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Crise sociopolitique au pays d’IBK : La CEDEAO pourra-t-elle éteindre l’incendie malien ?
Publié le vendredi 24 juillet 2020  |  Nouveau Réveil
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© aBamako.com par AS
Mission des Chefs d`Etat de la CEDEAO à Bamako
Bamako, Le 23 juillet 2020. Les chefs d`Etats de la CEDEAO venus à Bamako dans le cadre de la médiation de la crise malienne, ont rencontré les différents acteurs de la crise.
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La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ne semble ménager aucun effort pour amener les frères ennemis maliens sous l’arbre à palabres afin de leur faire fumer le calumet de la paix.
En effet, alors que les leaders du Mouvement du 5 Juin-Rassemblement des Forces patriotiques (M5-RFP) a appelé, le vendredi dernier, à une nouvelle journée de manifestations qu’ils ont dénommée « journée de recueillement » en hommage aux manifestants tombés sous les balles de la Force spéciale antiterroriste (FORSAT), la Communauté ouest-africaine a dépêché, le 15 juillet dernier, dans la capitale malienne, une nouvelle mission de médiation conduite par l’ex-président nigérian, Goodluck Jonathan, et composée des présidents des Cours constitutionnelles de la sous-région. Malgré que cette nouvelle offre de bons offices n’est pas parvenu à désamorcer la bombe malienne, l’on ne peut que se féliciter de cette insistante sollicitude de la CEDEAO qui reste fidèle à sa mission de relever le pari de la stabilité dans la sous-région ; une ambition qui sera un vœu pieux si l’édifice économique n’est pas assis sur le socle de la stabilité sociale et politique des 15 États membres de l’organisation.
On imagine aisément la peine des missi dominici de la CEDEAO
À travers cet élan de solidarité de l’organisation communautaire, l’on ne doit pas non plus perdre de vue la menace sécuritaire que fait planer sur l’espace sous-régional une éventuelle faillite des institutions maliennes. Celle-ci aurait immanquablement de graves répercussions sur la sécurité de toute la région ouest-africaine, tant il est établi que les problèmes sécuritaires que rencontrent les pays limitrophes, en l’occurrence le Burkina Faso et le Niger, sont liés de façon ombilicale à la situation politique au pays d’Ibrahim Boubacar Kéita (IBK). La situation est d’autant plus à prendre au sérieux que l’année 2020 est une année charnière pour beaucoup de pays de l’espace communautaire, qui organisent des élections à risques en raison du péril sécuritaire. Il est donc urgent que le moindre foyer d’incendie soit éteint pour éviter tout risque de propagation. Cela dit, si la CEDEAO est bien fondée à agir pour éviter le pire au Mali, la question que l’on peut se poser, au regard de l’évolution de la crise qui semble aller de Charybde en Scylla, est la suivante : Goodluck parviendra-t-il à désarmer les cœurs et faire entendre raison aux protagonistes de la crise sociopolitique qui secoue le pays ? Rien n’est moins sûr quand on sait que les positions se sont, à nouveau, figées avec la répression de la dernière manif du M5-RFP qui, désormais, campe sur sa revendication de la démission d’IBK, faute d’avoir obtenu, pour l’instant, le poste de Premier ministre issu de ses rangs avec pleins pouvoirs. Or, pour la majorité, cette exigence n’est rien d’autre qu’un coup d’État contre un président démocratiquement élu. Face à des positions aussi tranchées, l’on imagine aisément la peine des missi dominici de la CEDEAO qui, au regard de leurs statuts et des textes communautaires, ne peuvent se mettre en marge de la légalité constitutionnelle du Mali pour demander le départ du président sans donner l’impression d’un parti pris.
Il appartient aussi au mouvement de contestation de lâcher du lest pour parvenir à une paix des braves
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Goodluck Jonathan et ses compagnons marchent sur des œufs et doivent savoir faire preuve de tact s’ils ne veulent pas être accusés d’être de connivence avec l’un ou l’autre camp. Mais pour autant, la mission du médiateur de la communauté ouest-africaine, n’est pas impossible, malgré un premier échec des négociations. Il peut déjà compter sur les appels au dialogue et à des manifestations pacifiques lancés par les deux parties. On peut lire dans ce ton apaisé des protagonistes de la crise, une disposition à trouver une issue pacifique à la crise par le dialogue. Ensuite, il peut aussi tirer profit du fait que la pression s’exerce désormais sur les deux camps. Car, s’il est vrai que le président IBK a tout à perdre, il faut reconnaître que le M5-RFP joue aussi sa crédibilité face à ces scènes de violences que connaissent désormais ses manifestations. Tout laisse croire d’ailleurs que le plus grand défi que les leaders de la contestation devront relever à l’avenir, c’est de maintenir le caractère pacifique de leurs manifestations. Car, il n’est pas, en effet, exclu que celles-ci soient infiltrées par des apologistes de la violence ; toute chose qui risque d’entraîner le pays dans un chaos préjudiciable à tous. En tout état de cause, il appartient à Goodluck Jonathan de savoir tirer profit de cette situation en faisant appel à la responsabilité des différents acteurs. Et justement, cette responsabilité des acteurs doit se mesurer à l’aune de l’intérêt général. Pour cela, les Maliens doivent, en effet, comprendre qu’à force de trop tirer sur la calebasse, celle-ci finira par se briser. Pour l’instant, on ne peut pas trop jeter la pierre au président IBK qui a, quoi qu’on dise, fait d’importantes concessions, allant de l’acceptation de l’idée d’un gouvernement d’union nationale à la dissolution de la Cour Constitutionnelle et éventuellement celle de l’Assemblée Nationale. Cela dit, il appartient aussi au mouvement de contestation de lâcher du lest pour parvenir à une paix des braves afin de sauvegarder l’essentiel au Mali. Toutefois, l’on peut se demander si l’opposition malienne n’est pas allée trop loin pour reculer. En effet, il y a des risques qu’elle paie pour les violences et les destructions de biens publics lors de la dernière manifestation, si elle relâche la pression.
A. Diallo
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