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Paludisme : Les cas augmentent entre août et novembre
Publié le lundi 10 aout 2020  |  L’Essor
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Les décès liés à cette maladie chez les jeunes enfants interviennent surtout au cours de la deuxième moitié de l’hivernage. Il est recommandé de consulter les spécialistes en cas de fièvre et des vomissements chez l’enfant


Les spécialistes s’accordent pour dire que l’hivernage est une période de haute transmission du paludisme ou malaria. C’est une maladie endémique dans les pays en développement où, il demeure un réel problème de santé publique.

Certains justifient la fréquence du paludisme par l’abondance des eaux usées qui stagnent dans nos rues et domiciles surtout en cette période de pluie. Il est aussi établi dans notre pays (en tout cas sur la base d’un constat empirique) que le pic du paludisme intervient entre août et novembre. à en croire les praticiens des centres hospitaliers et d’autres établissements de soins, le nombre de cas augmente dans les services de pédiatrie pendant l’hivernage. Pour l’instant, la situation n’est pas inquiétante, mais on se demande si on va revivre la même flambée que les autres années. Il est clair que notre pays peine à juguler cette infection parasitaire qui touche de nombreuses personnes, notamment les femmes enceintes et les jeunes enfants qui continuent de payer un lourd tribut à la maladie.

Dr Alassane Coulibaly est un médecin généraliste à l’hôpital Mère-Enfant ou Luxembourg. Il confirme que la saison des pluies est la période de pic de la malaria. Il argumente. « Le plasmodium falciparum est l’agent causal du paludisme. Il est transmis à l’individu par un vecteur appelé l’anophèle; femelle qui prolifère pendant l’hivernage du fait des eaux stagnantes. Pour lui, l’anophèle y a besoin pour pondre ses œufs et se multiplier. Par conséquent, il transmet plus de plasmodium », explique le généraliste, avant d’ajouter que les piqûres des moustiques leur permettent de transporter le sang de ses victimes indispensable à la maturation de ses œufs.

Il pousse l’analyse un peu plus loin et affirme que c’est particulièrement vers la fin de l’hivernage qu’il y a plus de cas de paludisme, notamment les formes graves. L’explication qu’il apporte, c’est que cela trouve très souvent que les victimes ont été déjà piquées à plusieurs reprises, entraînant du coup une multiplication du plasmodium dans le sang. La période d’incubation après la transmission de l’agent pathogène de la malaria par l’anophèle femelle peut aller jusqu’à 21 jours. « Actuellement, on n’est pas tellement rentré dans la période des formes graves du paludisme. Pour cela, il faut attendre septembre », relève le praticien hospitalier. La pandémie du coronavirus a influé sur la fréquentation des établissements de santé. Mais il faut accomplir de gros efforts de communication et de sensibilisation pour rassurer les malades et autres usagers des hôpitaux, des Centres de santé de référence (Csref) voire des Centres de santé communautaire (Cscom).

Dr Alassane Coulibaly déplore le fait que certains, atteints de paludisme, ne viennent plus en consultation par peur de choper le coronavirus. Entre-temps, ils peuvent développer des complications, notamment les formes graves de la pathologie. Le médecin conseille de s’inscrire dans une logique de consultation médicale lorsqu’on est malade.

Pourquoi les enfants sont-ils les plus exposés ? Le médecin généraliste du Luxembourg précise que c’est parce qu’ils sont vulnérables. Cette situation est liée au fait que les mômes, qui ont une immunité faible par rapport aux adultes, n’ont pas établi des anticorps d’abord dans leur organisme, explique le médecin. La vulnérabilité des femmes enceintes aussi se justifie par la baisse de leur immunité à cause de la grossesse.

MOUSTIQUAIRES IMPRÉGNÉES

Un conseil régulièrement répété par les médecins : les populations doivent dormir sous des moustiquaires imprégnées d’insecticide. Il faut aussi assainir notre environnement ou cadre de vie. Pr Boubacar Togo, chef du département de pédiatrie au Centre hospitalo-universitaire (CHU) Gabriel Touré, confirme que le taux de létalité du paludisme augmente chaque année d’août à novembre et les enfants sont les plus touchés.

Le pédiatre précise même que l’année dernière de septembre à octobre, ses différentes unités de prise en charge des enfants pouvaient enregistrer certains jours entre 8 à 9 décès. évoquant les statistiques de cette année, il pousse un ouf de soulagement. « Nous n’avons pas encore enregistré d’afflux massif. Nous n’avons pas atteint de chiffres élevés d’admission en hospitalisation pour cause de paludisme », explique le grand maître. Mais il s’empresse de préciser qu’il faut s’attendre à une augmentation des cas à partir du mois de septembre. Le chef du département de pédiatrie estime que les cas de décès peuvent diminuer, si les parents évitent les retards dans la référence, autrement dit, s’ils n’attendent pas que les enfants développent des tableaux compliqués avant de les amener à l’hôpital.

Notre interlocuteur remet sur le tapis la problématique de la disponibilité du sang en quantité suffisante pour les enfants en nécessité de transfusion sanguine. Pour lui, il est clair que l’insuffisance de sang disponible contribue à l’augmentation du nombre de décès chez les malades ayant un accès palustre.

Pr Boubacar Togo explique que le paludisme entraîne une anémie sévère qui nécessite une transfusion sanguine, c’est-à-dire qu’il faut administrer des poches de sang. « L’année dernière, nous avons enregistré beaucoup de décès faute de ce précieux liquide vital, indique le pédiatre qui en appelle au don volontaire de sang, donc à un acte de générosité mais surtout de solidarité avec ceux qui sont en nécessité de transfusion sanguine. Il ne faut pas attendre le dernier moment pour chercher du sang. « Si on a les stocks à l’avance, on aura une chance de sauver des vies », prévient le praticien.

Notre cadre de vie, marqué par un environnement pollué d’eaux usées, favorise la prolifération des moustiques. L’adoption rigoureuse des mesures préventives s’impose à tous, selon lui, pour préserver notre santé. Il conseille de fermer les fenêtres et les portes de la maison avec une grille (moustiquaire). La pulvérisation des domiciles est aussi un moyen efficace de protection contre le paludisme, soutient le médecin spécialiste des maladies des enfants.

Le Pr Togo invite les parents à recourir aux spécialistes avant que la maladie ne s’aggrave chez les enfants de la tranche d’âge de 0 à 5 ans et les adolescents de 12 à 13 ans. « On a vu ces dernières années que les adolescents sont autant vulnérables que les enfants de 4 à 5 ans ». Il faut donc consulter rapidement les médecins en présence de fièvre et de vomissements.

Mohamed D. DIAWARA

Source: Essor
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L’Essor N° 17187 du 17/5/2012

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