Depuis le déclenchement du soulèvement populaire conduit par le M5-RFP, l’Algérie, comme à son habitude, a cherché à mettre sa bouche dans nos affaires. Ce pays qui n’a plus aucun moyen de peser dans le monde arabe a choisi le Mali comme son terrain de jeu, voire son arrière-cour. Les diplomates algériens ont assidûment démarché les leaders du Mouvement du 05 Juin, en les suppliant de congédier tous les autres médiateurs au profit des bons offices de l’Algérie. L’offre a été poliment refusée parce que personne n’ignore combien notre puissant voisin est coutumier de coups tordus. Sa dernière médiation qui a donné l’accord dit du processus d’Alger est un modèle de piège et de confusion, donc inapplicable par nature.
Mais lorsqu’on chasse l’Algérie par la porte, elle revient toujours par la fenêtre. Faute de parader avec un statut officiel de médiateur attitré du M5-RFP, la voilà qui offre ses services à IBK en lui fournissant ce que Nicolas Normand (un défenseur zélé du pouvoir) nomme pudiquement “matériel anti-émeutes”, à savoir toute la panoplie des grenades et autres engins pour blesser et même tuer du manifestant.
Ce coup de main criminel de l’Algérie est d’autant plus scandaleux que ce pays sort à peine du Hirak, les manifestations monstre du vendredi pour dénoncer la candidature de Bouteflika et par finir tout le système FLN, sans jamais avoir utilisé la répression aveugle contre les foules mobilisées à Alger et d’autres grandes villes. Ce qui était une nouveauté dans une Algérie longtemps rétive à toute forme de contestation.
Elle fourgue donc au régime IBK qui fait le chemin inverse pour partir de la démocratie vers l’autoritarisme.
Mais dans ce Mali où la mal gouvernance a transformé 18 millions de citoyens en émeutiers potentiels, les gaz lacrymogènes algériens risquent de ne pas suffir. De Moussa Timbiné, qui fait un bras d’honneur à son “père”, à la jeunesse héroïque du M5, ce ne sont pas les fronts de refus qui manquent contre un pouvoir qui a fait le choix d’ignorer les Maliens pour aller chercher une légitimité auprès des chefs d’Etat de la CEDEAO (avec la Berezina que l’on sait), c’est maintenant l’Algérie qu’on appelle au secours pour frapper ou brûler les enfants du pays. IBK claironne à toute occasion qu’il n’est pas fou du pouvoir mais plutôt fou du Mali. Le Mali demande depuis le 05 juin à être délivré cette folie devenue meurtrière depuis les 10, 11 et 12 juillet derniers. En attendant, honte à l’Algérie, notre encombrant voisin !