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International

Niger: le point sur la situation au Sahel après l’assassinat de six ressortissants français
Publié le lundi 10 aout 2020  |  rtbf
Mali:
© AP par DR
Mali: Le groupe islamiste Ansar Dine libère l`otage suisse Béatrice Stockly
24 avril 2012.Tombouctou.Mali. A un point de rendez-vous dans le désert de Tombouctou,les combattants de Ansar Dine montent la garde au moment de la libération de Béatrice Stockly enlevée le 15 avril dernier dans le nord du Mali
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Huit personnes, deux Nigériens et six Français comprenant des salariés de l’ONG Acted, ont été tuées dimanche par des hommes armés dans la zone de Kouré (sud-ouest du Niger) lors d’une excursion touristique. Cette vaste zone d’Afrique de l’Ouest est le théâtre depuis plusieurs années de violences, qui n’ont pas cessé avec la présence militaire française.


Présence française incontournable
Emmanuel Macron a dénoncé dimanche soir "l’attaque meurtrière qui a lâchement frappé un groupe de travailleurs humanitaires" et affirmé que "tous les moyens" seront mis en œuvre pour "élucider" les circonstances de cet "attentat". La France est un acteur incontournable de la région. Présente au Mali depuis janvier 2013 et l’opération Serval, lancée à la demande du gouvernement malien de soutenir son armée à repousser une offensive de groupes armés islamistes. Cette opération a permis de libérer plusieurs villes qui étaient aux mains des islamistes, dont la cité mythique de Tombouctou.

Le G5 Sahel
Cette opération s’est arrêtée en 2014, une fois les objectifs de l’opération Serval remplis (protection de la capitale du Mali, Bamako, et libération des villes prises par les islamistes). Afin d’essayer de maintenir la sécurité dans la région, 5 pays du Sahel – la Mauritanie, le Tchad, le Burkina Faso, le Niger et le Mali – se sont réunis dans un cadre institutionnel, le G5 Sahel.

L’opération Barkhane
Dans le même temps, et afin d’aider le G5 Sahel a remplir ses objectifs en matière de défense et de sécurité entre les états membres, l’Armée française va se redéployer dans la région, cette fois dans les cinq pays de la zone sahélo-saharienne et mettre sur pied l’opération Barkhane. Ce sera le plus important déploiement français en opération extérieure, mobilisant jusqu’à 4500 soldats français. Son but : la lutte contre les groupes armés djihadistes dans toute la région du Sahel.

Caroline Roussy, géopolitologue et chercheuse à l’IRIS (Institut de Relations Internationales et Stratégiques, Paris), précise : "Le but de l’opération Barkhane est avant tout de sécuriser le Sahel. Les pays qui le composent ont vraiment peur de la propagation de l’insécurité vers les pays côtiers, et ont des frontières extrêmement poreuses, favorisant les déplacements de groupes armés et les trafics en tout genre. On utilise d’ailleurs le mot 'djihadiste' comme un mot fourre-tout, car ce sont avant tout des djihadistes opportunistes, qui ne pratiquent le terrorisme que pour des raisons économiques ou d’influence".

Un sentiment anti français bien présent
D’après Caroline Roussy, en l’absence de revendication, aucun élément actuel ne permet de valider une quelconque thèse terroriste concernant l’attaque de ce dimanche. Par contre le sentiment anti français est bel et bien présent : "Il y a clairement une situation 'dégagiste', la population commence à en avoir marre de la présence française, ce qui pourrait expliquer certains actes violents".


Suffisant pour expliquer ces assassinats ? Pour Thomas Gomart, directeur de l’Institut français des relations internationales, il s’agit plutôt de représailles contre l'efficacité militaire française. C’est ce qu’il expliquait ce matin chez nos confrères de France Inter : "Il ne s’agit pas d’une déstabilisation du Niger mais plutôt le fait que Barkhane marque des coups et provoque par effet retour des tentatives de groupes armés de montrer qu’ils sont encore actifs".

Une situation presque inchangée depuis sept ans
Un avis que ne partage pas Caroline Roussy, pour qui la situation n’a guère changé en sept ans de présence française au Sahel : "On peut parler d’échec. Malgré le nombre croissant de soldats français déployés, la situation est presque identique, et tellement complexe qu’on n’en voit pas l’issue, sans parler des militaires tués en opération". 48 militaires français sont en effet morts en opération au Sahel depuis 2013, dont 13 lors d’un accident d’hélicoptère en novembre 2019.

De quoi reposer tôt ou tard la question de la présence militaire française dans la région.

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