Cette petite coalition de forces spéciales imaginée par Paris depuis deux ans commence tout juste à voir le jour avec un effectif moindre que prévu
La force « Takuba » pour le Sahel, ou l’interminable gestation des coalitions militaires européennes. Le 15 juillet, la « capacité initiale opérationnelle » de cette alliance de forces spéciales au Mali, placée sous commandement français, a été déclarée. Elle se lance, mais plus modestement que prévu et avec du retard à l’allumage.
Pour soutenir l’opération « Barkhane » et matérialiser l’engagement de l’Europe contre le terrorisme dans cette vaste région, Paris en avait testé l’idée dès la fin 2018 auprès de ses partenaires. Le projet a été adoubé publiquement par la ministre Florence Parly un an plus tard, en novembre 2019. « Takuba » était alors envisagée avec 500 soldats fournis par une dizaine de pays contributeurs. Son but affiché était de renforcer l’accompagnement au combat des armées malienne et nigérienne sur le terrain du Liptako, cette région frontalière où sévit l’organisation Etat islamique dans le grand Sahara.
« Nous avons sollicité une douzaine de pays et recueilli essentiellement des retours positifs. Ils restent subordonnés à un accord politique », déclarait la ministre fin 2019 lors d’une visite à Gao, au Mali. En janvier 2020, l’Estonie était la seule à avoir confirmé sa participation, avec une quarantaine de soldats. La Belgique avait annoncé l’envoi de trois officiers dans le futur état-major de « Takuba ». La République tchèque envisageait 60 militaires sous réserve d’un accord de son Parlement. Deux mois plus tard, la Suède évoquait 150 soldats. En Norvège, le gouvernement, minoritaire, renonçait faute de soutien parlementaire.
Le 27 mars, en plein confinement, « Takuba » a été officiellement lancée à l’issue d’une réunion ministérielle européenne en visioconférence. L’Allemagne, la Belgique, le Danemark, l’Estonie, la Norvège, les Pays-Bas, le Portugal, la République tchèque, le Royaume-Uni et la Suède ont de nouveau promis leur participation, qu’elle soit validée ou non au plan politique.
Une gestation difficile
La force devrait finalement démarrer cet été avec 180 soldats dont une centaine de Français. Trois groupes de 60 militaires sont en préparation, mixant des Français avec chacune des trois premières nations engagées, Estonie, République tchèque et Suède. Une gestation difficile, même si le 16 juillet, une bonne nouvelle est venue d’Italie, où le Parlement a autorisé l’armée à s’y joindre. Pourront être déployés dans les années qui viennent jusqu’à 200 soldats, des blindés et des hélicoptères.