L’envoyé spécial de l’organisation sous-régionale, Goodluck Jonathan, multiplie les rencontres afin de relancer le dialogue. Le M5-RFP pose des conditions pour une rencontre avec le président de la République
Depuis lundi, Goodluck Jonathan, médiateur de la Cedeao dans la crise sociopolitique que traverse notre pays est de retour à Bamako pour poursuivre sa mission. Après avoir assisté à la prestation de serment des nouveaux membres de la Cour constitutionnelle, l’émissaire de l’organisation sous-régionale a eu un entretien avec l’imam Mahmoud Dicko. Mercredi, il s’est rendu à Nioro du Sahel où il a échangé avec le chérif M’Bouillé Haïdara.
Hier dans la matinée, Goodluck Jonathan a rencontré une délégation de la majorité présidentielle. Aux termes des échanges, le président de l’ARP (Action républicaine pour le progrès), Tiéman Hubert Coulibaly, a informé que le médiateur a fait le point de la situation des efforts fournis par son équipe pour aider les parties maliennes à trouver une solution durable. «Il nous a fait part de ses rencontres avec le M5. Nous lui avons fait part, de notre côté, des efforts que nous avons réalisés pour la production d’un projet de document qui pourrait être une feuille de route pour la sortie de crise», a confié le leader politique. Avant d’informer que ce document n’est pas encore rendu public. «Nous pensons que lors de sa prochaine rencontre avec le Premier ministre, celui-ci lui remettra ce document», a annoncé Tiéman Hubert Coulibaly. Le président de l’ARP a, par ailleurs, indiqué que le médiateur de la Cedeao a donné beaucoup d’avis notamment sur la nécessaire cohérence de l’ensemble des forces politiques (majorité ou opposition), afin de mieux concentrer les efforts pour le bénéfice de la paix.
Après la majorité présidentielle, le médiateur de la Cedeao et sa délégation ont mis le cap sur Banconi en Commune I où ils ont rencontré Ousmane Chérif Madani Haïdara, président du Haut conseil islamique du Mali. De retour de cette rencontre, il a reçu à son hôtel deux émissaires du M5-RFP, à savoir Me Mountaga Tall et Souleymane Koné.
À l’issue de la rencontre, Me Mountaga Tall a rappelé qu’avant cette rencontre, l’émissaire de la Cedeao les avait déjà reçus la veille pour leur demander d’accepter d’avoir une rencontre avec le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta. «Nous lui avons rappelé que nous sommes des Maliens imbus de la culture malienne et que nous savons que le dialogue est une des vertus cardinales de notre peuple et de notre pays…», a indiqué Me Mountaga Tall. «Mais nous lui avons aussitôt demandé de comprendre que nous avons un certain nombre de questions, de difficultés majeures qui ne nous permettent pas aujourd’hui de rentrer dans une logique de négociations et de discussions», a-t-il expliqué.
Pour le leader politique, la première de ces difficultés porte sur le constat d’une logique de répression policière et de jugement expéditif qui fait aujourd’hui qu’il y a de nombreux détenus politiques en leurs rangs. «Nous ne pouvons pas aujourd’hui nous inscrire dans cette logique sans obtenir non pas une liberté provisoire pour eux mais une liberté totale et définitive parce que nous avons la conviction qu’ils n’ont commis aucun délit», a laissé entendre Me Tall. La deuxième chose qu’il a évoquée est qu’ils ont entendu lors du sommet extraordinaire des chefs d’État de la Cedeao, «Ibrahim Boubacar Keïta tenir des propos extrêmement graves sur la situation qui prévaut dans notre pays».
Pour Mountaga Tall, le minimum qu’ils attendent avant toute discussion, «ce sont des excuses en bonne et due forme…». D’après lui, la troisième chose est qu’il y a eu des tueries dans notre pays et jusqu’à ce jour, aucun responsable n’a été indexé. À cet effet, Me Tall croit qu’une enquête administrative pourrait permettre de situer les responsabilités et de mettre les auteurs, les commanditaires et les complices à la disposition de la justice. La quatrième difficulté que les émissaires du M5 disent avoir signalée à Goodluck Jonathan, selon Me Tall, est qu’il leur est absolument difficile de rencontrer le président de la République pour discuter d’autres choses que des «conditions de son départ». «Nous le verrons pour qu’ensemble, on discute de ce qu’il convient de faire pour que le Mali ne tombe pas dans le chaos», a-t-il conclu.