Le président Ibrahim Boubacar Keïta est parvenu avec ses multiples audiences accordées à l’Union nationale des travailleurs du Mali à contenir jusqu’ici les ardeurs de celle-ci à ne pas rejoindre le mouvement de contestation qui demande son départ de Koulouba. Sa crainte: il ne veut pas que l’histoire de 1991 se répète.
Jusqu’à présent, la position ambiguë de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) profite à Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) dans le bras de fer qui l’oppose au Mouvement du 5 juin- Rassemblement des Forces patriotiques (M5- RFP). Contesté par ce mouvement populaire au sein duquel on retrouve partis politiques, associations, syndicats, le président malien, en plus du soutien de la communauté internationale, est en train de caresser la première centrale syndicale du pays dans le sens du poil afin que celle-ci ne regagne pas le rang des contestataires qui réclament son départ du palais doré de Koulouba.
‘‘Chat échaudé craint l’eau froide’’, dit un proverbe. Acteur du Mouvement démocratique qui a eu raison du régime Moussa Traoré le 26 mars 1991, le président IBK, historien de son État, sorti de la prestigieuse université de Sorbonne, dit-on, a certainement une mémoire d’éléphant malgré sa phrase célèbre: «Je ne suis pas au courant…». Il sait pertinemment le rôle que l’UNTM a joué dans la chute du général Traoré qui avait juré de faire descendre la couronne d’enfer sur la tête des Maliens. Et pour que l’histoire ne se répète pas, il courtise l’Union nationale des travailleurs du Mali pour que celle-ci ne soit pas du côté des femmes et des hommes qui souhaitent son départ de Koulouba à cause de sa mauvaise gouvernance depuis qu’il a pris les rênes du pouvoir, en 2013. En l’espace de deux (02) mois, le président IBK vient de recevoir la première centrale syndicale du Mali pour la troisième fois consécutive. La première, c’était avec les autres forces vives de la nation suite aux manifestations du M5-RFP, la deuxième, sans les caméras de l’ORTM, eut lieu après l’accord signé entre le gouvernement et les syndicats d’enseignants sur l’article 39 et la troisième audience s’est déroulée, vendredi le 14 août courant à Koulouba.
Selon des sources concordantes, la deuxième rencontre a failli tourner au vinaigre. L’UNTM aurait manifesté son mécontentement suite à l’accord sur l’article 39. Elle aurait, selon nos sources, informé le président Ibrahim Boubacar Keïta du dépôt d’un préavis pour une harmonisation des salaires de tous les travailleurs du Mali. Séance tenante, toujours selon nos sources, le chef de l’Etat malien aurait demandé aux responsables de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) de surseoir à leur grève, promettant à ceux-ci l’organisation d’une conférence sociale au cours de laquelle l’harmonisation des salaires sera chose faite. Satisfaits de cette annonce présidentielle, ils ont quitté le palais le sourire aux lèvres.
Mais à la grande surprise de l’opinion nationale malienne, le bureau de l’UNTM, avec à sa tête son secrétaire général, Yacouba Katilé, a été reçu à Kouboula par le président IBK. C’était vendredi le 14 août. Il était toujours question, selon le premier responsable de l’UNTM, de revendications de la centrale syndicale. À sa sortie d’audience, le secrétaire général de l’UNTM, au micro de nos confrères de l’ORM déclara: ‘‘L’UNTM a adopté une position centriste’’.
Comment peut- on faire une telle déclaration à un moment où le travailleur malien, ne sachant plus à quel saint se vouer, croule sous le poids de la cherté de la vie. Il souffre de la corruption généralisée des cadres de l’administration civile et militaire. Il nous revient de dire que Yacouba Katilé vient de sacrifier les intérêts des travailleurs sur l’autel d’une compromission avec le président IBK qui se bat comme un beau diable pour que l’UNTM ne regagne pas la contestation du 5 juin. Il est bon de rappeler aux responsables syndicaux que c’est l’avenir du Mali qui se joue et non d’un homme qui n’a cure des problèmes du Mali.
Il est aujourd’hui du devoir de tous les Maliens épris de paix, de justice sociale, de préservation de la cohésion sociale et de l’unité nationale de conjuguer leurs efforts pour sauver le Mali du péril Ibrahim Boubacar Keïta, un président qui n’a montré aucune capacité à gérer les affaires publiques et de sa bande de voleurs.