Pour avoir tenté de détourner de sa vocation un espace vert situé en face de sa résidence, dans le quartier Kabala-Est, Mamadou Traoré est sommé par la mairie et les riverains dudit espace de démolir les réalisations sur le terrain.
« Je n’ai pas forcément respecté le cahier de charges de l’autorisation qui m’a été donnée », se justifie l’ancien candidat malheureux à la présidentielle de 2018, Mamadou Y. Traoré. D’un air un peu surpris, la voix hésitante et visiblement mal à l’aise dans son bureau, l’homme tente de se dédouaner dans le bras de fer qui l’oppose à ses voisins et à la mairie de la commune rurale de Kalaban-coro au sujet d’un espace vert, en face de sa résidence.
En effet, il est accusé par ses voisins de vouloir faire main basse sur la parcelle qui sert de lieu de loisirs aux résidents du quartier. Sur le terrain, le constat est sans appel. M. Traoré a réalisé une clôture en béton, d’une hauteur d’environ deux mètres, supplantée par une autre clôture en fer, avec un lourd portail en métallique. Il a aussi supprimé une rue entre sa résidence et l’espace vert en question.
Pour sa défense, il : « Le quartier est infesté de bandits et de délinquants. J’ai décidé d’aménager l’espace pour deux raisons : d’abord pour ma sécurité. Ensuite, pour embellir le quartier. Vous savez, chaque matin, on se réveille avec des nouvelles de vol ou d’assassinat dans le quartier. » Et notre interlocuteur d’ajouter qu’il a introduit une demande d’aménagement de l’espace vert, et que la mairie le lui a été accordé sous le n°2020-019/M-CRM en date du 19 mai 2020. Aux termes de l’autorisation signée des mains du premier adjoint au maire, Hamala Sidibé, Mamadou Traoré est autorisé à aménager l’espace en installant un panneau d’indication de 1m/2m devant ledit espace vert, faisant ressortir le caractère public de l’espace ; de construire trois à quatre rangés en agglos et le reste en grillage ; et de laisser quatre entrées. Le document exige de lui le respect strict des dispositions légales et réglementaires en la matière. Et aussi de s’abstenir d’utiliser l’espace pour des raisons autres que l’utilité publique ou celle formulée dans la demande d’autorisation.
Mamadou Traoré affirme n’avoir pas forcément respecté ce cahier de charges, confortant ainsi la thèse du maire et des riverains qui l’accusent de vouloir accaparer l’espace vert à son profit. L’ancien prétendant à la gouvernance des 20 millions de Maliens va jusqu’à soutenir qu’il ignore les dispositions du Code domanial et foncier en République du Mali.
Il se dit être victime de règlement de comptes politiques orchestré par le maire qui soutiendrait ses détracteurs. Pour lui, ce dernier, depuis sa sortie de prison, tente d’annuler toutes les décisions prises par son adjoint en son absence. En cela, il fait allusion à une lettre à lui adressée par le maire Tiécoura Hamadoun Diarra, l’informant de l’annulation pure et simple de l’autorisation d’aménagement qui lui avait été décernée par le maire intérimaire. Et pour cause, l’élu motive sa lettre par le fait qu’il a été saisi de plusieurs plaintes des riverains au sujet de cet espace vert. Dans cette lettre en date du 17 juillet 2020, le M. Diarra informe l’ex-candidat Traoré qu’il est revenu de constater que ce dernier n’a pas respecté les termes de l’autorisation d’aménagement de l’espace vert qui lui a été délivrée. Qu’il ressort d’une visite des lieux par ses services techniques ce qui suit : l’espace est clôturé par un mur d’une hauteur de 1,2 à 2 mètres environ ; la rue est construite et annexée à l’espace et à la concession de Mamadou Traoré ; que du fait de cette construction, il y a eu dès les premières pluies l’inondation des voisins ; que ces voisins se sont plaints à la mairie de cette inondation.
Et en conséquence, pour des raisons d’utilité publique, ladite autorisation d’aménagement est annulée. Et le maire de l’inviter à libérer la rue qu’il occupe et de démolir les réalisations faites sur l’espace vert.
Partant, les jeunes, organisés en association, n’entendent pas lâcher l’affaire. L’accusé, lui, campe sur ses positions et pense qu’il est dans une démarche humanitaire. Mais, il ne s’empêche pas d’accuser les jeunes de transformer l’espace vert en un lieu de débauche et de mettre sa sécurité et celle de sa famille en danger.
A en croire le maire, si l’homme, qui aurait déjà tenté de l’intimider en faisant allusion à son rapprochement avec le président de la République, ne s’exécute pas, il se réserve le droit de saisir le Procureur pour procéder à la démolition forcée des ouvrages réalisés. Et pourtant, il est supposé être un intellectuel de haut niveau, le président du parti politique ‘’Union’’ et aussi un entrepreneur très prolifique.
Affaire à suivre.
Harber MAIGA