Le règlement de la crise politique passe également par les religieux. Nioro est actuellement un peu la capitale politique du Mali : les hommes politiques y défilent. Une délégation de chefs traditionnels de toutes les régions du Nord a achevé mercredi une visite sur place pour apaiser les tensions. L’imam Mahmoud Dicko est également attendu sur place.
Avec notre correspondant à Bamako, Serge Daniel
Nioro est une localité malienne situé à 240 km au nord-est de la ville de Kayes, non loin de la frontière mauritanienne et Bouyé Haïdara, son chérif, est l’un des religieux les plus respecté du Mali. Octogénaire, adepte d’un islam tolérant, son influence est grande. On dit même ici que lorsqu’il en enrhumé, c’est une bonne partie du Mali qui tousse. Le déplacement d’hommes politiques (président de la République, Premier ministre, personnalités) à Nioro, localité malienne située vers la frontière mauritanienne dans laquelle réside est quasiment obligatoire. C’est même un pèlerinage.
Par exemple, à peine nommé la semaine dernière ministre des Finances et de l’Économie, Abdoulaye Daffé a séché le lendemain une réunion à la primature pour se rendre chez le chérif de Nioro dont il est un fidèle. Objectif ? Solliciter ses bénédictions.
C’est le même chemin qu’a pris récemment une délégation des dix principaux chefs traditionnels du nord du Mali. La délégation a passé quatre jours sur place pour parler de retour de la paix au Mali, au moment où une crise politique s’est installée. Le chérif a promis de s’investir pour trouver une solution.
Pour y parvenir, au moment où l’opposition appelle à une manifestation la semaine prochaine, Bouyé Haïdara a invité à son tour à Nioro l’imam Mahmoud Dicko, dont il est le mentor.
■ Au Mali, Amnesty International réclame une enquête crédible près d’un mois après les émeutes dans la capitale
Le week-end du 10, 11 et 12 juillet, la capitale Bamako, notamment le quartier de Badalabougou, a été secouée par des manifestations meurtrières. Au moins 14 personnes selon les Nations unies ont été tuées. Les forces de défense et de sécurité sont fortement soupçonnées, en particulier la Forsat, la force spéciale anti-terroriste. Qui sont les responsables et les donneurs d’ordre ? De nombreux points d’ombre demeurent. Ousmane Diallo est chercheur pour cette association de défense des droits de l’homme.
[…] Plusieurs manifestants avaient décidé d’aller vers la maison de Mme Manassa Danioko. C’est face à cette marée humaine que les forces de sécurité qui étaient en place ont tiré en sommation, puis à balles réelles et ont causé la mort d’au moins trois individus durant cet après-midi du 11 juillet dernier.