Ils avaient passé la nuit sur place dans une ambiance de fête
Après le meeting de mardi dernier organisé par les responsables du Mouvement du 5 Juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), certains manifestants ont décidé de passer la nuit à la place de l’Indépendance comme «gardiens du temple» de la démocratie. Ils ont posé des barricades aux quatre voies qui convergent vers le rond-point de la place de l’Indépendance afin d’empêcher la circulation. Informées, les forces de maintien d’ordre sont intervenues hier vers 6 heures pour les disperser à coups de gaz lacrymogènes.
«Ils sont venus avec trois pickup et un gros véhicule qui poussait les murs en béton gaillardement mis au travers des voies. Ils ont également commencé à jeter des gaz lacrymogènes et la foule s’est dispersée», témoigne Abdoulaye Coulibaly, agent à l’Institut national de prévoyance sociale (INPS) situé non loin de la place de l’Indépendance. À la question de savoir si son service continuait à fonctionner mercredi, il a répondu: «Oui, il y a du travail. Certains agents sont là, d’autres ne sont pas venus».
Notre interlocuteur expliquera l’absence de nombre de ses collègues par les accrochages entre forces de l’ordre et manifestants.
En effet, l’énorme fumée dégagée par les projectiles a envahi tout le secteur. «Ils ne sont pas absents à cause des manifestants, mais ils sont plutôt soucieux de leur propre sécurité», précise-t-il. Un autre passant a soutenu que beaucoup de nos compatriotes prennent comme prétexte les mouvements du M5-RFP pour ne pas se rendre au travail.
Noël Dramé, agent de la société de gardiennage qui était bien en poste devant l’Institut français a, lui aussi, confirmé que les manifestants ont commencé tôt le matin à barrer les voies menant à la place de l’Indépendance afin de bloquer la circulation. Devant ce spectacle désolant, certains citoyens ont voulu retourner à la maison. Mais l’arrivée des forces de maintien d’ordre a permis de libérer les lieux. À en croire Noël Dramé, les agents de l’Institut français étaient à leur lieu de travail.
La Banque internationale pour le Mali (BIM), qui fait face à l’Institut français, a ouvert ses portes à 9 heures au lieu de 7 heures comme d’ordinaire.
«Nous n’avons pas voulu ouvrir à l’heure habituelle à cause des bruits des manifestants», selon Fatoumata Koné, agent de sécurité de l’établissement financier. «Tout se passe bien après la dispersion des manifestants par les forces de l’ordre», s’est-elle réjouie.
Au siège d’Ecobank, les travailleurs étaient également sur place. Mais, les clients ne pouvaient pas y entrer par mesure de sécurité. «Les travailleurs peuvent entrer, mais les clients sont priés d’aller dans les agences», a fait savoir un vigile. Au Haut conseil des collectivités, le sergent Souleymane Sidibé, chef de poste permanent, a confirmé la présence des travailleurs. Ce, malgré les dégâts que l’institution a subis il y a quelques semaines.