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Pays dogon : Retour progressif de la paix entre les communautés !
Publié le mardi 28 juillet 2020  |  Le Pays
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Les communautés Dogon et Peul, toutes deux victimes de l’insécurité depuis plus de 3 ans, ont décidé d’enterrer la hache de guerre au profit de la paix et de la cohésion sociale. Dans le cercle de Koro, les deux communautés ont commencé le vivre ensemble depuis quelques jours, notamment dans les communes de Madougou, Bondo et Koro centrale. Cette initiative, il faut le préciser, est purement locale, selon une source de la localité.

Dans les communes de Madougou, de Dangaténé et la commune centrale de Koro, toutes dans le cercle de Koro, les communautés sœurs, Dogon et Peul, œuvrent pour le vivre ensemble. Les déplacés des deux communautés sont de retour dans leur village respectif pour de bon. Cela depuis le début de la semaine dernière. Des foires hebdomadaires fermées il y a des années, celle de Karakindé par exemple, ont été ouvertes. Les bergers peuls ont commencé, selon notre source à Koro, à vendre leurs bétails aux agriculteurs Dogon. Et vice-versa.

Le cas Karakindé

Karakindé est un gros village situé dans la commune rurale de Madougou, cercle de Koro. À cause de la crise, le village s’est vidé de ses habitants. Peul et Dogon, beaucoup ont été contraints de quitter le village après avoir enregistré des morts. Pendant trois ans, les agriculteurs n’ont pas cultivé et les éleveurs n’ont pas fait leur activité. Ils sont ainsi confrontés à plusieurs problèmes dont les principaux sont d’ordre économique et alimentaire. Face à ces difficultés, les deux communautés à travers les chefs de villages, imams, commerçants et autres personnalités influentes ont joué la carte du retour de la paix et de la cohésion sociale. Chose qu’ils ont obtenue.

Une cérémonie officielle d’engagement commun pour la paix a été organisée dans ledit village le jeudi 23 juillet 2020. À cette occasion, chacun des deux camps a prêché pour le pardon, la paix et le vivre ensemble. Pour prouver l’unité des deux communautés, un Peul a été chargé de traduire en sa langue le message émotionnel de l’imam de Karakindé, un Dogon. « Nous remercions Dieu, le tout puissant. Dieu merci une fois de plus. Nous remercions les personnes de bonne volonté qui sont venues pour nous réconcilier. Cette crise que nous vivons actuellement est un fait de Dieu. Et c’est lui seul qui peut nous ôter de cette crise.

Si Dieu t’impose sa volonté, tu ne peux que te résigner. Le chef de village de Dômô a tout dit. Nos grands-parents et nos arrières grands parents ont vécu ensemble. Et cela dans le respect total. Ils n’ont pas connu la crise que nous vivons. Les chefs de village de Bèma, de Sabèrè, de Yôrou pen et moi-même sommes tous nés ici à Karakindé. Cela fait trois ans que nous avons perdu nos parents ici à Karakindé, nous n’avons pas pu venir faire les obsèques. Cela est aussi la volonté divine. Et je remercie ce même Dieu qui m’a permis de voir ce jour heureux. Que chacun pardonne l’autre pour ce qui s’est passé. Que Dogon et Peulh se pardonnent à cause de Dieu. Je rends hommage à Dieu, le Tout puissant, chaque fils (Dogon et Peulh) doit désormais avoir peur de l’arbre sous lequel nous sommes assis pour parler de la paix. Dieu a voulu que nous nous trouvions sous cet arbre pour nous réconcilier. Que Dieu nous pardonne tous. Une fois de plus, je remercie ces soldats de la paix. Que Dieu apaise nos cœurs et nos esprits afin que nous puissions vivre comme avant en symbiose. Je vous remercie tous. Assalam Alekoum ». Tel a été le message de l’imam traduit par son frère peul. Dans la vidéo de la cérémonie qui nous a été soumise, l’émotion des villageois était grande : c’est le regret de ce qui s’est passé, le regret du temps passé dans l’hostilité, mais aussi la joie de se voir réconciliés.

Ce n’est pas tout. Le même jour, le marché dudit village a été rouvert et animé par les deux communautés, nous informe notre source. « Je suis très heureux de vous informer de la réouverture, ce jeudi 23 juillet, de la foire hebdomadaire de Karkindé dans la commune de Madougou. Les communautés Dogon et Peulh ont célébré la paix après plusieurs années de fermeture et d’interruption des échanges », avons-nous lu, vendredi, sur la page Facebook de l’honorable Hamidou Djimdé, député élu à Koro.

Les communes de Bondo et Koro centrale concernées par ce retour de la cohésion sociale

Selon notre interlocuteur, en plus de Karakindé et plusieurs autres villages de la commune de Madougou, la paix est en train de se cultiver entre Dogon et Peul dans les communes de Bondo et Koro centrale. Dans la commune de Bondo, les populations peulhes des villages de Gourty et Yorou ont participé à la foire de Dangatené, un gros village dogon. « Une des bonnes nouvelles est que des peulhs se sont rendus hier au marché de Koro où ils ont vendu leurs animaux et sont rentrés sains et saufs chez eux. Aujourd’hui des peulhs de Gourty et de Yorou sont au marché de Dangatene. Il a même été demandé aux déplacés de Doma (en ce moment à Gourty) de retourner chez eux, mais ils préfèrent attendre la fin de l’hivernage, car ils ont fait des champs à Gourty », nous informe-t-on.

Le samedi dernier, les deux communautés ont animé, selon notre source, la foire de Koro main dans la main.

Selon Amadou Salif Guindo, enseignant-chercheur, le retour de la paix concerne aussi la zone de Bankass appelé Seno. « Un vent d’espoir est en train de souffler en pays dogon. La paix est en train de se sceller entre communautés (Dogon, Mossi, Kouroumba, Dafin-marka et Peule…) du Gondo et du Seeno, deux zones de la région devenues les épicentres de la crise sécuritaire au Sahel (je n’exagère pas). Les jihadistes de Kouffa y jouent un grand rôle. Trois hivernages de crise ont entamé la confiance, la cohésion et le vivre ensemble, mais les plus gros perdants, ce sont ceux qui ne sont pas de chez nous et qui, pour des raisons qui leur sont propres, ont attisé la haine. Prions que ce vent qui souffle soit accompagné de sincérité et éloigne les hypocrites qui ont d’autres agendas », a-t-il écrit sur sa page Facebook.

Boureima Guindo

Source : LE PAYS
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