Après trois jours de négociations avec les principaux acteurs du Mouvement du 5 Juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) sur la crise socio-politique que traverse le Mali depuis bientôt deux mois, la mission de la CEDEAO sur laquelle reposait presque tout l’espoir de sortie de crise, n’a visiblement rien donné et les émissaires de l’organisation sous-régionale sont retournés la tête basse le dimanche dernier sans pouvoir concilier les principaux camps. Pour l’heure, la question que l’on se pose est : à quoi faut-il s’attendre désormais ?
La première rencontre entre la mission de la CEDEAO et les acteurs du M5-RFP à la vieille de la grande marche du 19 juin 2020 avait suscité beaucoup d’espoir. D’ailleurs le premier responsable du M5-RFP à savoir l’imam Mahmoud Dicko avait laissé entendre que le départ d’IBK qui était une exigence, ne l’était plus si ce dernier écoutait son peuple.
Mais tout a malheureusement changé depuis la tuerie survenue lors de la marche du 10 juillet 2020 à Bamako, 23 morts et plusieurs blessés (chiffres du M5-RFP). De l’autre côté, les manifestants ont aussi laissé derrière eux une image dramatique, voire humiliante en saccageant l’Assemblée nationale, faisant également des dégâts matériels à l’ORTM, au Haut Conseil des Collectivités, ainsi que dans d’autres structures publiques et privées.
Dès lors, les choses ont pris une autre tournure. Pour le M5-RFP, plus aucune négociation n’est encore possible tant que les responsabilités des tirs à balles réelles des forces de l’ordre ne sont pas situées. Quant à la mission de la CEDEAO, dirigée par l’ancien président nigérian, Goodluck Jonathan, elle n’a rien pu changer de son premier agenda qui s’article autour du maintien du président de la République à son poste, du remembrement de la Cour constitutionnelle afin que cette dernière puisse statuer sur la question de l’Assemblée nationale et enfin de la mise en place d’un gouvernement d’union nationale.
Pour l’heure, la chanson de la démission du président de la République ne sonne qu’à l’oreille de l’autre côté, le M5-RFP qui réitère son mot d’ordre : le départ pur et simple du chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Keita, de ses fonctions, ainsi que de son régime qu’il juge corrompu.
En clair, Goodluck Jonathan et ses compagnons sont venus et sont répartis sans apporter la moindre proposition différente de celles faites par la mission précédente. Du coup, face à la détermination du M5-RFP, l’on s’interroge : de quoi demain sera-t-il fait ?