En tout cas, nombreux sont les observateurs avisés qui craignent déjà que l’histoire des évènements de 1991 ne se reproduisent. Car l’atmosphère sociopolitique laisse déjà croire le cas. Après plusieurs tentatives de négociations, une première ligne rouge a déjà été franchie selon certains, avec le massacre de manifestants les 10, 11 et 12 juillet 2020 par la Forsat.
Depuis l’après-midi du vendredi 10 juillet dernier, les évènements ont pris une tournure dramatique, avec l’utilisation par les forces de l’ordre des balles réelles contre les manifestants. Il est difficile d’admettre l’idée que des policiers maliens conditionnés pour tirer sur des Maliens, préfèrent porter ces bavures au compte des miliciens venus d’un pays limitrophe du Mali.
Cependant, il n’est pas niable que la contestation populaire a tout fait pour éviter les violences et, d’ailleurs, l’absence de ripostes sanglantes de sa part atteste qu’elle a été victime d’agressions préméditées. Déjà, dans sa première adresse de minuit à la nation, IBK avait laissé entendre que par devoir, il garantirait l’ordre public, “cela se fera“. Comme pour signifier qu’il n’hésitera point à user des moyens, alors même que dès les premières mobilisations citoyennes contre lui, le M5-RFP avait administré la preuve que ses manifestations étaient pacifiques.
Chose qui indexe clairement le pouvoir comme fauteur de troubles et coupable d’exactions réfléchies et mûries à l’avance. Les évènements du vendredi ayant eu lieu à moins de 72 heures d’intervalle du discours du 08 juillet, le président IBK a tenté d’inverser les culpabilités dans une nouvelle adresse à la nation datée du 11 juillet. Certes, ses derniers propos, comme les précédents, n’auront servi qu’à exacerber les tensions, car ils ont été jugés moqueurs, narcissiques et irrespectueux par les populations. Alors qu’il ordonna l’arrestation de plusieurs responsables du M5-RFP qu’il qualifiait : « Tous de démolisseurs du pays en s’octroyant le beau rôle d’amoureux du même pays ».
Le lendemain, dans la journée du samedi, les choses ne tarderont pas à s’envenimer malgré une pluie torrentielle. Les manifestants ont continué les actes de désobéissance civile, au moment où les forces de l’ordre faisaient usage de leurs armes en tuant plusieurs personnes dans différents endroits de Bamako. Le comble a été atteint chez l’imam Mahmoud Dicko, où plusieurs victimes ont perdu la vie en s’interposant devant les agents envoyés pour se saisir du dignitaire religieux et non moins autorité morale de la contestation populaire.
Dans l’après-midi du dimanche, sept des victimes ont été enterrées après la prière mortuaire sur leurs âmes, dirigée par Mahmoud Dicko, à la mosquée de Badalabougou, où le sinistre s’est produit.
IBK n’ayant aucun souci des souffrances des Maliens ne reculera devant rien pour se maintenir au pouvoir, un hasard de ressemblance avec les chaudes journées de mars 1991.
Selon des sources sûres, le général Moussa Traoré avait fait sortir des blindés, des Brdm, des miliciens et autres mercenaires pour tirer sur les manifestants. Aujourd’hui, ce sont les forces de l’ordre qui tirent à balles réelles sur des manifestants à mains nues.
Des forces de répression qui ont brutalisé et arrêté des responsables du M5-RFP alors qu’une convocation du procureur de la République aurait suffi à les interpeller si tant est que l’État de droit est une réalité et que la justice est respectée.
Pire, IBK affirme que les circonstances des pertes en vies humaines et des blessés seront élucidées par une enquête.
Qui a donc donné l’ordre de tirer à la Forsat ? Car pendant que le Premier ministre Boubou Cissé cherche un bouc-émissaire sur les tueries, les responsables du M5-RFP jurent sur tous les toits que cette situation ne restera pas impunie.