Quasiment 98% des Commissions électorales indépendantes (CEI) sont présidées au niveau local par un membre du RHDP, la coalition au pouvoir en Côte d’Ivoire. Ce déséquilibre manifeste est dénoncé par les partis de l’opposition qui craignent que la prochaine présidentielle soit entachée de fraudes.
En quête de transparence dans l’organisation du scrutin, le PDCI-RDA a porté plainte auprès de la Cour Africaine des Droits Humains et des Peuples (CADHP). Laquelle, dans son arrêt établit le bien-fondé de la requête et demande au gouvernement ivoirien de «prendre des mesures nécessaires pour garantir que de nouvelles élections soient organisées au niveau local». Un arrêt insuffisant pour le PDCI-RDA qui exige, au lieu de la simple correction de ce déséquilibre de représentation, une véritable refonte de la CEI pour apporter plus de transparence dans l’organisation du scrutin. Mais cette refonte est-elle possible, à moins de 100 jours de la future présidentielle ?
Selon le politologue Sylvain N’Guessan, cela s’avère compliqué. Une thèse battue en brèche par des politiques membres de la CEI qui considèrent que la refondation de leur structure est « techniquement » possible mais seulement, avec « la volonté des partis politiques ». Or, constatent le RHDP et le FPI, cette volonté manque à la coalition des partis au pouvoir, réfractaire à toute modification de la structure en charge de l’organisation des élections.
De l’avis de nombreux analystes politiques cependant, l’opposition ivoirienne a ses chances de pouvoir remporter le scrutin présidentiel, vu la difficulté de la majorité à s’offrir un candidat rassembleur (puisque Ahmed Bakayoko ne fait pas l’unanimité au sein du RHDP. Pas question donc d’aller jusqu’au boycott même sans la satisfaction de son exigence par rapport à la CEI.
Un grand risque à ne pas courir. Car si jamais le candidat du pouvoir venait à être déclaré vainqueur mais contesté par l’opposition, un contentieux post-électoral pourrait subvenir devant les juridictions compétentes. Mais encore faudrait-il que l’opposition s’en tienne aux décisions de ces dernières. Des contestations des résultats, dans la rue, pour fraudes, pourraient plonger le pays dans l’incertitude.
Afin de prévenir cette éventualité, le pouvoir et l’opposition doivent se mettre d’accord autour de la fameuse CEI. Pourquoi pas avec une bonne dose de volonté politique. Cela aurait le mérite de permettre aux Ivoiriens de voter, non seulement dans le calme mais aussi de reconnaître, en toute responsabilité, les résultats sortis des urnes.