L’expert de l’ONU sur les droits de l’homme au Mali a appelé jeudi les autorités de ce pays d’Afrique de l’Ouest à redoubler d’efforts pour retrouver et libérer le chef de l’opposition, Soumaïla Cissé, qui a été enlevé il y a plus de quatre mois, le 25 mars.
« Il est troublant que le sort de M. Cissé demeure un mystère quatre mois après son enlèvement », a déclaré Alioune Tine, l’expert indépendant sur la situation des droits de l’homme au Mali. « Je me joins à l’appel de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui a demandé aux autorités maliennes de redoubler d’efforts pour le faire libérer ».
L’enlèvement de M. Cissé, qui aurait été le fait de groupes extrémistes violents, alors qu’il faisait campagne dans son bastion de Niafunké, dans la région de Tombouctou, a plongé le pays dans une nouvelle tourmente.
« Je salue le fait qu’au cours du mois d’avril, les autorités ont mis en place une cellule de crise pour coordonner les efforts de libération de M. Cissé », a déclaré M. Tine. « Cependant, conformément à ses obligations internationales, le Mali doit intensifier ses efforts pour rechercher et localiser M. Cissé ainsi que pour éclaircir le sort qu’il lui a été réservé et le lieu où il se trouve afin obtenir sa libération le plus rapidement possible », a souligné l’expert.
99 enlèvements par des acteurs non étatiques depuis le début de l’année
Les enlèvements restent une préoccupation majeure au Mali, en particulier dans la région de Tombouctou où le chef de l’opposition malienne a été kidnappé. Du début de cette année au 21 juillet, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) a documenté au moins 99 enlèvements par des acteurs non étatiques dans différentes régions du pays.
« J’exhorte les autorités maliennes, avec l’aide de la communauté internationale, à prendre toutes les mesures nécessaires pour renforcer la protection des civils, y compris contre les enlèvements, et à obtenir dans les meilleurs délais la libération d’autres personnes qui restent à ce jour entre les mains de leurs ravisseurs », a déclaré M. Tine. L’expert a également appelé à ce que les responsables des enlèvements répondent de leurs actes.
M. Tine a également appelé les Maliens à mettre fin à des mois d’instabilité qui affecte le pays de la région du Sahel. « J’appelle les filles et les fils du Mali à puiser dans les ressorts profonds de leur culture et de leur histoire les remèdes appropriés pour surmonter ensemble par le dialogue et dans la paix cette grave crise qui menace leur pays et la sous-région », a-t-il déclaré.
NOTE :
Les Experts indépendants font partie de ce qu’on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. Le terme « procédures spéciales », qui désigne le plus grand corps d’experts indépendants au sein du système onusien des droits de l’homme, est généralement attribué aux mécanismes indépendants d’enquête et de supervision mis en place par le Conseil des droits de l’homme afin de traiter de la situation spécifique d’un pays ou de questions thématiques dans toutes les régions du monde.
Les experts des procédures spéciales travaillent bénévolement ; ils n’appartiennent pas au personnel de l’ONU et ne perçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou de toute organisation et exercent leurs fonctions à titre individuel.