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Refus categorique des députés mal élus de démissionnner: IBK fait désormais face à trois fronts brûlants
Publié le lundi 10 aout 2020  |  Infosept
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© aBamako.com par A.S
Lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita
Bamako, le 11 juin 2015, le CICB a abrité la cérémonie de lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita, c`était sous la Haute présidence de SEM, Ibrahim Boubacar KEITA
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Après le M5 RFP et les trois membres rebelles de la Cour Constitutionnelle dont le décret de nomination a été abrogé par le Président de la République, c’est au tour des 30 députés dits mal élus de refuser de démissionner conformément aux vœux du Mouvement de contestation, M5. Ce Niet catégorique de Moussa Timbiné, Président controversé de l’Assemblée Nationale et de ses 29 collègues députés, est un nouveau blocage dans le processus de sortie de crise. Cette situation, qui divise déjà la Majorité, risque de porter un coup sérieux sur la cohésion au sein du camp présidentiel. Car si d’aucuns pensent que les députés controversés doivent accepter de démissionner pour donner une chance à la sortie de crise, d’autres, au contraire, croient dur comme fer que leur démission est une violation flagrante de la Constitution. Cette friction au sein de la Mouvance Présidentielle ne ferait-elle pas l’affaire du M5 RFP ? A quoi pourrait-on s’attendre dans les jours à venir ?
Le Mali sous IBK est véritablement une République en crises permanentes, au point qu’il est devenu la risée de tous les pays qui nous entourent. De 2013, date d’accession d’IBK au pouvoir, jusqu’à nos jours, le Mali n’a connu ni paix encore moins la stabilité. Le nord échappe au contrôle de l’autorité centrale, le Centre est en proie à une guerre communautaro-ethnique et le sud qui ne représente que 25 % du territoire est en ébullition à cause des résultats des élections législatives d’Avril et de Mai. Selon tous les observateurs, l’arrêt rendu par la Cour Constitutionnelle a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Le Mali s’est installé dans une crise profonde depuis le mois de mai, car à cette crise électorale est venue s’est greffée la crise sociale consécutive à la mauvaise gouvernance. Un Mouvement populaire dénommé le M5 RFP, a vu le jour pour porter les revendications légitimes d’une frange importante du peuple. Faisant le constat d’un échec patent du régime à assurer le minimum aux maliens, le M5 RFP s’est lancé dans le combat pour la démission du Président de la République et de tout son régime. Deux grands rassemblements ont été organisés les 5 et 19 juin 2020n avec un seul mot à l’ordre du jour démission d’IBK. Le vendredi 10 juillet 2020 un autre grand rassemblement a eu à la place de l’indépendance suivi de l’occupation des locaux de l’Assemblée Nationale et de l’ORTM. Les forces de l’ordre sont intervenues pour disperser les manifestants dans ces deux locaux, avant de se diriger vers la mosquée de l’Imam Dicko où elles ont utilisé des balles réelles tuant plus d’une douzaine de personnes. Ainsi grâce à la médiation interne comme externe, les lignes ont bougé. Donc de la démission du Président de la République, le Mouvement du 5 juin n’en fait plus une revendication non négociable. Par contre, il exige la démission des députés mal élus ou la dissolution de l’Assemblée Nationale, le remembrement de la Cour Constitutionnelle, un gouvernement d’union nationale avec un Premier Ministre issu de ses rangs.
Ces points inscrits dans un Mémorandum semblent avoir l’assentiment du Président de la République, qui en réponse aux différentes revendications, a abrogé le décret de nomination des trois membres récalcitrants de la Cour Constitutionnelle et a proposé aux 30 députés mal élus, la démission. Ces derniers semblent opposés une fin de non-recevoir, car disent-ils, il n’est écrit nulle part dans la Constitutionnelle du Mali qu’on pouvait faire démissionner un député contre son gré. Timbiné et ses collègues députés dits mal élus préfèreraient la dissolution de l’Assemblée Nationale, ce qui du reste, est conforme à la Constitution, plutôt que de démissionner.
Par ce refus catégorique, un troisième front anti IBK semble s’ouvrir, après ceux du M5 RFP et de Manassa Dagnoko. Ce troisième front affaiblirait non seulement le Président de la République, mais aussi et surtout toute la Majorité. Cette dernière est désormais fractionnée en trois : il y a les amis et soutiens de Timbiné regroupés au sein de la Coalition des Forces Républicaines, CFR, il y a également le camp du Premier Ministre Boubou Cissé, qui regroupe tous les partisans du départ de Timbiné et de 29 autres députés dont l’élection est fortement contestée, et enfin, il y a un troisième camp, celui de Bocari Tréta et de Diarassouba, en embuscade et favorable au départ de Timbiné qui est l’obstacle à leur ascension politique. Tous les trois fragments se réclament de la Majorité et disent aider le Président de la République à trouver une issue favorable à la crise.
En somme, Ni le recours gracieux de Manassa Dagnoko et les deux autres membres de la Cour Constitutionnelle, ni les tiraillements entre les clans de la Mouvance Présidentielle, ne faciliteraient la tâche à IBK. Donc entre deux maux, il serait loisible pour lui de choisir le moindre mal, celui de travailler avec le M5 RFP qui, lui, au moins, a le soutien du peuple. Les trois revendications du M5 RFP, à savoir un gouvernement d’union nationale, une Assemblée Nationale débarrassée des députés mal élus et une Cour Constitutionnelle crédible, ne sont pas de la mer à boire.
Youssouf Sissoko

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