La première tranche du Fonds Covid-19 est tombée la semaine dernière et tous les acteurs du football national ont reçu leur part du gâteau. Tous, sauf les équipes féminines qui n’ont pas été prises en compte par la Femafoot. Une décision incompréhensible et inexplicable
Il y a quelques semaines, le président de la Fédération malienne de football (Femafoot), Mamoutou Touré «Bavieux» avait confié au sujet du Fonds Covid-19 FIFA : «Le Fonds Covid-19 FIFA est une aide destinée à l’ensemble des acteurs du football. Le comité exécutif de la fédération rassure tout le monde, quand l’argent va tomber, chacun aura sa part, conformément aux recommandations de la FIFA.
Tout le monde sera informé de la clé de répartition de l’argent». Le premier responsable du football national a tenu promesse : lundi, il a rencontré la presse pour annoncer l’arrivée du Fonds Covid-19 FIFA (environ 272 millions de Fcfa) et en même temps préciser la clé de répartition. Les clubs de première division, les ligues, les arbitres, les entraîneurs, les médecins de sport, les supporters, la presse sportive, le ministère de la Jeunesse et des Sports, tous les acteurs du football national se sont vus gracieusement remettre un chèque. Tous sauf les acteurs du football féminin. Pas un seul sous n’a été prévu pour le monde du football féminin, alors que les 23 clubs masculins évoluant dans l’élite ont reçu, chacun, la coquette somme de 8 millions de Fcfa, contre 7 millions pour les arbitres.
La décision de l’instance dirigeante du football national d’écarter les équipes féminines de la liste des bénéficiaires de l’aide de la FIFA est d’autant surprenante que lors de la cérémonie de remise de kits sanitaires et d’équipements aux clubs féminins qui s’était déroulée 72h plus tôt au siège de la fédération, Mamoutou Touré «Bavieux» s’était glorifié des résultats de nos footballeuses, affirmant que «le football féminin est une fierté pour notre pays». «Partout où nos équipes féminines ont joué, elles ont donné le meilleur d’elles-mêmes et porté haut le drapeau national. Nous souhaitons que notre football féminin soit au sommet de l’Afrique. Vous méritez ces équipements» (jeux de maillot et ballons, ndlr) avait-il insisté. Comment peut-on comprendre que 72h seulement après cette déclaration, le monde du football féminin soit superbement ignoré par ce même Bavieux Touré qui n’a pas eu un mot pour les footballeuses lors de sa rencontre avec la presse. En tout cas, après l’annonce de la répartition de la première tranche du Fonds Covid-19 FIFA, les réactions d’indignation ont été nombreuses notamment sur les réseaux sociaux.
Un président de club a confié sous anonymat : «Il y a trop de non-dits dans cette affaire (clé de répartition de l’argent, ndlr). Tout porte à croire que la décision a été prise par deux à trois personnes. Nous sommes très déçus du comportement du comité exécutif de la Femafoot, même si nous savons que tout le bureau n’a pas été associé à cette décision».
Le comité exécutif de la fédération pourra toujours dire qu’il reste la deuxième tranche et que le football féminin aura sa part comme tous les autres acteurs. Mais comment le bureau va-t-il justifier par exemple le fait de privilégier le ministère de la Jeunesse et des Sports par rapport aux acteurs du football féminin ? L’instance dirigeante du football national a-t-elle oublié que depuis plusieurs années la politique de développement du ballon rond de la FIFA est basée sur la formation à la base et la promotion du football féminin ? A-t-elle oublié ce que l’ancien président de l’instance suprême du football mondial, le Suisse Sepp Blatter martelait à qui voulait l’entendre, à savoir que «l’avenir du football, c’est le football féminin» ? Voilà autant de questions que l’on peut poser au président Bavieux Touré et à son équipe, après cet oubli fâcheux pour ne pas dire, ce manque de considération pour le football féminin du pays.
Souleymane B. TOUNKARA
NB: L’Union nationale des anciens footballeurs du Mali (UNAFOM) n’a également pas bénéficié du Fonds Covid-19 FIFA.