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Sortie de crise : Les solutions appartiennent aux Maliens
Publié le mardi 28 juillet 2020  |  L’Essor
Aguibou
© aBamako.com par FS
Aguibou BOUARE, président de CNDH
Aguibou BOUARE, président de Commission Nationale des Droits de l`Homme.
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Cet avis est partagé par Aguibou Bouaré, président de la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH) et Baba Dakono, chercheur à l’Institut d’études de sécurité. Ils portent tous les deux un regard sur les dernières missions de la Cedeao dans notre pays et abordent les pertes en vies humaines, ainsi que les actes de vandalisme


Aguibou Bouaré, Président de la CNDH : «Les solutions endogènes
sont à privilégier»

Comme j’ai l’habitude de le dire, nous traversons une crise supplémentaire qui vient s’ajouter à la crise multidimensionnelle grave que le Mali connaît déjà. Donc, je ne peux que saluer, en tant que responsable de l’institution nationale des droits de l’Homme et mécanisme national de prévention de la torture, cette mission de médiation, témoignage de la solidarité des pays amis du Mali qui viennent nous aider dans la résolution de notre crise. Du reste, le Mali mérite cette marque de solidarité et d’attention en sa qualité de membre fondateur de la Cedeao d’une part et pour avoir joué le même rôle, sinon plus pour d’autres nations ayant connu des crises similaires, d’autre part.

Il est vrai que l’idéal serait une solution issue d’un dialogue inclusif entre toutes les composantes de la société malienne. Pour revenir aux propositions faites par la Cedeao, j’estime qu’elles rentrent dans le cadre des pistes de solutions. Ces propositions ne constituent pas un coup de baguette magique, elles peuvent être améliorées. En tout état de cause, de mon point de vue, l’essentiel est que les Maliens se retrouvent entre eux pour imaginer les solutions réalistes, raisonnables et durables.

Je suis convaincu que nul mieux que les Maliens eux-mêmes, ne saurait appréhender cette crise consécutive d’un cumul de frustrations et d’un mécontentement général d’une frange importante de la population.

Donc, les solutions endogènes sont à privilégier, mais l’assistance de la communauté régionale ou internationale est toujours utile pour la résolution de ce genre de crise ; ne serait-ce que par rapport à l’aspect arbitrage ou l’aspect accompagnement. Cet accompagnement est d’autant plus pertinent qu’il existe une crise de confiance entre les acteurs majeurs de la crise. La méditation d’acteurs sous-régionaux ou internationaux pourrait rassurer toutes les parties, surtout dans le cadre de la mise en œuvre effective des solutions ou résolutions convenues ou à convenir.

Concernant les événements des 10 et 11 juillet, en notre qualité d’institution nationale des droits de l’Homme, nous avons toujours eu à tirer la sonnette d’alarme par rapport aux risques d’abus et de violations graves des droits de l’Homme. Nous avons fait des déclarations, des communiqués pour attirer l’attention tant du gouvernement que des populations sur leur responsabilité, face aux risques d’abus ou de violations des droits humains.

L’objectif était de prévenir ou d’éviter les dérives que l’on est en train de déplorer aujourd’hui. Nous n’avons pas arrêté de proclamer que la Constitution consacre la liberté de manifester pacifiquement, mais sans troubler l’ordre public. Le trouble à l’ordre public constitue une infraction, et peut même constituer une violation des droits de l’Homme.

C’est dans ce cadre que nous intervenons toujours pour prévenir l’abus et les violations des droits de toutes personnes humaines résidant sur le territoire malien, au-delà même des citoyens maliens. Nous avons fustigé et condamné l’usage illégal des armes létales contre les manifestants aux mains nues, en ce sens que nous avons insisté sur l’obligation pour le gouvernement de respecter les principes de la légalité, de la nécessité et de la proportionnalité dans toute opération de maintien d’ordre.

Malheureusement, les manifestations des 10 et 11 juillet ont dégénéré en pillages, vandalisme ; des pertes en vies humaines et des blessés sont à déplorer. Cela est regrettable et exige l’ouverture d’enquêtes impartiales et approfondies sur tous les cas d’abus et de violations des droits humains, notamment les atteintes au droit à la vie, à l’intégrité physique, à la propriété.

S’agissant de la désobéissance civile, est-ce qu’elle signifie pillage, vandalisme, troubles à l’ordre public ? Est-ce qu’elle devrait conduire à des violations des droits de l’Homme ? Nous recommandons, par rapport à tous les cas de violations des droits de l’Homme (les atteintes à la vie humaine, les atteintes à l’intégrité physique, les atteintes au droit à la propriété), l’ouverture d’enquêtes pour situer les responsabilités afin de combattre l’impunité. La lutte contre l’impunité constitue une préoccupation majeure, en matière de protection des droits humains. En clair, l’impunité est la sève nourricière des abus et violations des droits de l’Homme.

Nous sommes à l’avant-garde de la lutte contre les abus et violations des droits humains. Nous ne saurons être en marge des pistes de solutions eu égard à la fois à notre nationalité et à notre qualité de défenseur des droits humains. Nous avons préconisé, dès le début, qu’il faille privilégier la vertu du dialogue à travers un cadre de concertation que nous avons souhaité national et pérenne. C’était bien avant l’arrivée des délégations de la Cedeao.

Nous avions expliqué que rien ne nous empêchait, entre Maliens, de créer un cadre national de dialogue où toutes les composantes de la société seraient représentées.

Le diagnostic de la gouvernance étant déjà fait par rapport aux problèmes qui existent, il nous sera loisible de débattre à bâton rompu de toutes les thématiques.

De plus, il faut déjà mettre en place un mécanisme de suivi de la mise en œuvre des résolutions pertinentes du Dialogue national inclusif (DNI), sans exclure d’autres points d’accord à venir. Il est indéniable que le DNI a réuni une frange importante de Maliens et revêt une certaine légitimité. Des résolutions pertinentes y ont été prises.

L’autre proposition est d’éviter le vide institutionnel. L’idéal est de maintenir la stabilité institutionnelle gage d’un climat social apaisé, parce que tout changement, dans un contexte de troubles, de violences constitue un bond dans le vide, source probable de chaos. Qu’à Dieu ne plaise !
Nous sommes convaincus, en tant que défenseurs des droits de l’Homme, que toute situation de confusion, de violence est porteuse d’abus et de violations souvent graves des droits de l’Homme.

À cela, il faut ajouter l’exigence d’enquêtes impartiales et crédibles sur tous les cas d’abus et de violations des droits humains sur l’étendue du territoire national.

Enfin, il urge de convenir et de mettre en œuvre des réformes structurelles administratives, juridiques et institutionnelles nécessaires pour corriger certains dysfonctionnements dans la gouvernance en cours.

Notre pays est suffisamment éprouvé, et ne peut s’offrir le luxe d’aggravation d’une nouvelle crise sociopolitique dans la durée. J’appelle donc les Maliens et les Maliennes à cultiver la paix et la cohésion sociale, pour résoudre nos problèmes dans la sérénité.

Nul n’est à l’abri de la violation de ses droits qui plus est, en période de trouble. La protection des droits de l’Homme est une responsabilité partagée.
Dieu préserve notre patrie !
... suite de l'article sur L’Essor

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