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Crise socio-politique : Le M5-RFP saura-t-il résister au passage en force de la Cedeao ?
Publié le lundi 20 juillet 2020  |  le Temoin
Conférence
© aBamako.com par A S
Conférence de presse de la CMAS
Bamako, le 08 Juillet 2020, la Coordination des Mouvements et Associations et Sympathisants de Mahmoud Dicko (CMAS) à animé une conférence de presse à son siège
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Le séjour de la délégation sous-régionale, sous la conduite de l’ancien président nigérian GOODLUCK Jonathan, s’est finalement terminé au Mali sans les compromis escomptés autour d’une solution de sortie de crise acceptables par l’ensemble des protagonistes. Faute sans doute de réussir à dégager les réglages et équilibres adéquats entre les attentes des uns et les concessions des autres, les émissaires de la Cedeao ont visiblement choisi de trancher dans le vif avec le risque de gérer le différend sans le consensus tant prôné par les différentes parties.




Ce n’est pourtant pas faute de propositions et de schémas exploitables. Après s’être prêtée, trois jours durant, à un laborieux exercice d’échanges avec les différentes parties maliennes, la délégation de l’organisation sous-régionale, sous la conduite de GOODLUCK, est parvenue à l’élaboration d’un schéma essentiellement inspiré de la première mission ministérielle. Elle consiste notamment à aborder la crise sous le prisme de l’élément déclencheur, en l’occurrence la gestion des dernières législatives. Il est ainsi question de faire réexaminer les résultats législatifs des circonscriptions électorales contestées par une Cour constitutionnelle remembrée dont seuls six des neuf membres sont désignés – notamment trois (3) par le conseil supérieur et autant concurremment par le président de la République et l’opposition. C’est dans cette logique, au demeurant, que le chef de l’Etat a anticipé en déblayant le terrain par l’abrogation du décret de nomination des membres restants de la Cour constitutionnelle. Ce n’est pas tout, les suggestions des émissaires de la Cedeao ont trait également à la formation d’un gouvernement dite d’union nationale dont 50% des membres sont nommés par le président de la République, 30% reviennent à l’opposition et 20% à la société civile. Il est en outre question de diligenter une enquête pour tirer au clair les tueries consécutives à la manifestation du 10 juillet, mais ce gage, pas plus que les assurances de veiller à l’application du schéma par un comité de suivi et dans un calendrier incompressible, n’a pas paru assez alléchant pour conquérir l’adhésion du principal protagoniste de la crise. Et pour cause, il était visiblement hors de question de transiger autour du mandat présidentiel que le M5-RFP exige d’écourter par une démission pur et simple du président IBK.

Consensus improbable

Les médiateurs s’étant fixés une zone interdite, il était dès lors peu plausible que leurs propositions rencontrent l’adhésion des contestataires du régime, dont le Comité stratégique a aussitôt réagi par un rejet des propositions de la Cedeao avant même l’épilogue de leur mission. Au motif, entre autres, que le schéma en plus de violer la constitution, ne se distingue point des concessions précédemment faites par le président malien et que leurs préoccupations en sont réduites au seul partage de pouvoir sans compter que le contexte socio-politique n’est pas pris en compte.

Par conséquent, le Mouvement du 5 Juin menace de maintenir inchangé ses exigences et son projet de déposer le chef de l’Etat. Sauf que les contestataires risquent d’affronter désormais pas seulement les pouvoirs maliens, mais également une communauté sous-régionale apparemment déterminée à mettre en œuvre son schéma, quitte à fouler aux pieds les principes et exigences d’un consensus auquel la Cedeao a elle-même constaté que le principal protagoniste de la crise a fait défection. Comment en définitive consacré l’avènement d’un gouvernement d’union nationale si l’opposition n’est pas preneuse des 30% des membres qui lui reviennent ?

Vers un irrésistible passage en force

En tout cas, les émissaires de l’organisation sous-régionale sont formels dans leurs conclusions qu’aucun moyen ne sera épargné pour «la réalisation effective des mesures proposées et qu’aucune forme de changement ou d’accession non constitutionnel au pouvoir ne sera tolérée ni acceptée. Or le M5-RFP compte poursuivre le combat pour la démission d’IBK par le déclenchement dès ce lundi d’une autre vague de désobéissance civile à travers le pays, avec le risque peut-être ne pas demeurer soudé dans son entreprise. Il n’est pas exclu, en effet, que certaines de ses composantes manifestent la hantise d’une participation au gouvernement d’union nationale. Ce faisant, la donne aura crevé l’abcès de divergences internes longtemps latentes dans les rangs d’un mouvement IBK minées par la croisée d’intérêts divergents et hétéroclites, des disparités représentatives et des complexes de supériorité politique. Toutes choses perceptibles dans les clivages entre extrémistes et modérés, les différences de styles et de méthodes entre politiciens opportunistes et une autorité morale pris dans l’engrenage d’une ascension internationale à préserver, un conflit de générations à peine voilé entre jeunes loups et anciens collaborateurs d’IBK. Au nouveau front ouvert par le passage en force de la Cedeao se greffe en définitive tant de pesanteurs internes qui imposent au M5 un décuplement d’efforts alors qu’il est particulièrement agité par des bourrasques ambitieuses et même par le choc d’incompatibilités historiques.

A KEÏTA

Le Témoin
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