Voilà ce qu’affirment avec insistance des spécialistes et observateurs avisés de la justice malienne. La nomination de Me Kassoum Tapo, avocat au barreau du Mali et de Paris, n’est pas un inconnu. En venant à la tête du département de la Justice, Garde des Sceaux et des Droits de l’Homme, au moment où le pays traverse une crise socio-politique des plus graves de son existence, Me Tapo sait les défis qui l’attendent. Décryptage.
Très bon avocat doublé de la casquette d’homme politique avisé, Me Kassoum Tapo en acceptant le poste de la Justice, a une occasion de se racheter après un bref séjour dans le gouvernement, mais aussi redonner confiance aux maliens à l’appareil judiciaire qui en a tant besoin.
Après un analyse la situation du mali d’aujourd’hui, l’un des premiers objectifs que Me Tapo devrait relever, est de faire toute la lumière sur les tueries des 10, 11 et 12 juillet 2020, l’une des revendications du M5 RFP puisque bien d‘occasions se sont représentées pour que la loi soit appliquée, en vain. En clair, il s‘agit pour le nouveau locataire de la Justice de combler ce déficit dû à des défaillances dans l’appareil judiciaire et demeure prompt à informer désormais l’opinion nationale et internationale sur tout ce qu’il devrait entamer comme réformes et actions pour le bonheur des maliens. N’est-ce pas à peine arrivé, qu’il a ordonné l’ouverture d’une enquête sur les tueries des 10, 11 et 12 juillet 2020, apprend-t-on?
Me Tapo met le turbo
En réalité, à peine arrivée à la cité Administrative de Bamako, Me Kassoum Tapo a mis le turbo sachant qu’il n y a pas de temps à perdre et qu’il faut redonner confiance aux maliens en leur appareil judiciaire.
Démocrate connu, Me Tapo devrait activer la lutte contre la corruption en insufflant une nouvelle dynamique au Pôle Economique et Financier ; appliquer la loi de programmation sur le justice en vue d’améliorer les conditions de vie et de travail des magistrats, auxiliaires de justice ; équiper le Pôle judiciaire tout comme Economique en moyens roulants et autres afin de permettre aux magistrats et autres auxiliaires de justice de bien faire leur travail ; lutter contre l’impunité au sein de la justice malienne qui est caractérisée par le manque de sanctions disciplinaires ; corriger l’absence de justice de Paix, donc de Tribunaux d’Instance ; Construction de nouvelles juridictions surtout au centre et au nord du pays et accélérer les chantiers qui sont l’arrêt çà et là dans le pays.
Relecture du code de Procédure Pénale…
Pour se conformer à l’évolution de justice au plan international, Me Tapo devrait procéder à la relecture du Code de Procédure Pénale ; créer entre les chancelleries et les magistrats une confiance après la récente sortie du Président de la magistrature suprême, IBK. Très respectueux des droits humains, Me Tapo a une occasion de désengorger les prisons afin d‘éviter des détentions prolongées. Avec le manque de magistrats et autres, le recrutement en nombre s’impose afin de pouvoir appliquer une mise en place de tribunaux d’Instance dans tous les cercles surtout le départ massif à la retraire qui sont constatés çà et là; recruter le personnel de soutien avec l’absence criard de section d’enseignement dans l’enseignement pour mieux gérer ce déficit sans compter qu’à l’intérieur du pays, le manque de greffiers se fait voir au grand jour.
Des juges des Libertés et des Détentions
Pour rendre la justice fluide, le juge des Libertés et des Détentions pourra jouer un grand rôle grâce à la nouvelle réforme cela indépendamment du Parquet et du juge d’Instruction, nous dit-on.
Aussi, déconnecter la juridiction en créant un tribunal pour gérer les affaires financières, cas du tribunal de Grande Instance en CVI du District de Bamako. Fusionner les trois pôles Economiques et Financiers de Mopti, Kayes et Bamako, ce qui facilitera le travail, nous explique un spécialiste.
« En tout cas, si Me Tapo parvient à réaliser ces différents chantiers, il aura donné un nouveau souffle devant permettre une bonne distribution de la justice au Mali. Ce n’est pas un rêve, mais il suffit d’une volonté. Et dieu sait que Me Tapo pourra le réussir si on lui donne le temps et les moyens ; je veux dire s’il a les coudées franches », nous confie un grand Commis de l’Etat qui a gardé l’anonymat.
Bokari Dicko