Les nominations faites le jeudi dernier, à la faveur du Conseil des ministres, au Ministère de la Justice sont très explicites, en ce que le ministre Me KassoumTapo, est rentré uniquement dans le gouvernement restreint pour assurer les arrières de celui qui l’a désigné.
En effet, le Secrétaire général nommé au ministère de la Justice est un professeur de Droit, très novice dans le fonctionnement de la Justice.
Dr. Abraham Bengaly, puisque c’est de lui qu’il s’agit, serait un pion pour le régime afin de mieux faire disparaître les dossiers concernant des proches et des membres de la famille. Pour qui connaît le département de la Justice, le poste de Segal reste la cheville ouvrière, donc mettre quelqu’un qui serait assujetti au régime permettra de mettre sous silence certaines affaires sulfureuses mais aussi tenter de ballonner la justice pour la mettre aux ordres.
Plus éloquent encore, la nomination de Boya Dembélé comme Procureur Général (PG) de la Cour Suprême. Celui-ci étant le beau fils du ministre Tapo, donc serait prêt à tous pour trahir ses propres collègues. Son passage sous Me Bathily, ministre de la Justice est l’illustration parfaite. Boya Dembélé est d’ailleurs à la base de tous les déboires entre ce dernier et les magistrats. Prêt à tous pour se faire une place au soleil. Sinon comment comprendre qu’à la Cour suprême, actuellement il y a des magistrats chevronnés, dont certains ont même formé Boya. La justice aux ordres et c’est très bien parti pour Tapo !!!
Déjà, l’Association Malienne des Procureurs et Poursuivants (AMPP) dans une lettre, en date du 10 Août 2020, désapprouve toute nomination à des postes de responsabilités dans le secteur de la Justice, fondée sur des considérations autres, que celles tenant au mérite, à la compétence, à l’expérience et la qualité professionnelle.
Pour cette raison, l’AMPP juge comme contraire, tant au Statut de la Magistrature, qu’aux lignes directrices et règles universelles sus évoquées « l’imposition d’un magistrat non méritant, voire un néophyte du ministère public, à la tête du parquet de la Cour Suprême, au mépris des observations pertinentes du Conseil de la Magistrature, aux seules fins abjectes d’organiser l’impunité des prédateurs de l’économie, convaincus de malversation financières et de détournements de deniers publics ». Et l’AMPP de poursuivre : «Au vu de ce cafouillage heurtant l’éthique et la morale, et n’ayant autre but que d’organiser le dysfonctionnement de la Justice, pour les besoins d’une cause manifestement illicite et d’une entreprise profondément immorale, suspend toute collaboration avec le Ministre de la Justice entrant et de son cabinet jusqu’à nouvel ordre ».
En attendant, on ne sera pas surpris dans les prochains jours ou mois de voir un climat de défiance entre le ministre Tapo et les magistrats. Mais aussi une mutation en vu de placer à des postes importants, ceux qui seront prêts à tout pour aider le régime moyennant des promotions.