l’attachement à la paix, le respect de l’autre et l’adhésion à un code qui exclut le droit de la seule force par la seule force du droit.
En somme le délitement. Un délitement qui n’est pas né le 22 mars. Peut-être, le 22 mars en est-il même une dangereuse conséquence. Dioncounda Traoré n’a pas fait cependant que mettre sa personne au second plan. Il a surtout ramené au premier plan un Premier ministre au creux de la vague mais qui a désormais son onction et sa confiance. Tant mieux si la confiance, denrée plus que rare en politique, règne entre ces deux acteurs vitaux de la transition. Reste seulement à savoir quand le président rentrera au pays et avec quelles assurances pour sa sécurité.
Reste aussi à espérer qu’il ne s’agit pas là de l’amitié de la corde et du pendu. Et que le gouvernement et son chef accomplissent des progrès plus rapides et plus mesurables dans un contexte de retour effectif de nos partenaires sans lesquels ce pays est asphyxié. Pour que finisse la chronique du Mali auto-humilié et moqué dans le monde entier. Car rappelons-nous : décembre 1986, c’est Moussa Traoré qui, triomphal, disait que notre armée a failli aller prendre le café à Ouaga pour fêter sa victoire contre l’armée burkinabé.
Et en juin 2012, c’est le président burkinabé qui reçoit les tombeurs de Gao, Kidal et Tombouctou à Ouaga pour leur dire : « ça suffit, restituez-nous le Mali ». Les mois d’avant, il avait pu constater, stupéfait, jusqu’où notre pays était gangréné, en recevant chez lui ce qu’il croyait être les forces vives du Mali. Mais dont plusieurs acteurs sont simplement la honte et le chancre silencieux d’un pays à reprendre. Par une jeunesse plus saine, plus amoureuse de victoires et donc plus portée sur le sacerdoce.