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Crise institutionnelle et sécuritaire : La Cédéao propose le Cnrdre dispose
Publié le lundi 30 avril 2012   |  Autre presse


Réunion
© Reuters
Réunion de chefs d`Etat ouest-africains sur Mali et Guinée-Bissau
Abidjan,26 Avril 2012 - Des chefs d`Etat de l`Afrique de l`Ouest ont entamé à Abidjan un sommet extraordinaire consacré aux crises au Mali et en Guinée-Bissau


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Hypocrisie, duplicité, duperie, mauvaise foi et chantage semblent être les armes de la Cédéao, qui s’est emparée du dossier malien, pour « gérer » la crise institutionnelle que le Mali vit depuis le 22 mars. La semaine dernière, l’organisation a franchi le dernier palier en donnant des «ordres» que la junte a refusés, comme cela se doit.

Jeudi 26, réunie en session extraordinaire à Abidjan, la Cédéao est encore sortie de son rôle.

Cette fois-ci en donnant unilatéralement des ordres que personne ne veut exécuter : une transition de douze mois, une prolongation-mutation du mandat du président de la République par intérim, un déploiement d’une force d’intervention pour sécuriser les institutions de la transition et d’autres bêtises. Bien entendu, écoutant la voix de la raison, le chef de la junte s’est rebiffé : pas question que Dioncounda Traoré reste au pouvoir au-delà de la période d’intérim, que la transition soit fixée à une année, que la soldatesque de la Cédéao envahisse Bamako et alentours. Le capitaine Amadou Haya Sanogo a raison et doit rester ferme. Pour plusieurs raisons.

En premier lieu parce que, malgré tous les malheurs qui lui arrivent depuis un certain temps, le Mali est un pays souverain.

Au lendemain du coup d’Etat du 22 mars par le Cnrdre et de l’occupation des régions du nord par des groupes indépendantistes, jihadistes et terroristes, la Cedeao avait promis d’envoyer au Mali 2000 à 3000 hommes de sa force régionale pour déloger les putschistes du pouvoir et libérer le nord du Mali de l’occupation de bandits armés. Un accord-cadre, signé le 06 avril entre la Cedeao et le Comité militaire a permis d’enrayer la première menace. Ensuite, des rencontres d’évaluation ont eu lieu entre les chefs d’état-major de différents pays afin de concrétiser sa promesse. Sur la base du texte du 06 avril, les putschistes ont accepté l’investiture d’un président de la République par intérim et la nomination d’un Premier ministre de transition. Les chefs d’Etat ouest-africains ont-ils eu peur des déclarations du Mnla de rallier à sa cause tous les Touaregs éparpillés à travers le monde ? Toujours est-il qu’ils ont vite capitulé et toutes les promesses de l’organisation ne sont plus que pures fanfaronnades masquant des desseins inavoués.

Pouvait-il en être autrement quand on sait que cette organisation est dirigée principalement par un putschiste qui se maintient au pouvoir depuis des décennies et qui, du reste, n’a pas hésité à faire tuer son meilleur ami et compagnon d’arme, et par un homme arrivé au pouvoir après avoir provoqué une rébellion armée et sanglante qui a fait des centaines de milliers de victimes ?

Aujourd’hui, au lieu de tenir parole en allant se battre à Tombouctou, Gao et Kidal, la Cédéao veut envoyer ses hommes pour «sécuriser les organes de la transition». Contre quoi et contre qui doit-on sécuriser ? Pour cette mission, les Forces armées et de sécurité (Fas) ont tout ce qu’il faut. Elles l’ont déjà prouvé, il y a quelques jours, quand elles ont «mis en sécurité » quelques personnalités. Il est vrai que par complaisance et populisme de ces Fas, l’Assemblée nationale, une institution de la République, ne fonctionne plus normalement, les députés étant interdits d’accès aux locaux par quelques «têtes brûlées» que la police seulement peut très vite disperser. Mais même libre d’accès, le parlement a-t-il jamais travaillé normalement ? Au cours des vingt dernières années, les députés n’ont pas brillé particulièrement par un activisme débordant dans leurs rôles de législateurs, de contrôleurs de l’action gouvernementale ou d’aiguilleurs de la vie publique. L’Assemblée nationale, comme au temps de l’Udpm, est restée une chambre d’enregistrement et de validation des décisions de son pendant gouvernemental, avalant toutes les pilules. L’impression ressentie par l’imagerie populaire est que cette chambre censée être représentative du peuple souverain est surtout l’émanation de cette classe politique que plus personne ne veut voir accéder au pouvoir.

Les institutions de la République sont devenus les hauts lieux pour certains d’y faire prospérer des réseaux affairistes et mafieux par des politiciens véreux et corrompus. Les mêmes têtes déparent le décor depuis des lustres, on y trouve même des avatars du régime Cmln-Udpm. A quoi ont-elles servi ? A rien, sauf à tirer chaque fois le pays vers le gouffre. D’où la nécessité du renouvellement du personnel politique.

On comprend que les pouvoirs oust-africains et européens veulent que leurs «petits amis» reviennent très vite au pouvoir ici au Mali afin de reprendre leurs business interrompus par la junte, mais la transition doit durer ce qu’il faut pour que la racaille et la vermine soient écrasées pour l’essentiel. C’est un rôle que peut jouer la junte. Elle l’avait commencé, elle doit achever le boulot dans le cadre d’une bonne transition. Les nouvelles autorités n’ont rien à craindre tant qu’elles resteront sur la bonne voie. Les Fas suffisent à veiller sur la tranquillité de leur sommeil. C’est quand elles sortiront du droit chemin que même les casques bleus ne pourraient les soustraire à la colère du peuple qu’incarne aujourd’hui le Cnrdre. Lequel n’a de leçon de démocratie à recevoir de personne. Surtout pas de ce syndicat de chefs d’Etat qui donne l’impression de vouloir punir la junte de l’éjection d’un des leurs.

Alors si la Cédéao veut donner de l’emploi à sa force en chômage, qu’elle aille voir ailleurs. Et si elle persiste, le Mali peut très bien se retirer. La Mauritanie l’a déjà fait il y a quelques années, sans avoir à le regretter. Au contraire.

Cheick Tandina

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