Le Mali est secoué depuis maintenant environ 4 semaines par une violente crise politique qui n’a pas encore livré tous ses contours. Si l’impopularité du régime actuel pour cause de manque de résultats et de corruption est avérée, il ne faudrait surtout pas laisser le pays aux mains des forces adverses qui veulent profiter probablement de la faiblesse de l’Etat pour se hisser à son sommet et instaurer un régime dont personne ne veut.
La crise en question provient de la mauvaise gouvernance installée dans le pays depuis le début de l’ère démocratique et de la démission de la classe politique plus portée sur les dividendes des affaires que sur les progrès du peuple. D’année en année, de régime en régime, la démocratie chez nous a abandonné les lignes qui faisaient sa force pour se fourvoyer dans des chemins hasardeux qui lui ont plombé les ailes au jour d’aujourd’hui. Si les religieux sont aux premières lignes de l’agitation politique aujourd’hui, c’est parce que les enfants inutiles de J.J. Rousseau et de Jules Ferry ont laissé la place vacante de la politique pour le mercantilisme et sûrement le narcotrafic et l’esclavage des femmes et des enfants, qui sait. Mais n’oublions pas dans ce désordre de tous les dangers que même au Moyen Orient et en Afrique du Nord où les régimes démocratiques ont failli, il fut impossible de les remplacer par des forces obscurantistes préconisées par Daesch.
Le Mali qui aujourd’hui est dans la tourmente du fait de ses propres enfants a toujours été un pays de tolérance religieuse et doit défendre sa laïcité jusqu’à la dernière goutte de sang de ses citoyens.
Le mouvement de la contestation politique est très disparate pour qu’on puisse lui faire confiance. C’est d’une véritable macédoine de forces sociales et politiques qu’il s’agit, allant d’anciens responsables politiques qui n’ont rien montré quand ils étaient aux affaires et qui maintenant promettent de l’or au peuple, aux leaders religieux qui estiment que les recettes de la mosquée ne leur suffisent plus pour mener grand train de vie. Derrière eux trainent des individus de tous bords : loubards qui cherchent à s’enrichir dans les casses, talibés qui attendent leur heure pour couper les jambes et les bras de gens de confession religieuse différente et chômeurs de longue durée qui revendiquent le droit au travail.
Le régime actuel doit changer non seulement les hommes mais également la gouvernance. IBK en 2013 croyait pouvoir déplacer des montagnes pour le Mali mais dans la réalité du pouvoir, il fut incapable de distinguer si le diable était noir ou blanc.
La classe politique issue des évènements de Mars 1991 est condamnable et pendable pour avoir conduit ce pays dans l’impasse actuelle ; quant aux leaders religieux, ils sont mal venus de parler de corruption et de mauvaise gouvernance pour avoir largement profité du régime démocratique entre 2002 et aujourd’hui car avant ce tournant, que représentait un imam de quartier ?
L’ancien président de la République, Alpha Oumar Konaré avait prédit à la suite des troubadours malinké, dans un de ses discours fleuve, que “le bateau Mali peut tanguer mais jamais ne chavirera”.