Les délégués du parti au pouvoir en Guinée ont plaidé mercredi, au premier jour de leur convention électorale, pour que le président sortant Alpha Condé soit leur candidat lors de l'élection présidentielle, alors que l'opposition manifeste depuis des mois contre un éventuel troisième mandat du chef de l'Etat.
Quelque 350 cadres du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) venus de tout le pays devraient adopter jeudi matin une résolution pour officialiser leur choix pour la présidentielle prévue d'ici à la fin de l'année, ont indiqué à l'AFP des responsables du parti.
Mais il n'y a pratiquement aucun doute qu'ils désigneront l'actuel chef de l'Etat, âgé de 82 ans, après les éloges et appels des orateurs qui se sont succédé à la tribune de la convention, organisée au Palais du Peuple, siège de l'Assemblée nationale à Conakry.
Le Premier ministre Kassory Fofana a ouvert la voie en estimant que, "sous le leadership du président Alpha Condé", la Guinée sortirait "victorieuse" de "l'adversité actuelle", dont la pandémie de coronavirus.
M. Condé, absent mercredi, entretient jusqu'ici l'ambigüité sur ses intentions, répétant que "c'est (son) parti qui décidera".Il n'a pas non plus encore validé la date du 18 octobre, proposée par la commission électorale pour le premier tour.
"A l'issue de cette convention (jeudi), nous attendons que le professeur Alpha Condé réponde favorablement à notre demande, c'est-à-dire qu'il soit notre candidat à la prochaine élection présidentielle en Guinée", a expliqué à l'AFP Malick Sankon, membre du bureau politique national du RPG.
"Nous n'avons aucune alternative, personne ne s'est dégagé, alors on lui dit de continuer à faire le boulot et on verra plus tard", a-t-il ajouté.
- "Changement dans la continuité" -
Une coalition de partis soutenant la majorité, la Convention démocratique pour le changement dans la continuité (Codecc), s'est quant à elle prononcée dès lundi pour une nouvelle candidature d'Alpha Condé, en soulignant ses réalisations, notamment en matière de "décollage économique".
"Je ne dis pas qu'elles sont totales, mais elles touchent tous les domaines de la vie sociale", a dit à l'AFP le porte-parole de la Codecc, le ministre chargé de l'Hydraulique Papa Koly Kourouma, qui a aussi été ministre sous la junte de Moussa Dadis Camara avant de se présenter aux élections présidentielles de 2010 et 2015, remportées par Alpha Condé.
La Constitution guinéenne limite le nombre de mandats à deux, mais l'adoption en début d'année d'une nouvelle loi fondamentale lors d'un référendum boycotté par l'opposition, permet selon ses partisans à M. Condé de remettre les compteurs à zéro.
L'opposition, qui est persuadée depuis des mois qu'il briguera un troisième mandat, avait d'abord appelé à manifester jeudi, avant de reporter le rassemblement "en raison des examens scolaires".
Lancée mi-octobre par le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), formé des principaux partis d'opposition et d'organisations de la société civile, la mobilisation anti-Condé, plusieurs fois réprimée, a fait des dizaines de morts parmi les manifestants.
Alors que le FNDC dénonce régulièrement l'arrestation de ses militants, le Premier ministre a assuré dans son discours que "la Guinée ne compte pas un seul prisonnier politique ou d'opinion".
Alpha Condé, ancien opposant historique, est devenu en 2010 le premier président démocratiquement élu après des décennies de régimes autoritaires dans cette ancienne colonie française d'Afrique de l'Ouest où plus de la moitié de la population vit dans la pauvreté malgré la richesse de son sous-sol.